Les fougères sont parmi les plus anciens végétaux que la Terre ait porté. Rustiques et avant-gardistes, elles sont encore très nombreuses : 13 000 espèces poussent sur le globe ! On les examine minutieusement avec Gaëtan Masson du Conservatoire botanique national de Brest.

 

Suivez le 22 février 2020 à 14h30 une conférence sur les fougères et plantes alliées au Conservatoire botanique national de Brest

Le site internet du Conservatoire botanique national de Brest

Les fougères sont apparues il y a 400 millions d’années environ et, surgies des mousses, elles étaient les premières plantes à se dresser en hauteur. Elles ont bien prospéré, au point de former de véritables forêts (dont les résidus fossiles ont donné du charbon). Les plus hautes atteignaient 30 à 40 mètres de hauteur (comme les actuelles fougères arborescentes) ! Les premiers végétaux vasculaires (avec des vaisseaux pour transporter la sève) étaient nés, bien avant les plantes à fleur qui ont suivi plus tard. Ce système pour transporter les nutriments leur a permis de grandir et de s’affranchir davantage du milieu aquatique (un peu plus que les mousses en tout cas).

La présence des fougères a changé les conditions de vie sur Terre : leurs racines ont modifié la structure du sol, leur évapotranspiration a humidifié et réchauffé l’ambiance, leur respiration a stocké du carbone et alimenté l’air en oxygène. On estime que c’est grâce aux fougères que les autres plantes ont pu apparaître.

Les fougères, rustiques et bien adaptées en Bretagne

Le système de reproduction des fougères est moins sophistiqué que celui des plantes à graines : elles produisent des spores (de la taille de poussières) qui tombent à terre et donnent des gamétophytes (sexe mâle et femelle à la fois) propres à être fécondés. La fécondation doit se faire en milieu humide : dans un plan d’eau douce, en tourbière, marais ou prairie humide.

Parfois, on trouve des fougères sur les murets ou les affleurements rocheux des monts d’Arrée mais la plante développe alors des stratégies pour se protéger de la sécheresse. Les fougères épiphytes s’installent sur des troncs d’arbres si les conditions le leur permettent (un peu d’humus).
Certaines apprécient les milieux calcaires, d’autres préfèrent un sol acide. Plus le milieu est agressif (sec ou salé, comme en bord de mer), plus leurs feuilles et leurs tiges sont coriaces (ligneuses).
En majorité, les fougères sont vivaces (résistent d’une année sur l’autre) ; plus rarement, elles sont annuelles (elles ne renaissent pas à partir de leur rhizome mais uniquement de leurs spores fécondées).

Polypode, Scolopendre, fougère Aigle sont des espèces courantes en Bretagne ; la région en compte une cinquantaine. Les évolutions du climat permettront peut-être à d’autres fougères de s’y installer (comme les arborescentes qui s’épanouissent au bord du Stangalar, au Conservatoire de Brest). Les données sur le nombre et la répartition des fougères n’ont qu’une quarantaine d’années ce qui est trop peu pour évaluer par exemple l’impact du changement climatique sur leur évolution.

Les plantes alliées vivent souvent à leurs côtés sans être exactement des fougères ; elles produisent aussi des spores mais ne leur ressemblent pas beaucoup : Lycopodes, Ophioglosses …