Comment le racisme et le sexisme restreignent-ils la subjectivité des femmes noires? Comment la société voit elle les femmes noires dans le domaine de l’affectivité? Comment les femmes noires expriment-elles cette affectivité?

C’est à ces questions que Luedji Luna répond dans son dernier album Bom Mesmo E Estar Debaixo d’Agua.

Un nouvel album collaboratif et collectif

Luedji Luna a enregistré Bom Mesmo É Estar Debaixo d’Agua au Brésil et au Kenya. On retrouve ainsi dans l’album de nombreuses influences africaines. Elle y chante notamment avec des musiciens du Kenya, du Burundi et de Madagascar qui ont intégré à l’album de nombreuses sonorités jazz. L’album reste cependant imprégné de la culture brésilienne.

Sur des musiques percussives et contemporaines, on découvre la voix assurée, puissante et poétique de la chanteuse. D’ailleurs l’album ne manque pas de poésie avec pas moins de trois poètes invité.e.s. Lande Onawale, Tatiana Nascimento mais surtout Conceiçao Evaristo dans la deuxième partie de la chanson Ain’t got no. Luedji Luna a en effet repris ce classique de Nina Simone.

Le sujet de l’affectivité

Pour Luedji Luna, il est primordial d’évoquer le sujet de l’amour du point de vue des femmes noires. Selon elle, ce sujet n’est pas traité. L’album Bom Mesmo É Estar Debaixo d’Agua a été conçu pour mettre les femmes noires à la première personne, parlant pour elles-mêmes, sur elles-mêmes et sur leurs propres désirs.

Selon la chanteuse, il est attendu des Brésiliens et des Brésiliennes noir.e.s qu’ils et elles chantent sur la faim, la douleur et la tristesse. Luedji Luna a elle décidé de parler d’amour et d’affectivité pour détruire ce stéréotype. L’artiste parle alors d’amour en tant que pouvoir, en tant que combat. Elle affirme que les femmes noires doivent revendiquer et avoir le droit d’aimer et d’être aimées.

Si ses chansons sont revendicatrices, Luedji Luna ne se veut pas porte-parole d’une cause. Elle le dit elle même: «Il est clair que toutes les oppressions que j’ai subies traversent mon corps, mon existence. Mais ma musique n’est pas née au service d’un drapeau ».