« Mettons les enfants dehors !  » pourrait être le cri du cœur de l’association Bretagne vivante en cette période où le confinement aggrave la sédentarité et nous sépare un peu plus des milieux naturels. Pourtant, les bienfaits du contact régulier avec la nature sont démontrés dans de nombreux domaines, et l’école en extérieur existe déjà dans des pays pourtant réputés froids.

 

Le site internet de Bretagne vivante

Entretien avec Paskall Le Doeuf responsable pédagogique de Bretagne vivante

Le confinement a éloigné les enfants mais aussi les adultes de la nature, de l’extérieur. Ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir un jardin se sont retrouvés enfermés et privés de nature ! La crise sanitaire a ainsi laissé apparaitre un besoin vital de nature, mais aussi une prise de conscience de la population de l’importance de ce contact.
 

Tant de bienfaits scientifiquement avérés du contact avec la nature 

Bretagne Vivante et les autres acteurs de l’éducation à la nature défendent une éducation dehors, au contact du vivant et des éléments. Depuis toujours l‘association accompagne des classes dans la découverte de leur environnement naturel. Rien de tel en effet que l’immersion pour se reconnecter aux autres animaux, au végétal, au vent et à la pluie…
La richesse des expériences que peut vivre l’enfant dans la nature est source de questions et donc, avec l’aide de l’éducateur, d’apprentissages. L’échange et le partages des expériences entre les enfants favorise l’expression, la socialisation et permet d’inscrire durablement ces expériences dans la mémoire et la sensibilité. C’est aussi un moyen de faire comprendre l’importance de la biodiversité, de la qualité de l’air et de l’eau, etc. Ceci dit, on peut enseigner toutes les matières en s’appuyant sur les éléments extérieurs, des mathématiques aux arts en passant par les sciences naturelles et l’histoire-géographie… L’Unesco estime d’ailleurs que l’école en plein air permet de développer les compétences-clés du XXIe siècle : socialisation, communication orale, coopération et créativité.
 
En outre, de très nombreuses études scientifiques attestent des bienfaits d’un contact étroit et régulier avec la nature, sur le plan physique – lutte contre la sédentarité et prévention de l’obésité et des maladies cardio-vasculaire, renforcement de l’immunité – comme sur le plan psychique – diminution du stress et de l’anxiété.
Bien sûr, les bienfaits sont d’autant plus mesurables que le cadre naturel est riche et varié ; une forêt avec différents types de végétations et des animaux sauvages est plus favorable qu’une simple pelouse.
 

Lever les freins à l’éducation au dehors

La France est très en retard dans le domaine de l’école en plein air même si de timides expériences existent. Les freins peuvent être nombreux mais tous sont surmontables.
Le premier frein, c’est le manque d’espaces naturels à proximité des écoles. Dans ce cas, on peut commencer modestement par emmener les enfants dehors, dans la cour de récréation. Et à moyen terme, cette cour peut être réaménagée pour accueillir davantage de végétation : potager, bosquets, arbres, etc.
Face à la crainte des intempéries, on peut suggérer l’achat par les écoles ou les communes de vêtements et équipements adaptés qui pourront être prêtés aux enfants dont les familles manqueraient de moyens.
En réponse à la crainte des parents que les enfants se blessent, on peut arguer qu’au contraire, un espace naturel diversifié peut permettre à l’enfant de tester ses limites dans des configurations bien plus variées qu’un simple espace en asphalte. En gros, l’entraînement et l’adaptation au milieu est plus complet.

L’école en plein air se pratique déjà dans des pays où le climat est rude

A l’étranger, il existe différentes formes d’enseignement pratiqué en extérieur, dans la forêt ou simplement dans une « cour de récréation » qui est en fait une zone naturelle située devant l’école. S’y ajoutent les écoles qui font sortir les enfants une fois par semaine ou une fois par jour. Ces pédagogies au plus proche de la nature sont pratiquées dans des pays pourtant réputés pour leur climat froid : pays scandinaves, Canada, Grande-Bretagne…