Fernand Deroussen est l’un des rares audionaturalistes en France. Comme un photographe des sons, il part capter le bruissement du monde sauvage et sa musicalité, loin des humains, dans tous les coins de la planète…jusqu’en presqu’île de Crozon où il a posé ses micros avant de passer par le festival Longueur d’ondes à Brest.

Le site internet de Fernand Deroussen

Le Podcloud des chroniques Ecouter nature de Fernand Deroussen

 

En digne passionné du son, Fernand Deroussen était l’invité du festival de la radio et de l’écoute Longueur d’ondes à Brest en février 2020. C’est là que nous avons rencontré cet audionaturaliste ; ils ne sont qu’une poignée en France à, comme lui, capter les sons du monde sauvage : animaux, paysages et éléments naturels… A la différence d’un bio acousticien qui enregistre la nature à des fins scientifiques, l’audionaturaliste est à la recherche de la musicalité de la nature, des interactions sonores entre les animaux et/ou les éléments naturels : vagues, pluie, vent, feuillages …

Fernand Deroussen ne se considère pas non plus comme un « field recorder » au sens où il ne recompose pas ses enregistrements de paysages sonores. Il intervient très peu en post-production sur ses captations. Ce qui l’intéresse, c’est l’ambiance sonore à l’état brut, le plus loin possible de toute intervention humaine (alors qu’un field recorder intégrera des sons anthropiques). C’est presque une utopie car l’audionaturaliste sait à quel point l’humain a déjà fait évoluer les sons du sauvage (la disparition des espèces a bien réduit aussi la biodiversité sonore).

Fernand Deroussen revendique son oreille artistique. Pour lui, le son de la nature s’écoute comme un message, un langage qu’on peut comprendre. 

Des captations du monde sauvage dans le monde entier

Du Sénégal à l’Australie, de la Provence au Cap de la chèvre, Fernand Deroussen parcourt tous les terrains… De la presqu’île de Crozon, il retiendra la musique des vagues sur les galets et son évolution au fil de la marée… à condition de se donner le temps ! Pour écouter la nature, il faut en effet prendre son temps ; c’est une contemplation. L’audionaturaliste compare son approche à celle des photographes avec repérages préalables du terrain et matériel adapté à chaque situation : micro-canon, paraboles, casque binaural, stéréophonie, hydrophone, etc.

S’y ajoute une expérience irremplaçable ; après 30 ans d’enregistrements, Fernand Deroussen ressent le monde sauvage et sait d’instinct où mettre ses micros (et lesquels) pour enregistrer tel ou tel animal, telle ou telle ambiance. C’est en ce sens qu’il est pleinement naturaliste. Aujourd’hui retraité, il part en quête de sons presque tous les jours et fait de sa passion un mode de vie en harmonie avec la nature, à l’écoute de son environnement. Impossible pour lui d’identifier un « moment » préféré dans toutes ses pérégrinations sonores, même s’il repense encore avec émotion à ses enregistrements du volcan Etna ou des baleines à bosse…

Sa démarche artistique s’accompagne aussi d’une conservation du patrimoine naturel sonore. Fernand Deroussen est le fondateur de la sonothèque du Muséum national d’histoire naturelle qui compte 50 000 enregistrements.