Quand on voyage , on se soucie de ce que l’on va trouver en arrivant, la météo sera-t-elle bonne ?, la nourriture pas trop épicé. Mais quand on voyage dans l’espace, la notion du temps devient toute relative car ,tant que l’on aura pas inventé le voyage par les trous de vers, le moindre trajet sera celui d’une vie. Comment le voyage au long cours est-il appréhendé en science-fiction ?

Vous reprendrez bien un peu de science-fiction ?

Peu importe la destination, ce qui compte, c’est le voyage.

C’est avec cette phrase aux accents poétiques, voire philosophiques que je vais commencer cette émission.

Aujourd’hui je vais vous parler des voyages spatiaux vus de l’intérieur.

Dans l’inconscient collectif, les voyages spatiaux sont des périples de longue haleine.

Avec notre technologie actuelle, il faut environ 9 mois pour aller sur Mars qui est une des planètes els plus proches de la Terre.

Alors  si on veut sortir du système solaire…

La sonde Voyager 1 , partie de la Terre il y a 42 ans a ,à peine ,quitté le système solaire !

Alors comment les auteurs de science-fiction ont-ils choisi d’aborder cet obstacle ?

Le choix des armes

Il y a ceux qui ont trouvé un moyen de le contourner.

Dans star wars , c’est la vitesse lumière, on calcule une trajectoire, on abaisse un levier et zou !

Mais le voyage ne se fait pas en un claquement de doigt, R2d2 a même le temps de jouer contre Chewbacca et Luke de commencer a appréhender la force…

Comme ça l’intrigue peut se dérouler dans un temps raisonnable. C’est plus simple pour tout le monde.

Surtout pour nous simples spectateurs…

Il y a ceux qui ont encore plus réduit le temps de voyage, Stargate par exemple, là il est instantané !

Ce qui n’empêche de se retrouver bloqué.

Dans l’episode pilote de la série Stargate Universe, une série dérivée de la franchise originelle, les personnages débarquent dans un vaisseau par le biais d’une porte des étoiles.

Ne pouvant plus techniquement faire le chemin inverse ou retourner sur Terre, ils sont prisonniers d’un vaisseau issu d’une technologie qui bien que datant de plusieurs milliard d‘années est largement supérieure à ce que l’on connait. 

Le souci, en plus de la situation précaire dans laquelle tout ce beau monde se trouve, c’est que les passagers n’ont pas choisi de vivre cette expérience et ont simplement eu la chance de survivre en passant par la porte des étoiles.

Encore que survivre dans un vaisseau inconnu et aux installations à bout de souffle….

 Passé le premier moment de stupeur, les instincts humains prennent vite le dessus et se déclare assez vite une lutte d’influence pour savoir qui sera le chef de toute cette joyeuse troupe.

Entre des militaires débordés par les évènements, un sénateur qui tente de faire jouer de son autorité et un scientifique qui ne semble pas le moins du monde perturbé par la situation et qui considère le vaisseau comme un fantastique terrain de jeu…

On peut ajouter à cela les cadavres dans les placards et les casseroles amoureuses que certains personnages vont trainer.

Heureusement que le vaisseau est plutôt futé et guide ses hôtes vers des étapes qui les aideront à survivre.

Cette série n’a malheureusement droit qu’à 2 saisons, et se termine sur une fin ouverte qui nous laissera le choix de leur destiné.

Maintenant imaginez, l’humanité a colonisé plusieurs planètes. Elle a vécu une guerre contre des machines qu’elle a créées, mais un traité de paix a été signé.

Sauf que un jour …

Un long chemin …..

C’est ainsi que débute la série Battlestar Galactica.

Diffusée entre 2003 et 2009 et remake d’une série de 1978 , elle raconte le parcours de survivants pourchassés par les Cylons.

Les 12 colonies où sont établis les humains dans une relative insouciance sont anéanties à coup de bombes atomiques.

Les survivants, environ 50 000 sur plusieurs millions, se retrouvent dans des vaisseaux pas forcement fait pour accueillir du monde à moyen terme.

Parce que le problème est là, tout ce beau petit monde a été mis devant le fait accompli : leur planète est ravagée, leur famille probablement décimée.

Ce reliquat d’humanité va donc, comme les juifs qui ont fuit l’Egypte , errer dans l’espace pour trouver leur terre promise : la Terre.

Avec aux trousses les Cylons qui n’ont d’autre but que des les anéantir. Sans compter les ennemis de l’intérieur…

On retrouve ainsi les mêmes conditions : la promiscuité, l’enfermement sans échappatoire, la mort qui rode…

Et tout ceci sans avoir le choix et embarqué dans une errance quasi-perpétuelle.

 

 

Les distances dans l’espace sont tellement gigantesques qu’on a du mal à s’en rendre compte et que  même si l’on disposait d’un vaisseau rapide, chaque voyage se transformerait en une condamnation à perpétuité.

