Prenons un peu de recul sur l’actualité bouillonnante et foisonnante du moment et faisons un peu d’histoire médiévale. La rumeur pour discréditer son adversaire n’a pas eu besoin de l’existence des réseaux sociaux pour exister. On peut presque dire que pratiquer la rumeur est tout un art… et certains étaient très doués !

On pourrait croire que les fake-news ou les fausses nouvelles sont une constante de notre époque. Visiblement le Moyen Âge n’est pas en reste et c’est ce que nous démontre Yves Coativy, président de la Société archéologique du Finistère et professeur d’histoire médiévale à l’université de Bretagne Occidentale. Si on parle de fausses nouvelles, un nom vient en tête : Philippe le Bel, roi de France entre 1285 et 1314.

Pourtant rumeurs, propagande et opinion publique paraissent être des termes incongrues à l’évocation du Moyen Âge. Sauf si l’on regarde une définition contemporaine de la fausse nouvelle (une information lancée en connaissance de cause par son auteur et qui a vocation à être diffusée dans le champ médiatique, Pascal Froissart), une conclusion s’impose : Philippe le Bel a très certainement maitrisé de main de fer, la chaîne de la désinformation. Le procès des templiers en sera la preuve ultime.

La rumeur et la peur est présente dans une société traversée de crises et de peurs : peur de l’an 1000, de l’arrivée d’une épidémie (un châtiment divin ?), d’un événement météorologique ou astronomique potentiellement annonciateur d’un destin funeste, ou encore la peur du jugement dernier. Ces événements déclenchent l’imaginaire collectif et font naître des représentations stéréotypées, éloignant ainsi la réalité des faits. Les conséquences se feront sentir sur les minorités que l’on peut accuser de tous les maux (les vagues de pestes par exemple). Le ressentiment peut aussi causer des troubles sociaux.