Rwanda, vertes collines, casques bleus et œuvre au noir...

Publié le 23/04/2024
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Avril 1994. Trente années se sont écoulées depuis le début du massacre des Tutsies par les Hutus au Rwanda. Un génocide de plus dans ce XXe siècle qui en compta tant, et pas le dernier, les Balkans attendaient leur heure. Un million de morts, des millions de blessés, de femmes violées, d’enfants traumatisés à vie, de mutilés, de déplacés, sous le regard des forces de l’ONU dépourvues de mandat pour intervenir. Des meutes d’assassins hutus, chauffés à blanc par Radio Mille Collines, par des prédicateurs de haine, descendirent des collines pour tuer les inyenzi, « les cafards » tutsies, leurs voisins, leurs amis, parfois des membres de leur famille. Cette immense boucherie aurait pu être arrêtée rapidement si de complaisants gouvernements, dont la France, n’avaient pas fermé les yeux sur les tueries en cours, n’avaient pas, parfois, fourni les armes des génocidaires.

 

Il aura fallu vingt-cinq ans à Dominique Sigaud, grand reporter, écrivaine, témoin de ce génocide pour parvenir à se replonger dans ses notes de l’époque. Vingt-cinq années d’amnésie traumatique avant d’affronter ses propres démons et d’en triompher en mettant en mots ses blessures invisibles. Il n’est jamais trop tard. Du courage déployé pour regarder au fond des yeux les fantômes de Bisesero est né son dernier livre, PERDRE LA MAIN, paru aux éditions Globe. Un témoignage terrible sur une réalité insoutenable, mais également une introspection sans concession de ses propres traumatismes résiduels. Un récit superbement écrit, déchirant qui jamais ne tombe dans la description morbide, ni, malgré la tragédie en cours, ne perd son esprit profondément humaniste. 

 

Bonne écoute !

 

Le Livre

 

PERDRE LA MAIN – Dominique Sigaud – Éditions Globe

 

L’autrice

 

Grand reporter, écrivaine, essayiste, Dominique Sigaud est lauréate du prix AFJ 1996 pour son travail sur le Rwanda, du Grand Prix de la SGDL 2018 pour l’ensemble de son œuvre et du Prix Livre et Droits Humains pour La Malédiction d’être fille (Albin Michel, 2019). Elle a publié récits et essais chez Gallimard, Actes Sud ou Verdier, souvent inspirés de son expérience sur le terrain.