On a alors inventé l’hibernation.

On vous colle dans une capsule, vitrée la capsule, sinon c’est pas photogénique, on appuie sur un bouton et hop au dodo . Avec un peu de givre sur la vitre ça fait tellement classe.

Si ça permet de réduire la durée du voyage du point de vue du protagoniste, il n’en devient pas moins une cible facile.

Cible de trafiquants qui feront de vous des incubateurs à alien ou alors ce sera l’ordinateur de bord de votre vaisseau qui vous tuera dans votre sommeil.

Il peut arriver aussi que la capsule d’hibernation vous réveille un peu trop tôt, ho une paille … 90 ans trop tôt.

C’est ce qui arrive à Jim Preston dans Passengers de Morten Tyldum sorti en 2016.

Quand bien même les conditions de vie à bord du vaisseau sont idéales, rester seul jusqu’à la fin de ses jours avec pour seule compagnie un robot barman.

Même le plus solitaire d’entre nous serait saisi de vertige.

Mais bon admettons que tout se passe bien, se réveiller au bout de plusieurs semaines voire plusieurs mois doit être déroutant.

Le monde ne s’est pas arrêté de tourner pendant votre sommeil.

Vous avez peut-être du en faire l’expérience vous aussi, vous couper des réseaux, ne plus regarder les infos pendant quelques jours.

Le rattrapage peut parfois être brutal.

C’est ce qui se passe dans Interstellar , quand les astronautes sortent de leur hibernation, 2 ans ce sont écoulés et là déjà rattraper 2 ans de messages ça doit être rude.

Mais après l’exploration d’une planète qui tourne mal, ce sont 23 années terrestres qu’ils ont pris dans la vue !

Il s’en passe des choses en 23 années, des naissances, des disparitions …

C’est ainsi que le héros qui a quitté sa fille alors jeune adolescente, la retrouve en jeune femme qui plus est faisant partie de l’équipe qui recherche une solution pour sauver l’humanité.

La politique peut parfois rattraper ces astronautes qui se sont endormis du sommeil du juste.

Dans le film 2010 de Peter Hyams, suite du 2001 de Stanley Kubrick, il est question d’une mission américano-soviétique.

Oui en 1984, année de sortie du film, on pensait que l’URSS serait toujours là en 2010.

Comme quoi l’anticipation c’est un sport à risque…

Bref, les astronautes américains fraichement sortis d’hibernation sont accueillis plutôt froidement par leurs homologues soviétiques car, sur Terre se rejoue une nouvelle crise des missiles cubains.

On a beau être en orbite autour de Jupiter, cette petite planète bleue vous influence toujours.

Mais face à un danger imminent et d’une ampleur inimaginable, ils passeront outre les ordres et feront équipe pour pouvoir regagner la Terre sains et saufs.

Quand la psychologie entre en scène

Dans Sunshine de Danny Boyle sorti en 2007 , la question technique de la gestion du voyage est laissé de côté.

Tout comme des aspects techniques qui feront tiquer les plus tatillons d’entre vous.

Pour résumer l’histoire : nous somme en 2050 et le soleil s’éteint, mais pas supernovæ au programme, c’est plutôt comme une lampe torche dont les piles s’affaiblissent.

La mission Icarus est lancé pour rallumer le soleil au moyen d’une charge nucléaire.

En sachant que le soleil a une masse 330 000 fois supérieure à celle de la Terre, et que la charge nucléaire dont il est question dans le film est de la taille de l’ile de Manhattan, qui fait 60 Km carrés.

Et qu’en plus la charge explosera au niveau des couches supérieures du soleil …

On n’est clairement pas dans de la hard science-fiction.

La hard science-fiction, est un courant qui mise avant tout sur la crédibilité technique dans le récit pour apporter du « sérieux » dans l’intrigue.

Mais le point fort de ce film est surtout le coté psychologique des personnages qui compose l’équipage de l’Icarus 2.

Oui, parce que je ne vous ais pas dit, Icarus 1 a échoué et pas loin de son but comme on le saura plus tard dans le film.

L’équipage d’Icarus 2 doit alors choisir : continuer sa mission comme si de rien n’était ou rejoindre Icarus 1 dans le but de savoir ce qui s’est passé et d’éventuellement récupérer la charge atomique de la première mission pour doubler leur chance de succès.

Car pour le moment aucune estimation fiable n’indique que ça va marcher.

Ils ont théoriquement les capacités pour un voyage retour mais ça ressemble beaucoup à un aller sans retour.

Et changer de trajectoire rend encore plus aléatoire le résultat de l’expédition.

Toujours est-il qu’ils décident d’aller vers Icarus 1.

Ce choix ne se fait pas sans quelques réticence, Kaneda le capitaine de la mission décide que l’équipage votera pour l’une ou l’autre des options.

