Le Civam du Finistère passe à l’agroforesterie ! Une formation récente à ces techniques qui intègrent l’arbre au système agricole a connu un vif succès parmi les adhérents du réseau paysan. Erwan Leroux, éleveur laitier en bio à Rosnoën nous raconte son expérience dans ce domaine.

Emission mensuelle réalisée en partenariat avec le Civam Finistère 

25 adhérents du Civam ont suivi la récente formation sur les trognes, les arbres paysans, proposée par le réseau, avec l’Association française d’agroforesterie. C’est dire que le sujet est porteur. Les éleveurs notamment cherchent des solutions pour le fourrage des animaux et les arbres peuvent constituer une solution. Mais bien au-delà, l’alliance de la foresterie (la sylviculture) et de l’agriculture peut être très fructueuse !

Laurence et Erwan Leroux, éleveurs laitiers bio et déjà pionniers dans leur système de traite (mono-traite avec 2 mois d’interruption) ont commencé à s’y mettre il y a quelques années dans leur ferme de Rosnoën. Leurs 75 vaches ne sont nourries qu’au pâturage (et au foin de la ferme l’hiver). Peu après leur installation en 2002, ils se sont rendu compte que les arbres manquaient sur leur exploitation, en particulier pour abriter les vaches du vent et de la pluie froide, mais aussi les prairies elles-mêmes (du vent ou du soleil l’été).

Pour compléter les 15 espèces (graminées, fleurs) qui poussent dans les prairies, les vaches picorent aussi dans les arbres : feuilles, écorces, bourgeons…

Tous les ans, Les Leroux plantent donc quelques centaines de mètres de linéaires en essences locales achetées chez un pépiniériste spécialiste des essences armoricaines : arbres de grande ou petit taille, adaptés à différentes situations et expositions, en talus ou en haie bocagère, cet aménagement est très progressif. Il nécessite une réflexion préalable sur le milieu où est planté chaque arbre, sur l’entretien éventuel, et il faut aussi s’armer de patience.

Régulation climatique, fourrage, bois de chauffage, production alimentaire, biodiversité

Mais en plus de servir d’abris, les arbres et arbustes de l’exploitation montrent au fil des années leurs autres intérêts : écorces, feuilles et branchages sont donc une ressource fourragère, le bois peut être utilisé pour le chauffage des éleveurs qui envisagent aussi de planter des fruitiers pour à terme exploiter une récolte.

L’agroforesterie imagine en effet la complémentarité entre productions végétale et animale : elle s’envisage comme un système pérenne, avec des plantes qui vivent plusieurs années et nécessitent moins d’intrants, d’intervention humaine et de ressources. Pour les agriculteurs, il s’agit aussi de favoriser la venue spontanée de certaines espèces : ajonc, genêt, bouleau, noisetier …
Intégrer l’arbre dans son exploitation, c’est aussi améliorer la valorisation de l’espace du point de vue de la photosynthèse. Quant à la biodiversité, elle en profite aussi : chez les Leroux, les relevés de Bretagne vivante ont recensé davantage d’individus, soit une meilleure densité des espèces déjà présentes.

En matière d’agroforesterie, des connaissances et savoir-faire anciens se sont perdus avec la spécialisation et l’industrialisation de l’agriculture. Pour autant, c’est désormais un système innovant ; des chercheurs en agronomie travaillent sur ces sujets. Les éleveurs ne sont pas les seuls intéressés par l’agroforesterie : certains cultivateurs dans le Sud-Ouest de la France produisent du blé et des noix, deux récoltes sur des temps différents ; des arboriculteurs intègrent des oies, des moutons ou des poules dans leurs vergers pour prévenir la venue de certains parasites.