Portrait d’Isaac Asimov – United States Library of Congress. New York World-Telegram and the Sun Newspaper Photograph Collection

Auteur de référence dans la littérature SF, Isaac Asimov aura familiarisé le public avec des robots intelligents et de bonne composition. Il aura aussi créé une nouvelle discipline scientifique : la psycho-histoire. Pour les 100 ans de sa naissance, retour sur l’œuvre prolixe d’un des plus grands écrivains du 20 ème siècle.

Vous reprendrez bien un peu de science-fiction ?

Il aurait dit : « j’aime parler de moi ! »

Ce n’est pas de moi que je parle, le succès de cette émission ne m’est pas monté à la tète au point de parler de moi à la troisième personne !

Aujourd’hui je vais vous parler d’Isaac Asimov.

Isaac Asimov est né le 2 janvier 1920 à Petrovitchi en Russie.

1920 ? , tiens, tiens, comme par hasard la même année que l’invention du terme robot.

Le mot robot est dérivé du tchèque  robota qui veut dire corvée ou besogne.

Vous vous dites que la coïncidence et trop belle pour être vraie ,pour un ecrivain qui sera connu en grande partie pour ses œuvres sur les robots, he bien c’est peut être le cas …

Isaac Asimov est probablement né entre octobre 1918 et janvier 1920

Au début du 20 eme siecle , ce ne pas faire insulte à l’administration de petrovichi que de dire que, quelques mois après la révolution russe ,le registre des naissance n’est pas forcément très bien tenu.

Toujours est-il qu’il choisira cette date de janvier 1920 comme celle officielle de sa naissance, je vous préviens , le monsieur est cabotin.

En Russie , il ne restera pas longtemps , sa famille décida de rejoindre les Etats-Unis en 1923 espérant une vie meilleur que celle d’une Russie post révolutionnaire.

Une jeunesse New-Yorkaise

La famille s’installe à New-York et les parents achètent une boutique qui va leur prendre tout leur temps et donc laisser Isaac à son propre sort dès son plus jeune jeune âge.

Il trompe son ennui en écumant les bibliothèques du quartier, ce qui a tendance à le rendre « bizarre » pour les autres gamins du voisinage.  Quand on y rajoute un profil de premier de la classe, ça n’aide pas à se faire des amis.

Il a donc tout loisir pour dévorer toutes sorte de livres, histoire, science , les œuvres classiques également.

Mais dans la boutique parentale, il y a aussi ce qu’on appelle des pulps

Leur nom vient de la pulpe du bois qui sert a fabriquer le papier qui constitue ces revues, à ceci près que le papier utilisé pour les dites revues est de basse qualité. Ce qui donne une image bas de gamme à ces publications

La famille est pauvre et Isaac n’a pas le droit de lire ces fameux pulps, qui selon son père n’étaient pas dignes d’intérêt.

Il va bien entendu les lire, tout en prenant soin de ne pas les froisser comme ça ,une fois terminés, il les remet sur les présentoirs ni vu ni connu.

C’est de cette frustration que lui viendra l’envie d’écrire pour enfin avoir des livres qu’il pourrait ranger dans sa bibliothèque.

Ecrire oui mais pourquoi de la science-fiction ?

C’est, toujours d’après Isaac , oui je l’appelle par son prénom … le terme science qui aurait provoqué le declic .

Il a toujours été passionné par la science, comme on le verra plus tard.

Et c’est sans doute un genre où l’imagination des lecteurs est la plus sollicitée.

C’est ce qu’Asimov a toujours recherché, la stimulation intellectuelle. Il se disait particulièrement intelligent, ho oui , ça il l’a dit et il aurait un QI de 160…

Tout était donc réuni pour qu’il devienne un écrivain de science-fiction.

Mais ça ne s’improvise pas et ses premières tentatives seront des échecs logiques.

Les velléités d’écrivain se concrétisent en 1931 mais les différents nouvelles sont systématiquement refusées.

Son parcours scolaire et universitaire ne stoppent pas ses envies d’ecriture et il envoie régulièrement des lettes à la rubrique courrier des lecteurs de différents magazines de sf.

Un coup de pouce ….

C’est en 1938 que tout va se décanter , Isaac a alors 18 ans  et il rencontre John Campbell .

John Campbell dirige la revue Astounding Science Fiction et devient rapidement le mentor d’Issac.

C’est lui qui lui permettra de publier la nouvelle : Au large De Vesta le 21 octobre 1938.

Il va alors publier régulièrement des nouvelles dans différentes revues.

En parallèle, il poursuit ses études universitaires et décroche l’équivalent d’une maitrise en chimie.

Il a hésité entre la chimie et l’histoire mais tout passionné qu’il était , c’est son coté pragmatique qui l’a convaincu.

Un diplôme en histoire ne lui aurait pas permis de rester près de New-York où se trouve sa famille et son cercle de passionnés de science-fiction.

Mais il se révélera un lamentable chimiste….

