Les semences qu’on dit « paysannes » sont celles que les agriculteurs sélectionnent eux-mêmes au fil des générations de cultures, à force de patience et de savoir-faire. Si elles ont presque disparu du fait du monopole des grands semenciers mondiaux, elles reviennent peu à peu, soutenues par des acteurs comme la Maison de l’agriculture bio – groupement des agriculteurs bio du Finistère.

Retrouvez régulièrement la Maison de la bio du Finistère dans Lem

Caroline Chavrier, technicienne en maraîchage au Groupement des agriculteurs bio du Finistère

Les semences paysannes sont aussi vieilles que l’agriculture. Celles et ceux qui cultivaient céréales, fruits, légumes ou plantes textiles avaient tout intérêt à conserver des graines pour les récoltes suivantes, et même à sélectionner celles des meilleurs plants pour pouvoir améliorer leur production par la suite.

La sélection des semences, un arts précieux à conserver

La sélection des semences est un travail de longue haleine, qui se fait sur plusieurs générations de plantes et qui demande aussi un savoir-faire. Il faut parfois polliniser à la main ses plants quand on veut obtenir des croisements précis (les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ou encore le vent, font ce qu’ils veulent et pas forcément les fécondations espérées…). Cette tâche a longtemps été quotidienne et inhérente à l’agriculture, jusqu’au XXe siècle quand sont apparus grands producteurs et réglementations.

Réglementation et marché des semences

C’est pour assurer une qualité – homogénéité, constance, productivité – des graines que les réglementations ont d’abord vu le jour. En France, on ne peut vendre que les semences qui sont inscrites sur un catalogue avec un cahier des charges bien précis, censé garantir un résultat au producteur. C’est certes louable mais cela a eu des conséquences négatives. D’une part, de grandes entreprises se sont emparées des semences, ont réalisé leurs propres sélections (qu’elles ont breveté pour qu’on ne puisse pas les copier) et elles ont couplé la vente de ces semences à celle des produits qui leur sont adaptés mais quasi exclusifs : engrais et pesticides. Non seulement les agriculteurs ont perdu en autonomie dans leurs méthodes agronomiques, mais ils ne peuvent plus vendre les semences qu’ils sélectionneraient eux-même puisqu’elles sont hors catalogue…
Le monopole des fabricants de semence s’est renforcé et ils ne sont plus qu’une poignée de grands semenciers dans le monde.

Ce monopole a eu d’autres effets indésirables et en particulier la perte de diversité génétique des espèces. Dès lors, les espèces, très peu variées, sont aussi plus vulnérables aux éventuelles maladies ou ravageurs, et les céréales ou légumes de catalogue s’adaptent également mal aux changements climatiques, sécheresses ou fortes précipitations.

La résistance des semences paysannes

D’où la résistance de certains acteurs. L’association Kokopelli a été l’une des premières a proposer à la vente aux particuliers des semences biologiques, libres de droits et reproductibles. Son combat a payé puisque la vente de semences paysannes aux particuliers est désormais autorisée. Les agriculteurs, bio ou pas, s’organisent à leur tour : pour se former à la sélection des semences, pour échanger sur leurs pratiques, pour produire et troquer des semences, pour bien les conserver aussi… A Plouescat, l’association Kaol kozh leur vient en aide et crée même des maisons de la semence paysanne en Bretagne, comme celle qui a vu le jour à Roscoff.

Depuis le début des années 2000, un réseau des semences paysannes s’étoffe et veille au grain. La Maison de l’agriculture bio en Finistère propose quant à elle formations et conseils technique pour réaliser ses semences paysannes.