L’Union européenne se penche aussi sur l’environnement. Le changement climatique, la chute de la biodiversité, les pollutions et leurs impacts sur la santé humaine sont des sujets transversaux qui concernent tous les pays de l’UE et tous les domaines de la politique commune. Le pacte européen – green deal – concrétise les mesures qui sont prises dans ce domaine.

Une fois par mois dans Lem, retrouvez l’actualité européenne avec l’association Breizh Europe Finistère

Suivez la page Facebook de Breizh Europe Finistère 

Par Paul Passerat, membre de  Breizh Europe Finistère

Le Pacte vert européen est une série d’initiatives politiques afin de rendre l’Union européenne neutre climatiquement en 2050 qui fut initiée le 11 décembre 2019. Il s’agit
d’une réponse à des problèmes environnementaux qui vont s’empirer au cours du temps qui sont scientifiquement approuvés. Ces mesures s’articulent autour de trois objectifs, à savoir
des émissions de gaz à effet de serre nulles en 2050, une croissance qui utiliserait moins de ressources fossiles, et ne laisser personne de côté, c’est-à-dire en acceptant que certains pays
sont moins développés que d’autres et sont tributaires d’énergies plus polluantes, c’est par exemple le cas de la Pologne. Ces initiatives sont portées par la Commission européenne et
balayent l’ensemble des secteurs économiques : aussi bien la pêche, le transport, l’agriculture et l’énergie. Concrètement, cela se traduit notamment par des investissements dans des technologies respectueuses de l’environnement par un soutien à l’innovation dans l’industrie, par un déploiement des moyens de transport privé et public plus propres, plus abordables et
plus sains, un secteur de l’énergie moins dépendant du carbone, une amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, un travail avec des partenaires internationaux pour améliorer les normes environnementales mondiales. Il faut bien comprendre que ces approches sont multidimensionnelles et cela prendrait la forme d’une transition de l’économie, qui serait à terme plus propre et circulaire, et enrayerait le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. Ainsi ce serait 25% du budget de l’Union européenne qui serait consacré au climat.
Ces mesures furent d’ailleurs un argument de campagne pour Ursula Von Der Leyen l’actuelle présidente de la Commission Européenne. Il s’agit d’un changement colossal dans
la manière de penser l’environnement, ainsi Jean Claude Juncker, l’ancien directeur de la Commission Européenne, lors de son dernier discours n’a pas évoqué une seule fois le climat. Son élection va replacer au centre l’écologie et les mesures environnementales.

La transition par les aides financières

Grâce à un fond appelé le “Fond de Transition Juste”, l’Union Européenne prévoit de rendre la transition plus facile pour certains pays. Car en effet les pays ne sont pas
développés de la même manière d’un point de vue économique et l’UE prévoit de donner à tous les capacités et les moyens nécessaires pour permettre cette transition. Ainsi, une partie
des financements doivent être solidaires et doivent permettre à ces pays d’assurer leur transition.
Si les financements européens suivent cette transition écologique, il sera possible de mieux allouer les ressources et les pays de l’Europe de l’Est et notamment la Pologne pourrait se
voir allouer plus de fonds. L’Union européenne cherche ainsi à progressivement faire converger les pays et faire en sorte qu’ils adoptent de bonnes pratiques en terme d’environnement.
Une partie importante du budget sera consacré à ces mesures. Le but du Pacte Européen est de faire progresser écologiquement tous les secteurs. il est mené à la fois par la Commission
européenne et par le Parlement Européen. Tout l’enjeu de ce pacte vert c’est qu’il instaure une transition et qu’il ne soit pas abrupt, au risque alors de ne pas conduire tout le monde en même temps.

Ainsi, progressivement, des objectifs seront fixés en 2030 et 2040 afin que la transition se fasse petit à petit, ce qui aidera les Européens à créer une ligne de conduite. L’UE va aussi se
mettre à dos les partis politiques et mouvements politiques climatosceptiques. Ce pacte résulte de changements politiques profonds, une conscience écologique qui gagne progressivement le coeur de l’Europe, comme en témoigne le résultat des élections européennes de 2019. Les partis écologistes disposent aujourd’hui de 74 sièges au Parlement Européen. Ces résultats ont ainsi montré qu’il y avait des attentes en terme de mesures environnementales. En France, et vous l’avez déjà sûrement constaté, les programmes des différents candidats sont plus verts, chaque parti a intégré la dimension écologique.

