Bretagne vivante réédite le livre qu’elle avait sorti à l’occasion des 40 ans de la réserve naturelle de l’archipel des Glénan : Les Glénan, histoire, mémoire et paysages. L’occasion de s’étonner sur les activités humaines que les îles ont connues autrefois et sur les richesses bien fragiles de l’écologie insulaire.

Les Glénan, histoire, mémoire et paysages, (première édition 2016, réédition 2020) de Catherine Chebahi, Nathalie Delliou et Jérémie Evangélista, édité par Bretagne vivante, sortira fin novembre 18€ mais on peut le pré-commander sur le site internet de Bretagne vivante.

Réécoutez l'interview de Yannig Le Gallès, bénévole et Juliette Baron salariée de Bretagne vivante

Le livre a pour origine le 40ème anniversaire de la réserve naturelle des Glénan qui avait donné lieu en 2014 à diverses manifestations dont une exposition évoquant, île par île, l’histoire et la richesse naturelle de l’archipel. Cette exposition avait rencontré un vif intérêt, ce qui avait incité Bretagne vivante, devenue gestionnaire de la réserve, à réaliser cet ouvrage.

Élevage de vaches, goémoniers, pêcheurs et soldats des Glénan d’autrefois

La partie historique, largement documentée par Catherine Chebahi, bénévole de l’association à Concarneau, nous apprend que l’archipel a été habité à l’année bien avant l’implantation de la mythique école de voile des Glénans. Jusqu’à 130 personnes ont vécu en permanence sur les îles Saint-Nicolas, Drennec, Penfret, le Loch. C’est du 17 au 19e siècle que la présence humaine a le plus marqué l’île. Les pirates y sévissaient. On y élevait des vaches, on y cultivait du seigle, on y ramassait et on y exploitait le goémon (utilisé notamment dans la verrerie) et bien sûr on y péchait. Les poissons étaient séchés sur place pour mieux être conservés, avant que des viviers soient construits. Des soldats français occupaient le fort Cicogne et tentaient (sans succès) de bombarder l’ennemi anglais qui occupait Penfret pendant les guerres napoléoniennes. De cette occupation passée, subsistent dans le paysage des fermes, le fort, la batterie de Penfret et son phare, le phare des Moutons, les sémaphores, les amers…

Forte pression touristique sur une zone naturelle fragile

La Réserve naturelle nationale de Saint-Nicolas-des-Glénan a été créée en 1974 puis confiée à Bretagne vivante ; il s’agissait au départ de protéger uniquement le fameux Narcisse des Glénan, qui n’existe que sur l’archipel. Puis la réserve a été étendue à toute l’île et à d’autres îlots de l’archipel. Bretagne vivante y assure aujourd’hui un suivi naturaliste de ces fleurs qui sont comptées une par une (300 000 pieds fleuris au dernier comptage) ! Il faut aussi entretenir les milieux et faucher le couvert végétal pour que la lumière puisse atteindre les pousses de narcisse et leur permettre de fleurir. Conservateurs et gardiens ont un gros travail de régulation des flux humains (ils sont assermentés) et de sensibilisation des très nombreux touristes – plaisanciers qui s’ajoutent aux élèves de la célèbre école de voile. D’autres espèces ou éléments du patrimoine naturel font l’objet d’un suivi : sternes de l’île aux moutons (actuellement fermée au public), gravelot à collier interrompu, maërl (calcaire qui sert d’habitat marin, très riche, autrefois utilisé comme amendement agricole), zostères (plantes à fleurs marines qui servent de refuge), Grande Nébrie (coléoptère très menacé qui vit dans la laisse de mer) et phoque gris qui semble apprécier l’archipel de plus en plus.

Les espèces et les milieux subissent une forte pression du fait du passage des humains : ancres des bateaux qui arrachent les zostères, piétinement des œufs d’oiseaux ou des plantes dunaires, cairns en galets qui détruisent les coléoptères…