Historien maritime et douarneniste, Alain Le Doaré a beaucoup travaillé sur les conserveries de poisson. Il vient de publier un livre sur l’histoire de l’entreprise Chancerelle, la plus ancienne et toujours en activité. Il revient sur les sardines, les conserves et l’histoire de Douarnenez.

 

Avec plus de 600 salariés, Chancerelle reste une entreprise majeure de Douarnenez. C’est aussi la plus vieille conserverie de sardines au monde encore en activité. Sous ses marques – Connétable, Phare d’Eckmühl et Le Savoureux ou en ligne via La pointe de Penmarc’h – elle commercialise les produits qui ont fait son succès : des conserves de poisson et produits de la mer. C’est aussi une entreprise toujours familiale (détenue à plus de 50 % par des membres de la famille Chancerelle) dont le destin s’inscrit dans celui de Douarnenez, son port de pêche, son épopée sardinière.

C’est de sa propre initiative, après une rencontre avec l’un des héritiers Chancerelle, qu’Alain Le Doaré a décidé de publier Au nom de la conserve. Chancerelle  (480 pages, 900 images, 60 €), avec François Chancerelle*. L’ouvrage est l’aboutissement naturel de son travail d’historien sur les conserveries, depuis une exposition au port-musée sur « l’art de fixer les saisons » en 2007.

Du garum aux conserves millésimées

L’histoire de la conservation des poissons à Douarnenez remonte à l’Antiquité. On fabriquait le fameux garum dans les cuves qu’on peut toujours voir le long du sentier des Plomarc’h : un condiment à base d’abats de poissons fermentés. Ensuite, les Douarnenistes ont utilisé les presses à poisson qui permettaient de saler à domicile et de conserver les sardines, poisson devenu emblématique. Quand les conserves furent mises au point après la découverte de l’appertisation (par Nicolas Appert), la sardine fut d’ailleurs le premier poisson à être mis en boite industriellement.

Il y eut jusqu’à une trentaine de conserveries à Douarnenez, mais de toutes les tailles : du simple atelier avec une dizaine d’ouvrières à la grande usine. Et la conserverie resta longtemps une activité saisonnière, largement dévolue aux femmes (de pêcheurs). Au départ fort mal payées, les  filles de la sardine obtinrent peu à peu de meilleurs salaires, non sans passer par des contestations sociales (comme la grève de 1924).

Aujourd’hui, non seulement la sardine en boite est un aliment délicieux (et recommandé par les nutritionnistes) mais elle devient même parfois un mets de choix, quand elle est millésimée.

*On peut trouver l’ouvrage d’Alain Le Doaré chez les libraires du Finistère, chez Alain Le Doaré, 1, rue Nicolas-Appert, 29100 Douarnenez, alain.le.doare@orange.fr ou chez Thierry Lucas, à la boulangerie des Plomarc’h, à Douarnenez.