Pour obtenir son label auprès de l’Unesco, le futur Géopark d’Armorique a dû sélectionner les sites qui seront valorisés pour leur intérêt lié à la géologie. Pour l’instant, 47 « géosites » ont été retenus. Le dossier de candidature déposé en fin d’année 2019 comprendra aussi un volet scientifique autour de deux roches emblématiques du terroir géologique du Finistère : la kersantite et la pierre du Roz (ou de Logonna). 

Cette émission-conférence a été réalisée en direct lors du Festival du centre de la terre de la Maison des minéraux de Crozon, dont la troisième édition a eu lieu les 18 et 19 mai 2019. Avec nous en plateau, Noémie Courant, chargée de mission Géopark au Parc naturel régional d’Armorique, Shona Gravat Hodan, étudiante en Master STU (Sciences de la terre et de l’univers) à l’IUEM et en stage au PNRA où elle participe à l’étude de la kersantite et de la pierre du Roz (prélèvements de terrain et analyse des conditions de formation), et Daniel Sanquer, propriétaire et ex-exploitant d’une carrière de kersantite à L’Hôpital-Camfrout, tailleur de pierre et président de l’association Kersanton Penn ar Bed.. 

Les géosites du futur Géopark d’Armorique 

47 sites d’intérêt ont été sélectionnés pour leur potentiel géo-touristique, avec l’aide notamment des étudiantes de l’UBO Quimper en Licence Pro  » Conception de produits touristiques et valorisation des territoires ». 

Il s’agit de sites naturels intéressants sur un plan scientifique ou de sites du patrimoine culturel et architectural, ou de lieux d’animation géologique. En presqu’île de Crozon, ce sont la pointe de Pen Hir, la plage du Veryac’h, le cap de la Chèvre (falaises et grottes marines), la presqu’île de Roscanvel, le centre et port de Camaret-sur-Mer, le site de la Fraternité (fortifications et four à chaux), la Maison des minéraux de Saint-Hernot, le patrimoine de Landévennec et ses sillons, la plage de l’Aber ou encore les sites paysagers de Lostmarc’h (avec son éperon barré et son menhir) et de Dinan.  

Les autres sites se répartissent sur le territoire du Parc d’Armorique : dans les monts d’Arrée (tourbières du yeun et crêtes de Brasparts, chaos d’Huelgoat), en rade de Brest et Aulne maritime, jusqu’à Plougastel-Daoulas (pointe de l’Armorique) et à Landerneau pour son patrimoine bâti et sculpté. 

Après cet inventaire, place à la médiation et à la communication sur ces sites, avec l’aide des acteurs locaux, de nombreux guides et animateurs qui mettent déjà en valeur le patrimoine géologique par des balades, des sorties sportives, des spectacles, etc. Un fil conducteur et un plan d’interprétation global relieront les géosites retenus et seront associés au dossier de candidature déposé à l’Unesco en novembre 2019. Ce ne sera qu’un début ; de nouveaux sites, de nouvelles activités et actions de médiation pourront s’ajouter au fil des années. Le label Géoparc est lui-même renouvelé tous les 4 ans. 

La kersantite et la pierre du Roz : étude scientifique et valorisation

Du côté des scientifiques, Shona Gravat Hodan participe à l’étude sur les pierres du Roz et de Kersanton ; elle procède à l’échantillonnage, elle examine sur le terrain les filons et leur environnement pour comprendre de quels magmas elles proviennent, comment elles se sont formées, etc.  La concentration de filons se trouve surtout du côté de la rade de Brest mais on en trouve jusqu’à Carhaix ou Scrignac. Les « couloirs de magma » où sont nés ces filons vont de quelques centimètres à plusieurs mètres, voire kilomètres de longueur.
La pierre de Logonna, très décorative, (jaune à volutes brunes ou rouges) est encore exploitée. Celle de Kersanton (gris anthracite) lui a souvent  été associée, en particulier pour la statuaire des églises et calvaires car elle se sculpte très facilement, mais elle n’est plus extraite actuellement. 

En termes de valorisation de ces pierres, il existe des acteurs locaux très actifs comme l’association Kersanton Penn ar Bed qui organise depuis plusieurs années en août « L’été de la pierre ». Cet événement grand public et gratuit a lieu dans les anciennes carrières de kersantite de Daniel Sanquer, fondateur de l’association, propriétaire de la carrière de Rhun Vraz et tailleur de pierre. Il partage sa passion de la pierre de Kersanton avec toutes sortes de publics, y compris les enfants qui peuvent s’essayer à la taille avec les outils qu’il a lui-même fabriqués pour eux ! C’est l’occasion de redécouvrir l’utilisation historique de la pierre de Kersanton, son exploitation autrefois en Finistère et notamment à L‘Hôpital-Camfrout.