Elle-même fille et petite-fille de pêcheurs de Camaret-sur-Mer, Danièle Théphany a souhaité rencontrer des « femmes de marins-pêcheurs » après s’être formée à la sociologie. Sa curiosité, soutenue par la Région Bretagne, a débouché sur la publication d’un recueil d’une vingtaine de portraits de celles qui se définissent comme bien davantage que « femmes de ».

Pour commander Femmes de marins pêcheurs en Bretagne, de Danièle Théphany, avec la collaboration de Jacques Guyot, rendez-vous sur le site internet d’Histoires d’ici et d’ailleurs

Que pensent, que vivent, les femmes qui partagent la vie d’un marin-pêcheur ?  Danièle Théphany s’est posé la question puisque sa mère et sa grand-mère camarétoises étaient dans ce cas. Formatrice, elle a étudié pendant deux ans la sociologie et a donc mis en pratique ses méthodes en se penchant sur ce sujet, soutenue également par le Conseil régional, ce qui lui a permis d’éditer son recueil de portraits.

Les 22 femmes, rencontrées dans toute la Bretagne, ont des histoires personnelles et des vécus variés. De tous âges, elles ont pourtant aussi des points communs. A commencer par leur indépendance d’esprit, voire au-delà, qui les définit comme bien davantage que des « femmes de ».
Du fait des prix de l’immobilier côtier, elles vivent parfois loin de la mer comme Manon à Rennes, Manuela à Nantes ; certaines viennent de milieux très éloignés de la pêche, comme Liliane la parisienne, l’infirmière urgentiste, Alizée la Toulousaine, etc. Toutes ou presque ont leur métier, certaines sont élues, comme Yolande.

Passion partagée pour le métier

Mais la plupart affichent aussi leur implication dans le métier de leur conjoint : qu’elles partagent cette profession à part entière comme Sonia pêcheuse militante, ou qu’elles y participent pleinement comme Morgane qui aide au déchargement et à la livraison, Chrystel à la vente puis au matelotage, Thiphaine à la direction de l’armement. Les voici contaminées par la passion comme Kathleen, ou même Emmanuelle qui a d’autres activités mais a participé à l’organisation du « défi port de pêche », Liliane au comité des pêches et dans d’autres instances, Laureline qui a elle-même pêché avec son mari et Anne qui a son propre bateau.

Diversité des situations et évolutions des carrières dans la pêche

Il faut cependant compter avec la diversité des types de pêches et donc des situations personnelles ; sans oublier l’évolution des carrières et du statut d’« homme de la maison » : les marins-pêcheurs d’aujourd’hui ne l’ont pas forcément été toute leur vie et ils ont connu d’autres métiers, ils participent à la vie domestique quand ils sont là (à l’instar des maris de Chantal, de Delphine, de Manuela). Ce ne sont pas des machos qui arrêtent tout quand ils sont à terre. Certaines se posent pourtant des questions sur leur parentalité « en pointillés »  (Bérénice) et le lien que ces pères peuvent entretenir avec les enfants.

La question de l’argent semble actuellement résolue ; les difficultés financières sont mentionnées au passé même si certaines femmes ont conscience qu’elles peuvent revenir.

Si ces femmes sont fières de leurs compagnons, beaucoup regrettent cependant leur propre « invisibilité ». En tout cas, l’enquête porte sur des couples unis, des marins heureux, leurs compagnes aussi …peu de plaintes à l’horizon, même si certaines reconnaissent que le quotidien à terre est parfois lourd à porter.