Les jeunes et le suicide expliqués par le Groupe d'entraide mutuelle de Quimper

Publié le 06/05/2024
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Le Groupe d'entraide mutuelle de Quimper - GEM L'envol - revient sur le suicide et les jeunes en Bretagne : état des lieux, causes, prévention. 

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Le numéro d'urgence prévention suicide : 31 14 

D'autres ressources en ligne en cas de crise suicidaire

Un rapport du CESER Bretagne (2023) sur la santé mentale des jeunes en Bretagne

La Bretagne reste la région française la plus touchée par le suicide, qui est aussi la la deuxième cause de décès chez les 15-24 ans, après les accidents de transport. On manque de données récentes à l'échelle locale sur la santé mentale des jeunes, mais celles dont on dispose confirment une tendance générale à la dégradation de la santé mentale des jeunes depuis 2020 et la pandémie de Covid. Une publication de l’Observatoire régional de la santé en Bretagne (ORSB) datant de février 2022 constate « une augmentation du nombre moyen de passages aux urgences en 2021 par rapport aux années précédentes pour gestes suicidaires chez les 11-17 ans et pour troubles de l’humeur chez les moins de 18 ans ». 

Le suicide, une réalité complexe, pas forcément liée aux maladies psychiques 

Les chiffres sont difficiles à isoler et les situations sont complexes et très diverses. Ainsi, les hospitalisations pour tentatives de suicide concernent davantage la classe d'âge des 10-19 ans chez lez femmes et celle des 30-39 ans chez les hommes. 

Il faut aussi distinguer les termes : "suicidaire" qui qualifie des comportements (et non pas des gens), "suicidant" qui désigne des personnes qui tentent ou ont tenté de se suicider et "suicidé", une personne décédée du suicide.  

Le passage à l'acte suicidaire peut avoir de multiples causes, pas forcément liées à une pathologie psychiatrique. Le harcèlement moral, récemment mis en évidence via les réseaux sociaux fait partie des causes "externes" des gestes suicidaires, en hausse en particulier chez les plus jeunes. Burn out professionnel, rupture sentimentale, deuil, enchaînement d'accidents ou de problèmes financiers, usages d'alcool ou de drogues peuvent conduire les personnes à souhaiter mettre fin à leurs jours sans qu'il y ait pour autant de maladie psychique associée. 

Suicide et maladie psychique : de nets progrès en prévention secondaire

La prévention secondaire consiste à prévenir le suicide après une (ou plusieurs) tentatives. Elle s'applique particulièrement aux personnes pour qui une maladie psychique a pu être diagnostiquée. 

Les causes psychiatriques du suicide sont quant à elles mieux identifiées et bien mieux traitées désormais qu'autrefois. Denise et Alex*, venus témoigner dans l'émission en sont deux exemples. Denise a fait plusieurs tentatives de suicide entre 13 et 18 ans. Elle avait pourtant de son propre aveu, une vie "normale et heureuse" ; elle était cependant prise de crises brutales qui la poussaient vers la mort, par le biais de médicaments ou en s'ouvrant les veines. Elle a fini par obtenir - difficilement à l'époque - un diagnostic de trouble bipolaire et la prise en charge de sa maladie lui a permis de se rétablir totalement. 

Alex a quant a lui été aussi victime de "raptus suicidaires" (passages à l'acte) ; il souffrait de solitude dès ses 16-17 ans et à partir de 18 ans il a fait plusieurs tentatives de suicide avec des médicaments : "plus rien ne me retenait à la vie". Il était en fait victime d'une dépression et d'une schizophrénie. Lorsque cette dernière a été correctement diagnostiquée et soignée, ses envies de suicide ont totalement disparu. Il lui a fallu accepter de se considérer comme malade et d'accepter un traitement, ce qui ne va pas toujours de soi. 

Un meilleur repérage des maladies psychiques permettrait aussi de prévenir les premiers passage à l'acte (prévention primaire du suicide). Sur ce point, des progrès sont encore à faire. 

C'est un message important : on peut vivre avec des maladies psychiques graves tout en ayant des projets et un bel appétit de vie ; les traitements et le suivi médical mais aussi la pair-aidance (le soutien par les autres personnes concernées par une maladie psychique, par le biais d'associations comme le Gem l'envol) le permettent largement. 

*prénoms modifiés