Il a un petit coté baba cool le capitaine, presque indolent. On le surprend à rêvasser devant le soleil dans la baie d’observation du vaisseau.

Le vote est partagé, il y a 7 membres qui votent et là on en est à 3 partout.

C’est Capa le technicien en charge de la bombe qui fera pencher la balance.

De manière pragmatique, il choisit d’aller retrouver Icarus 1.

Alors autant le capitaine peut paraitre relax, Capa lui c’est plutôt un poète, un peu dans son monde à mille lieux d’un scientifique rigoriste, surtout dans ce domaine d’expertise …

C’est Mace l’ingénieur informatique qui est le plus farouchement opposé à ce détour, sur le mode : c’est vraiment une idée à la con.

Malheureusement la suite des évènements va lui donner raison.

Pour rejoindre Icarus 1, il faut modifier la trajectoire du vaisseau et régler les panneaux qui protègent le vaisseau, je vous rappelle qu’ils sont très près du soleil.

Le membre de l’équipe en charge de cette procédure l’oublie complètement et cela entraine des dégâts et une cascade de réactions.

Dont la plus dramatique sera la mort du commandant de la mission qui sera tout simplement vaporisé par les rayons du soleil.

Et pour rajouter à la détresse de l’équipage ,les jardins hydroponiques ,censés leur fournir alimentation et oxygène, sont détruits dans un incendie.

Autant dire que le sentiment de culpabilité de Trey , le technicien fautif , est pour le moins écrasant.

C’est ça aussi le voyage spatial, un travail d’équipe qui repose sur tous les membres mais dont la résistance globale se réduit à celle de l’équipier le plus fragile.

Lui jeter la pierre serait un peu facile, il subit comme ses camarades, une pression terrible, celle de sauver l’humanité.

Et dans un voyage que l’on devine très long, une telle charge psychologique est forcément difficile à gérer.

Ils ont beau être sélectionné avec soin, on ne sait pas comment les personnes en question vont réagir à une telle promiscuité.

Le peu d’études faites à ce sujet ne se sont pas toujours très bien finies.

Dans un cas on parle d’un échange de coups et dans une autre d’une agression sexuelle….

Un huis-clos sur terre, ça peut déjà se révéler houleux mais si vous y ajoutez les risques d’une mort brutale qui peut arriver à tout moment.

Il faut avoir un mental solide comme le granit breton !

Mais dans interstellar et Sunshine , les personnages ont un but.

Ils savent où ils vont, ils ont choisi de se lancer dans cette aventure, certes avec un enjeu gigantesque, il s’agit tout simplement de sauver l’humanité.

Ils sont formés, dans des conditions qui font que ça a fatalement pris du temps pour préparer leur voyage.

Ils ont eu le temps de réfléchir, à ce qu’ils allaient faire et aux conséquences que cela entrainerait.

Sans pour autant tout prévoir, comme on l’a vu dans interstellar.

Ha les imprévus….

Et le 9 eme art, il en dit quoi ?

Hergé va en truffer l’album On a marché sur la Lune.

Il y a le classique, la perte de pesanteur avec le capitaine haddock qui va entamer un balai aérien avec une bulle de whisky.

Vient ensuite le plus cocasse, les Dupont qui ont décidé de veiller sur la fusée de l’intérieur et qui s’embrouille dans l’heure du lancement.

Mais c’est pendant le voyage retour que l’expédition tourne au drame.

Un des membres de l’équipage a fait embarquer un passager clandestin qui se révèle être un mercenaire qui a pour mission de voler la fusée lunaire.

Ce dernier meurt par balle dans une bagarre, peu après l’équipier fautif se suicidera en quittant la fusée alors à mi-chemin entre la Lune et la Terre.

Les voyages les plus courts peuvent parfois être rocambolesques.

Au-delà du défi technique que représente une mission interplanétaire , il s’agit tout simplement de faire fonctionner parfaitement un ombre hallucinant de machines toutes plus complexes les unes que les autres pour ne serait-ce qu’assurer la survie des membres d’équipage.

C’est le coté psychologique de la chose qui va demander le plus de préparation, d’entrainement.

Le casting de l’équipage idéal, si tant est qu’il existe, sera la partie la plus sensible.

Cela commencera, j’en suis sûr par une lutte d’influence au niveau géopolitique, ensuite viendra la question du genre mais aussi du cursus : civil ou militaire ?

Un civil sera-t-il aussi corvéable qu’un militaire de carrière ? mais aussi plus souple, plus à même de penser hors du cadre comme on dit ?

Pour la première mission vers Mars , avant d’être un exploit humain et technologique sera le cadre d’une belle foire d’empoigne et d’une féroce propagande.

Un auteur français, Nicolas Beck , dans son livre Nix Olympica nous propose sa version de ce que pourrait être ce fameux voyage vers la planète rouge.