L’autonomie des Etats-membres et la question de l’énergie

Depuis le Traité de Lisbonne, l’énergie est une compétence partagée, c’est-à-dire que l’UE peut décider de légiférer à la place des Etats mais les pays gardent le contrôle de leur mix
énergétique.
Plusieurs Etats ont d’ailleurs critiqué le Pacte vert européen. Les deux détracteurs principaux sont la Pologne et la Hongrie. Prenons l’exemple de la Pologne, 80% de son électricité
provient du charbon, à cause de cette dépendance, il lui est plus difficile de répondre aux objectifs du Pacte vert européen. Mais, les attentes sont importantes aussi dans ces pays, beaucoup de manifestations ont eu lieu dans ce pays par exemple afin de demander à avoir une énergie plus verte. Les populations se plaignent par exemple de la pollution de l’air qui a lieu dans ces pays. Le gouvernement pourrait se tourner vers des énergies vertes, cela suit aussi la mouvance de ce pays, à savoir, l’augmentation du prix du charbon, car il faut forer toujours plus profondément. Cela concerne 80 000 emplois (de mineurs) et il faut un accompagnement pour ces emplois.
La Pologne est la première receveuse du budget européen, l’Europe va progressivement lui diriger ces investissements vers des énergies plus vertes afin de compenser le coût supplémentaire de certaines énergies durables. Car effectivement investir plus durablement c’est parfois plus cher et l’Europe doit accompagner les pays pour compenser ce coût supplémentaire. Ainsi, une bonne allocation de ces fonds permettrait de progressivement rediriger les capitaux vers des énergies plus écologiques. L’Union européenne mise plutôt sur une indépendance européenne en termes d’énergie. La Grèce pourrait être exportatrice nette d’énergie par exemple. Une solidarité pourrait ainsi naître. On ne va pas demander à chaque pays d’être indépendant énergétiquement mais l’Europe dans sa globalité pourrait l’être. L’Union européenne dans cette démarche appelle à une solidarité intra-européenne, l’Europe serait à terme énergétiquement indépendante et ainsi chaque pays pourrait compter sur d’autres pays pour importer de l’énergie électrique.
Il y a par exemple des projets offshores d’énergies renouvelables en Mer Baltique et en Mer Méditerranée, beaucoup de choses peuvent être envisagées.
Dans cette idée de solidarité européenne, les pays les plus avancés pourraient montrer la voie aux autres, en montrant la stratégie qu’ils ont mis en place pour accompagner les pays les
moins développés.

Il est intéressant de constater que des critiques émanent aussi des pays fondateurs de l’Union Européenne comme par exemple l’Allemagne ou la Belgique. Ainsi en Allemagne par
exemple, même avant le lancement de la communication de la part de le Commission européenne sur le Pacte vert, les fédérations patronales allemandes avaient dit qu’elles n’en
voulaient pas. Les Allemands ont reculé ces dernières années sur les énergies propres, changeant ainsi leur mix énergétique et développant largement le charbon. Le Pacte vert pourrait ainsi permettre un accompagnement des pays vers une transition écologique tout en les distançant progressivement des énergies fossiles. Au final, et vous l’aurez compris, devant un projet aussi ambitieux, l’Union Européenne ce doit de faire des compromis.

Une transition qui dépasse les frontières européennes et la seule question de l’écologie

Il faut tout d’abord comprendre qu’il s’agit d’un phénomène profond au sein de l’Europe, comme en témoignent les élections européennes de 2019. Le but serait d’en faire un projet dépassant le cadre européen. Ainsi à terme, les politiques commerciales de l’UE auprès des pays partenaires européens devraient permettre la diffusion progressive de
ces objectifs.
Les institutions européennes ont évidemment comme volonté que ces démarches dépassent les frontières de l’Union Européenne, en convaincant notamment les partenaires extérieurs à
produire des produits plus écologiques. Elle propose la mise en place d’une taxe carbone ou de contraintes supplémentaires environnementales pour entrer sur le marché européen.
La taxe carbone serait un mécanisme comme son nom l’indique de taxe, le prix des produits plus impactant en termes d’émissions de CO2 augmenterait. Cette augmentation de ces prix et rendrait des produits plus écologiques de ce fait plus compétitifs. Cette mesure serait évidemment inclusive et reprendrait les engagements prix par les pays ayant ratifié les
Accord de Paris. Et pour ceux ne les ayant pas ratifié cela permettrait de les inciter à prendre en considération l’impact environnemental de leurs pays.
Ces deux projets ont un objectif clair : protéger l’industrie européenne. Mais ils se mettront en place progressivement, en incitant les pays partenaires à suivre cette démarche. La taxe carbone et les normes environnementales peuvent aussi être pensés conjointement : L’UE frapperait d’une taxe les produits ne respectant pas les normes environnementales s’ils veulent
pénétrer le marché européen. Plus largement, on voit de nouvelles initiatives sur le plan environnemental au niveau international, notamment avec l’émergence d’autres acteurs comme les villes, avec le Cities Climate Leadership Group par exemple.
En ce qui concerne les Etats, les choses sont en train de bouger. Ainsi progressivement la Chine, puis le Japon et enfin la Corée du Sud se sont engagés à obtenir une neutralité carbone en 2050. Un mouvement est en place au niveau international.

Avec le Pacte vert européen l’Union Européenne entend s’approprier la question climatique qui nous pousse à repenser notre conception de l’économie. Au-delà de répondre à des problèmes climatiques de plus en plus importants, ce projet peut être un atout précieux. Dans un contexte international si l’Europe veut exister, elle peut le faire grâce notamment à ces avancées en termes de politique climatique et écologiques. Sur la scène internationale, face à des géants comme l’Inde, la Chine ou les Etats-Unis, l’UE peut s’appuyer sur des points stratégiques pour être novatrice en termes de développement durable. Cela permettrait notamment à l’UE d’être indépendante sur le plan énergétique et ainsi de ne plus dépendre par exemple du gaz russe, et de conforter sa position internationale. Cette initiative doit donc souder les pays européens et faire transparaître une Europe unie et c’est à elle, notamment en prenant en compte les spécificités de chaque pays , de créer une dynamique vers un avenir prenant en compte les contraintes écologiques. Il s’agit d’un projet massif qui touche à beaucoup de secteurs et englobe des pays très
différents géopolitiquement et en terme de niveau de développement. Il s’agit d’un véritable défi, il convient alors à l’UE de mettre en place les politiques adaptées pour qu’il rassemble
autour d’objectifs communs.