Marie Meudec est anthropologue et elle s’intéresse en particulier aux minorités : demandeurs d’asile, travailleuses du sexe, personnes discriminées… Elle utilise parfois l’enregistrement au cours de ses enquêtes et elle est amatrice de podcasts. Elle nous donne son point de vue sur la parole radiophonique ou sonore des personnes qu’elle rencontre au cours de ses enquêtes.

Nous avons rencontré Marie Meudec au cours du festival Longueur d’ondes 2020 à Brest

Après ses études de sociologie-ethnologie à Brest et Rennes et d’anthropologie (notamment médicale) à Aix-en-Provence et au Québec, Marie Meudec a travaillé sur les interactions du quotidien et l’éthique ordinaire, au Québec, en Haïti, à Sainte-Lucie (Caraïbe) et en Bretagne. Son travail se focalise plus particulièrement sur les inégalités : sociales, raciales, de genre… Elle s’intéresse aux discriminations et à la façon dont les personnes qui en sont victimes y résistent. Les situations qu’elle étudie sont au carrefour des oppressions et des dominations ; qu’elles concernent des personnes accusées de sorcellerie aux Caraïbes, des jeunes racisés au Québec, des personnes en souffrance psychique ou victimes de violences.

Marie Meudec veut croire que son travail de recherche contribuera à lutter contre les inégalités et l’oppression. En tant que chercheuse, disposant de temps, elle peut creuser au-delà des préjugés et stéréotypes ; c’est aussi une question de posture : ne rien prendre pour acquis, être ouvert et curieux. Une sensibilisation qu’elle mène aussi en tant qu’enseignante et formatrice. Elle intervient aussi plus concrètement comme experte sociale pour aider la justice britannique à évaluer les demandes d’asile des personnes originaires de l’île de Sainte-Lucie.

Les effets sociaux de l’expression au micro

Au festival Longueur d’ondes, Marie Meudec intervenait sur les effets sociaux de l’accès à la radio et de l’expression enregistrée : témoignage sincère, jeu de rôle ? Auto-censure ? « Au micro, on se la raconte toujours un peu » ou au contraire, on se paralyse. Ce qu’elle-même a pu constater quand elle enregistre les entretiens qu’elle mène pour ses recherches.
Et quand il y a promesse de diffusion, dans le cas de la radio, certains saisissent le micro pour faire passer un message politique, en prêtant parfois à l’enregistrement davantage de pouvoir que ce qu’il détient vraiment.

Par ailleurs, les très nombreux podcasts qui ont fleuri ces dernières années intéressent beaucoup l’anthropologue. Qu’il s’agisse d’enregistrements réalisés par d’autres chercheurs ou directement par les témoins et acteurs de situations particulières sur les questions raciales, le travail sexuel, etc. Une vaste matière humaine sonore à explorer !