Eau et rivières de Bretagne fait partie de la trentaine d’associations, syndicats agricoles et partis politiques qui demandent un moratoire sur la méthanisation en Bretagne. En cause, le modèle agricole intensif auquel s’adosse une mise en oeuvre industrielle de la méthanisation, avec les risques de pollution qu’elle comporte.

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La pétition pour un moratoire sur la méthanisation en Bretagne

Arnaud Clugery, directeur opérationnel d'Eau et rivières de Bretagne

Le 20 août 2020, une partie du digestat issu du méthaniseur de Châteaulin se déversait accidentellement dans l’Aulne ; 180 000 citoyens étaient invités à ne plus boire d’eau du robinet pendant plusieurs jours, sur une cinquantaine de communes du sud Finistère, jusqu’à La Forêt-Fouesnant. D’autres accidents liés au stockage des déchets ou au fonctionnement des usines de méthanisation avaient déjà provoqué des pollutions de cours d’eau bretons, comme à Plouvorn et Beuzec-Cap-Sizun.

Une pétition pour un moratoire du soutien public aux méthaniseurs

Une quarantaine d’associations de défense de l’environnement, mais aussi de syndicats agricoles et de partis politiques lancent une pétition pour demander de la part de l’État et des collectivités territoriales :

  • un moratoire immédiat concernant le développement de la méthanisation en Bretagne ;
  • l’engagement à suspendre les autorisations et à protéger les rivières des méthaniseurs existants ;
  • la fin des aides publiques à la méthanisation et leur redistribution vers la conversion du modèle alimentaire et agricole au service des paysan.ne.s et de la résilience des milieux naturels face au dérèglement climatique.

Méthanisation, la fausse bonne idée ?

Même si elle semble une sage exploitation de biodéchets (notamment les effluents d’élevage comme le lisier ou le fumier), même si la biomasse produit ainsi de l’énergie, même si le procédé évoque l’économie circulaire, la méthanisation est en fait, selon les signataires de cette pétition, une fausse bonne idée.

Ils estiment que, telle qu’elle est organisée actuellement, la méthanisation soutient finalement un modèle agricole intensif, avec de grosses unités qui, pour être rentables, doivent recevoir de grosses quantités de déchets.  Un processus qui n’incite pas à réduire ces déchets à la source et qui conduit plutôt à un accaparement des terres. Dans certains cas, comme en Allemagne, le besoin d’alimenter les méthaniseurs a pris le pas sur l’objectif de production alimentaire et les agriculteurs sont devenus « énergéticiens ». En outre, les signataires soulignent que la méthanisation n’est pas une énergie dé-carbonée, puisqu’elle produit du méthane (gaz à effet de serre) et qu’elle est contraire au principe de transition énergétique.