Jusqu’au 30 novembre 2020, le festival Alimenterre en ligne permet de visionner des films documentaires ou de suivre des débats autour de l’alimentation et ses enjeux planétaires : production et modèles agricoles, échanges internationaux, liens avec l’environnement… le Cicodès revient sur la diversité des thématiques qui peuvent être liées à nos assiettes.

Suivez ce lien pour retrouver le programme en ligne du festival Alimenterre 2020 

Le site internet du Cicodès

Réécoutez l'interview d'Anne-Claire Lucas, animatrice du Cicodès

Cette édition 2020 du festival documentaire Alimenterre a lieu en ligne jusqu’au 30 novembre 2020, en raison du contexte sanitaire. C’est gratuit mais il faut s’inscrire à l’avance aux séances programmées à des jours et horaires précis. Certaines séances s’accompagnent également de débats en visioconférence autour des thématiques liées au film projeté.

Huit films documentaires récents (moins de 2 ans) ont été sélectionnés cette année. On peut donc tous les voir sur le web.

Comment la production industrielle de poulets européens fait disparaître les petits éleveurs du Ghana

Il en est un qui nous parlera peut-être beaucoup à nous finistériennes et finistériens c’est Pauvres poulets : une géopolitique de l’oeuf de Jens NiehussSimone Bogner (2018). Un film qui aborde d’une part la réalité européenne de l’élevage des poules pondeuses et des poulets en mettant en lumière les questions de bien-être animal, mais aussi de questions sanitaires et de conséquences environnementales. Ces questions sont souvent plus fortement médiatisées pour des productions comme le porc ou les bovins, mais ici avec les poules élevées en « batterie », on retrouve les mêmes limites de la production industrielle.

L’intérêt du film est aussi, en 2ème partie, de s’intéresser aux interdépendances mondiales de la filière, car les morceaux de poulets non consommés en Europe, sont exportés et revendus à très bas coût en Afrique, notamment au Ghana (où le film enquête). Et là encore, les enjeux de concurrence déloyale, les effets pervers des accords de libre-échange sont criants. Quelques pays africains ont réussi à protéger leurs filières en interdisant ces exportations, mais ils sont rares. Ailleurs, les filières avicoles ont donc été dévastées. On comprend alors l’impact de nos choix de consommation, car c’est aussi ce qui découle de notre demande majoritaire de blancs de poulets.

Le Cicodès fait le lien entre ce film et la campagne « N’exportons pas nos problèmes » qui concerne la surproduction européenne de lait. Du fait de la disparition des quotas, le lait en surplus est utilisé pour la transformation en beurre (dont la demande mondiale explose) ; on en prélève la crème et il en reste de la poudre écrémée. A cette poudre (dont la demande est faible) on ajoute de l’huile de palme (dont la production pose de gros problèmes environnementaux)

Des films documentaires qui dénoncent, d’autres qui présentent des solutions

Même question de la concurrence internationale et sauvage dans Semer, Récolter, Résister de Marion DualéOusmane Dary qui nous décrit les impacts néfastes de la baguette de pain blanc à l’européenne sur l’agriculture et la boulangerie traditionnelle au Sénégal, tout en nous dévoilant comment la résistance s’organise depuis quelques années…

Car si les documentaires dénoncent, le festival Alimenterre présente aussi des films qui redonnent espoir.

Recettes pour un monde meilleur de Benoit Bringer est notamment très intéressant pour les scolaires ou professionnels d’établissements scolaires car il met en lumière plusieurs initiatives vers une alimentation plus durable dans les cantines. Dans Chemins de travers de Sébastien Majonchi, on peut voir des parcours individuels de choix de vie, de production et de consommation, qui visent plus de bien-être animal, l’enjeu des semences paysannes. Keka Wongan : notre cacao made-in Ebolowa-Cameroun de Julie Lizambard, retrace la coopération entre un lycée/centre de formation professionnelle agricole de Nantes et le Collège régional d’agriculture (CRA) d’Ebolowa au Cameroun autour la naissance d’un atelier de transformation du cacao en chocolat au CRA, et sur la construction d’une filière locale équitable. Idem avec Le système alimentaire de Fès, Maroc d’Anna Faucher, Louison Lançon, Alice Deshons – Association Let’s Food (France) qui illustre une tentative de reconquête locale de son alimentation. Dans Océans 2 : la voix des invisibles, Mathilde Jounot complète la dénonciation du premier volet et montre comment les professionnels de la mer, des côtes de Bretagne à celles de l’Océan Indien et d’Afrique, s’organisent pour protéger les océans et les populations qui en dépendent.

Quant à Femmes de la terre de Jean-Pierre Vedel, c’est un film qui permet d’aborder la place des femmes dans l’agriculture en France, et plus particulièrement en élevage, à travers le portrait de 6 femmes qui ont choisi cette voie.