Les vaches pie-noire de la ferme de Kervel dont le lait sera transformé en yaourts, beurre et fromages. 

On peut monter son exploitation agricole seul(e) ou à plusieurs. Quand on travaille à deux ou trois à la ferme, en Gaec ou sous un autre statut, trouver un terrain d’entente à long terme est parfois difficile. Des structures comme le Civam sont là pour accompagner ces aventures collectives, à l’image de la ferme de Kervel à Hanvec.

Retrouvez le réseau rural et paysan Civam du Finistère une fois par mois dans Lem

Le site internet de la ferme de Kervel et la page Facebook de la ferme et SCI de Kervel

Constituer un collectif autour d’un projet comme à Kervel

A Kervel, l’aventure collective a commencé grâce au Civam dont faisaient partie Nicolas Le Meur et Alexis Perrin les deux associés du Gaec (Groupement agricole en exploitation collective, le statut collégial le plus répandu, y compris entre conjoints). Petit à petit, ils ont monté leur projet avec deux autres acteurs importants : Clémence Paillard, boulangère bio et compagne d’Alexis, et Philippe Arnaud l’éleveur cédant de la ferme qui souhaitait transmettre en accompagnant. Son rôle a d’ailleurs été capital dans le lancement de l’activité puisque aucune des deux nouveaux associés n’était issu du milieu agricole. En travaillant ensemble sur un même lieu (y compris à des tâches non agricoles comme la rénovation des bâtiments), ils ont pu mettre à l’épreuve leur entente et leur fonctionnement collectif. L’expérience de Philippe Arnaud a aussi été précieuse, même si lui était éleveur de vaches à viandes alors qu’Alexis et Nicolas se destinent à l’élevage laitier (avec transformation en yaourts, fromage, beurre). Tout en accordant sa confiance, notamment par des prêts financiers, Philippe a aussi permis à ses successeurs de comprendre les réseaux locaux. 

Un autre collectif plus large est venu renforcer leur association via le montage de la Société civile immobilière pour le rachat des terres. Une campagne intensive d’information, d’accueil des visiteurs (et potentiels sociétaires) a constitué un premier projet commun, mené avec succès puisque la SCI de Kervel a collecté 115 000 euros et compte 150 sociétaires, essentiellement des habitants du territoire. Pendant ce temps, l’exploitation elle-même se mettait en place (démarches administratives, rénovation des bâtiments, achat du troupeau et d’équipements).

Les clés d’une association réussie en agriculture

Les salariés du Civam du Finistère accompagnent régulièrement les paysan(ne)s qui s’installent en Gaec, parfois ils assurent la médiation, et Valentin Hillairet propose même des formations aux titres explicites : s’associer sans s’entretuer – S’associer est ce pour moi ?

Au départ, il est en effet important pour le/la futur(e) paysan(ne) de bien se connaître tout simplement. Certaines personnalités sont davantage adaptées au travail en tandem ou plus, d’autres non.
Même quand on pense avoir trouvé le ou les associé(es) adéquat(es), il reste de nombreuses bases à poser pour pouvoir coopérer dans la durée sans trop de heurts même en cas de difficultés ou en période de tension.

Préciser ouvertement ses objectifs, besoins et envie personnels et professionnels dès le départ, définir clairement des règles de fonctionnement, de prise de décision et s’y tenir, sont déjà des principes de bonne « hygiène » collective. On peut très bien identifier un(e) leader dans un Gaec, encore faut-il qu’il ou elle soit reconnu comme tel(le) et légitime (pour son expérience ou ses compétences par exemple). Les questions de pouvoir doivent être discutées ouvertement.
Il est salutaire de s’imposer des temps bien identifiés pour discuter des décisions à prendre mais aussi de l’état mental de chaque associé(e), de se laisser le temps de la décision (ne pas forcément trancher tout de suite). A Kervel par exemple, les associés et leur collègue boulangère déjeunent ensemble tous les trois quotidiennement, et ils se retrouvent deux fois par mois pour un déjeuner à l’extérieur pendant lequel ils font le point sur leur travail et leur moral.
L’organisation des lieux de travail et de vie, celle de la répartition des terres est aussi très importante. Parfois d’autres données interviennent fortement dans les relations au sein d’un Gaec : liens familiaux ou de couple.

Un regard extérieur -comme celui du Civam – est toujours utile pour permettre aux agriculteurs/trices associé(e)s de prendre du recul sur leurs relations et problèmes éventuels.