Pour comprendre Samhain, qui a précédé Halloween en Cornouaille, il faudra passer par les dieux celtes, le Danemark… il y aura des âmes trépassées, des fantômes, un chien noir dans le Yeun Ellez, une tête coupée et un fossoyeur maladroit…

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D’abord qu’est-ce que c’était que cette période de Samhain devenu Halloween ? Samhain était une période particulière pour nos ancêtres les celtes. Elle se situait à peu près à mi-chemin entre l’équinoxe d’automne et le solstice d’hiver et surtout elle marquait le début de l’année.

Cernunnos, le dieu sombre, y combattait Lugus/ Bélénos son frère jumeau, le dieu du soleil. Comme il était prévu dans l’ordre des choses que ce devait être Cernunnos qui devait gagner à cette époque de l’année puisque les nuits étaient plus longues que les jours, son père le Dis Pater Ogmios trempait tous les guerriers morts au combat dans son chaudron de résurrection et les renvoyait sur le champ de bataille au profit exclusif du dieu cornu ce qui lui procurait un avantage et la victoire.

Cette scène est représentée sur le chaudron de Gundestrup découvert au Danemark. C’était par conséquent une période où les morts revenaient et cet aspect a perduré dans les folklores d’origine celtique comme celui de l’ancienne Cornouaille bretonne.

Sachez d’abord qu’après le coucher du soleil, selon Jean Frison dans la revue des traditions populaires de 1914, les âmes en Cornouaille bretonne sont plus serrées sur la terre que le sable sur la côte.

Quand des âmes de trépassés se trouvent à être vues au moment où leur pénitence finit, elles sont obligées de la recommencer. Elles éprouvent donc la plupart du temps la même crainte d’être vues que nous de les voir puisque cela rallonge leur temps de purgatoire sur terre.

Le soir de la Toussaint, à minuit, les morts sortaient des tombes, venaient près du reliquaire des églises de village et criaient le nom de ceux qui devaient mourir dans l’année. Durant cette nuit, les bouches sans lèvres des trépassés, des anaons, comme on dit ici, recouvraient la parole, et on entendait deviser entre elles les têtes de mort des ossuaires dans les églises. Ambiance ! Ambiance !

La conversation s’engageait et peu à peu devenait générale. Un vivant à qui il eût été donné d’y assister aurait été renseigné en une seule nuit sur tout ce qui se passe de l’autre côté de la mort. En outre il aurait entendu nommer tous ceux qui devaient mourir dans l’année.

Un soir de la Toussaint, un mendiant eut la curiosité d’assister à cette conversation dans un cimetière, et, il entendit l’un des morts dire que le premier de l’année qui trépasserait ce serait le vivant qui les écoutait. Le lendemain, devinez quoi, on retrouva le mendiant sans vie !

En cette période les revenants sont légion. Toutefois plus nombreux encore sont ceux qui errent par les champs et les chemins, jusqu’à ce que leur temps d’épreuve soit achevé. Ils viennent punir les vivants qui les ont molestés ou leur ont simplement manqué de respect.

Certains jalousent les hommes qui respirent sous le ciel et se font un malin plaisir de les effrayer ou de leur nuire. On ne peut s’en débarrasser qu’en les faisant conjurer par un prêtre qui les enfermera dans un chien noir que l’on fera jeter dans les marais au Yeun Ellez. Pourquoi là-bas ? Parce que la tradition y situait une entrée des enfers.

Puisqu’on vous dit de ne pas vous balader pendant la nuit durant les mois noirs !

Il y aurait facilement de quoi cauchemarder. Comme d’ailleurs ce conte recueilli par Anatole Le Braz et qui s’intitule « la tête coupée ».

Selon un autre conte de 1886, le fossoyeur de Lanvéoc, en presqu’ile de Crozon, était en ce temps-là Poëzevara le Vieux. Il dut affronter la colère d’un des défunts de sa paroisse dont il avait percé le cercueil et le cadavre suite à un coup de pioche malheureux.