Les goélands ne sont pas si méchants, apprenons à cohabiter avec eux

Publié le 11/04/2024
Il n'y a pas d'image pour ce contenu

Bretagne vivante nous raconte la vie trépidante des goélands, de plus en plus citadins et de moins en moins appréciés, alors que leur population se réduit. Bernard Cadiou nous réconcilie avec ces oiseaux marins typiques de nos côtes... et de nos villes. 

Le site internet de Bretagne vivante 

On les reconnait à la tache rouge sur leur bec jaune, qui les différencie des mouettes. Les goélands bretons se répartissent en trois espèces : argenté, brun et marin. Longtemps ils ont fait rêver, comme en témoignait le livre (1970) puis le film (1973) Jonathan Livingstone le goéland ; de nos jours, ils sont plutôt mal perçus, mais c'est entièrement de notre faute.

Des oiseaux marins omnivores mais opportunistes 

Au départ, les trois espèces de goélands sont bel et bien des oiseaux de mer qui se nourrissent sur le littoral, plutôt comme des charognards, de moules, huitres, étoiles de mer, etc. Ils sont omnivores donc peuvent aussi manger des graines (maïs dans les champs), des vers de terre (ils tapotent le sol avec leurs pattes pour imiter la pluie et les faire sortir), et surtout, ils ont appris à dévorer nos déchets. Certains migrent, d'autres non. Le goéland brun descend jusqu'en Afrique, mais de plus en plus restent en hiver en Bretagne. À l'origine, la reproduction avait lieu sur des îlots mais là encore, les choses ont changé.

Quand les décharges à ciel ouvert ont connu leur apogée, les goélands se sont peu à peu dirigés vers l'intérieur des terres. Ils apprécient aussi bien nos poubelles que les déchets de la pêche industrielle. Progressivement, les goélands se sont mis à nicher aussi sur nos bâtiments urbains, à toit plat de préférence ; comme ils reviennent au même endroit d'une année sur l'autre, ils rehaussent leur nid qui peut atteindre un mètre de hauteur ! 

Vers 4 ans, le goéland commence à se reproduire, une fois par an, au printemps, (3 œufs par couple) et ainsi de suite pendant les 10 années (voire plus) qu'il lui reste à vivre.  Le goéland des îles réussit à élever 6 jeunes pour 10 couples ; mais pour le goéland des villes le ratio atteint 14 jeunes élevés par 10 couples. 

Des effectifs en déclin, mais davantage de goélands en ville

Pourtant, les effectifs globaux de goélands sont aujourd'hui en déclin. Les décharges à ciel ouvert ont disparu, les pratiques de pêche industrielle ont changé. Le déclin majeur concerne surtout les oiseaux du littoral (les 2/3). En revanche, le tiers des goélands urbains se porte plutôt mieux. Les comportements changent, les goélands des villes restent plus longtemps sur leurs toits, gardent leurs jeunes auprès d'eux plus longtemps. On en connait de voleurs qui s'en prennent aux assiettes des humains ou aux comptoirs des fast-food (on ignore pour l'instant l'impact de cette alimentation sur leurs santé).

La cohabitation en ville avec les goélands est parfois délicate : fientes sur les voitures ou façades, bruits à toute heure, écoulement des eaux de toiture gêné par les nids... Certaines villes obtiennent des dérogations pour réguler les populations (les goélands sont protégés) car les oiseaux n'ont pas de prédateurs en milieu urbain. On a tenté d'étouffer les œufs en les aspergeant d'huile. Mais l'effet a juste été de déplacer les nids vers la ville voisine. 

A Granville, la stratégie est différente. Elle passe par un comité citoyen et de l'information, de la sensibilisation pour une meilleure cohabitation humains/oiseaux, sans oublier des modifications architecturales pour éviter les surfaces plates où pourraient s'implanter des nids.