Nous voici le 7 décembre 1941 , un jour qui restera à jamais frappé d’infamie comme dira le président Roosevelt.

Les Etats-Unis entrent en guerre contre le japon et vont recruter de nombreux scientifiques dans le cadre de la recherche militaire

Patriote mais pas vaillant pour 2 sous, de son propre aveu, il rejoint 2 collègues écrivains de sf à la naval air experimental station pour participer à l’effort de guerre à son niveau.

C’est pendant cette période qu’il va jeter les bases d’une œuvre qui fera de lui un écrivain reconnu.

Passionné d’histoire il veut la mêler à la sf ,il veut créer un univers complet  ,il veut un contexte historique etoffé pas juste une évocation pour une œuvre. Il s’inspire de l’histoire bien réelle de l’empire romain pour créer un empire à sa façon.   il commence par une nouvelle puis 2 , puis 4 autres.

John Campbell lui demande d’en faire une saga  complète qui s’étalerait sur plusieurs siècles et qui verrait l’avènement d’une nouvelle science  la psychohistoire.

C’est en 1951 que sort Fondation.

Sa grande saga

Le cycle de fondation est composé de 7 livres mais pas sortis dans l‘ordre, les premiers publiés entre 1951 et 1953 sont les épisodes 3,4 et 5 , les épisodes 6 et 7 sont diffusées en 1982 et 1986 , les épisodes 1 et 2 sortent  en 1988 et 1993.

La légende voudrait que Georges Lucas se soit inspiré de cette ordre de parution pour sa saga star wars ….

Alors qu’est-ce que ça raconte fondation ?

Nous sommes 22000 après notre ère , l’humanité a colonisé 25 millions de mondes à travers la galaxie et compte un trillion d’êtres .

Tout ce monde prend place au sein d’un empire galactique vieux de 12 000 ans.

Le premier protagoniste s’appelle Hari Seldon , il est mathématicien et il a créée une nouvelle science la psychohistoire.

C’est un mélange de psychologie, d’analyses statistiques et de calculs de probabilités.

Seldon va voir l’empereur et lui annonce la chute prochaine de l’empire qui sera suivie d’une période trouble de 30 000 ans, rien que ça.

Le psycho historien lui propose alors de créer une fondation dont le but sera de réduire cette période sombre à une durée de 1000 ans.

Celle-ci est basée sur la planète terminus et commence la rédaction d’une encyclopedia galactica qui accumulera toutes les connaissances de l’humanité pour les préserver lors de la période sombre qui viendra.

Mais ça c’est le côté officiel, car il existe une seconde fondation plus discrète qui a une autre mission.

Une des particularités de cette saga ce sont les ellipses qui vont de quelques années jusqu’à 2 siecles.

Du coup les personnages qui ne sont pas immortels changent. Ça peut être un poil compliqué à suivre …

Autre élément récurent dans l’œuvre d’Asimov : les robots.

Les robots, comment ça marche ?

Ses écrits ont tellement marqué que la robotique moderne s’inspire des 3 lois de la robotique dites d’Isaac Asimov.

Les 3 lois les voici :

1 ère loi : un robot ne peut blesser un être humain, ou par son inaction, permettre qu’un humain soit blessé

2 -ème loi : un robot doit obéir aux ordres d’un humain sauf si ces ordres s’opposent à la première loi.

3 -ème loi : un robot doit pouvoir se protéger tant que cette protection ne s’oppose pas à la première ou là la deuxième loi.

Un bémol concernant la paternité de ces 3 lois , elle auraient été soufflé par son mentor John Campbell évoqué un peu plus tôt.

Il est clair que ce dernier a été capital dans l’éclosion du talent d’Asimov qui n’aurait peut-être pas été un l’auteur que l’o, connait  sans son aide.

Toujours est-il que l’approche de la robotique par Isaac est un poil différente que celle qu’il a connu dans les pulps de son enfance.

Pour lui, les robots ne sont pas des créatures qui fatalement se retourneraient contre leur créateurs.

Un robot est une machine logique, un travail d’ingénieur pas d‘un savant fou !

Un robot doit toujours être guidé par des lois, qui l’empêcherait de faire une « Frankenstein » , c’est-à-dire de causer la perte de son créateur pour quelque raison que ce soit.

Ce qui fait de ses robots des machines polies, dénuées de toute malice mais tout de même un peu limitée avec une compréhension limitée du second degré.

Comme dans la nouvelle Le petit robot perdu, où un humain qui, un poil agacé par la prévenance un peu trop appuyée d’un robot, va lui dire, je le cite : »va te perdre ! ».

Ce qu’il va faire avec la plus grande des applications !

Dans cette nouvelle on croise le docteur Susan Calvin ,elle est robopsychologue et apparaitra régulièrement dans les écrits d’Asimov ainsi que dans le film I robot , j’y reviendrais.

Autre personnage récurent : Elijah baley .

C’est un inspecteur de la police new-yorkaise , il apparait pour la première fois en 1953 dans le livre les cavernes d’acier.

Dans cette histoire, il doit résoudre le meurtre d’un spacien.

Les spaciens sont la première génération d’humains a avoir colonisé l’espace, 50 mondes pour être précis.

Bien qu’originaires de la Terre, les spaciens la dénigre ,elle est ses occupants , les considérant comme des ancêtres arriérés ,sales et grossiers.

Il faut dire qu’ils n’ont pas forcement de quoi faire rêver !,  l’humanité est regroupée dans d’immenses cités souterraines , ils habitent dans des logements communautaires ou tout est partagé , même les cuisines domestiques n’existent plus, tout le monde mange au réfectoire !

Et donc un spacien  été tué par un terrien et pour éviter qu’ils ne viennent le venger en vaporisant la ville de new-york on demande à Elijah d’enquêter en compagnie d’un spacien , un peu particulier un robot à l’allure humaine dont seule une lettre revele son origine, R , R daneel olivaw .

Mais Baley est robophobe comme une grande partie de la population terrestre , ils sont accusés de voler le travail des humains. Un point d’achoppement supplémentaire du point de vue des spaciens qui ,eux, ne jurent que par les robots.

Mais finalement la cohabitation ne se passe pas trop mal.

Les cavernes d’acier sort en 1953, à cette époque, Issac Asimov n’est toujours pas écrivain à temps plein, depuis 1949 il est professuer de biochimie à l’université de boston.

Il en est viré en 1958 , pas forcement pour un point technique, mais c’est son caractère qui pose problème et ce depuis sa plus tendre enfance.

C’est une forte tète , il déteste avoir tort et le fait savoir avec véhémence ,ce qui agace ses supérieurs.

Et logiquement un jour, le 30 juin 1958 pour être précis ses attributions à l’université de Boston prennent fin.

Il va donc se consacrer entièrement à sa carrière d’écrivain qui a modestement commencé il y a déjà 20 ans …

Écrivain à part entière

 Il va écrire près de 500 livres pas seulement de la sf, de la vulgarisation également sur divers sujets : astronomie, la bible….

Ainsi qu’un livret annoté sur l’œuvre de Gilbert et Sullivan , un duo de compositeurs d’opérette de la fin du 19 eme siecle ….

Malgré une production très abondante, c’est le moins que l’on puisse dire …  , seulement 2 films seront adaptés à partir de ses œuvres.

Il semblerait qu’il ne souhaitait pas que l’on dénature ses histoires et que son media préféré était le livre.

Pour en revenir à I robot, il ne s’agit pas d’une adaptation simple, mais plutôt l’amalgame de plusieurs histoires et personnage qui ont régulièrement jalonné les textes d’Asimov : Le docteur Calvin, le detective Baley ( renommé spooner dans le film ) , le professeur Lanning et le robot nestor.

Mais ce film est plus un blockbuster qu’autre chose.

Le seul exemple d’adaptation fidèle d’après les proches d’Asimov est le film l’homme bicentenaire de chris columbus sorti en  1999 .

Là on est tout à fait dans un autre style, si on devait le définir ce serait une comedie romantique sur le quête d’humanité d’un robot.

L’esprit est on va dire naïf , gentillet mais pas bebete pour autant , il y a une véritable réflexion sur la définition de ce qu’est un être vivant.

Mais Isaac Asimov ne verra ni l’un ,ni l’autre il décède le 6 avril 1992 d’une insuffisance cardiaque résultante d’une infection au VIH.

Il a été contaminé en 1983 par transfusion sanguine lors d’une opération chirurgicale.

A l’époque les tests n’étaient pas systématiques sur la présence du virus du sida et on en savait beaucoup moins à son sujet.

Cette information n’a toutefois été révélée qu’en 2002 de peur que l’auteur , sa famille et ses médecins ne soient victimes de préjugés.

Isaac Asimov avait une personnalité  volubile ,extraverti et il aimait souvent capté l’attention lors de réunions.

Il avait aussi tendance a être tactile voire pressant envers les femmes qu’il pouvait rencontrer, on peut même parler de harcèlement.

Je ne voulais pas faire un portrait à la gloire de l’écrivain mais rendre compte que toute personne a des failles, plus ou moins pardonnables.

Isaac Asimov est une figure de premier plan de la littérature de science-fiction , il a inspiré de nombreux lecteurs de par le monde , dont votre serviteur.

Même si son style n’est pas consensuel, il aura participé à donner ses lettres de noblesse au genre en creant des univers qui se sont développés au-delà du temps humain.

Il aura su établir les bases de la robotique fictionnelle d’une manière si fine et poussée ,  quelles sont arrivées dans notre monde.

Et ça c’est certainement le meilleur hommage qu’il pouvait lui être rendu.

Je vous donne rendez-vous dans un mois pour un prochain numéro de vous reprendrez bien un peu de science-fiction ?