Aujourd’hui avons des invités un peu particuliers, à la fois espiègles et redoutables : les korrigans, ces lutins que l’on ne trouve qu’en Bretagne. Nous les décortiquons pour vous (façon de parler bien sûr) afin de vous permettre de les éviter soigneusement…

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A la différence des Teuz (lutins) que nous verrons dans l’émission de la semaine prochaine, les korrigans sont noirs de peau avec des yeux rouges. Ils vivent dans la nature, sous la terre et toujours en tribus sous l’autorité d’un roi.

Des noms différents pour les korrigans selon les lieux du Finistère

Selon René François Le Men dans un article de la Revue celtique en 1875, les traditions les plus populaires de la Bretagne sont celles qui se rapportent aux Korrigans que lui appelait les nains. Elles sont répandues dans toutes les communes où l’on parle le breton, mais ces êtres mystérieux y sont désignés sous des noms différents suivant les localités. Dans le département du Finistère, on les nomme généralement Corrikêt, pluriel de Corrik, diminutif de Corr, sur la limite sud du département, ils sont appelés Corniganed, et même Torriganed. Dans une partie des Montagnes-Noires, surtout à l’est de la ville de Châteauneuf-du-Faou, on les appelle Corrandoun ou Corrandon, ce qui signifie « Nain des (lieux) profonds ». On les désigne encore sous le nom de Boudiked, dans une partie des montagnes d’Arrée. Il existe, tout près du bourg de Brennilis, en la commune de la Feuillée, une belle allée couverte que l’on nomme dans le pays Ty-ar-Boudiked, maison des Nains.

Des caricatures d’humains qui vivent sous les dolmen et autres pierres

Toujours selon M. Le Men, les korrigans forment en quelque sorte la transition entre l’homme et les êtres surnaturels. Comme lui ils naissent et meurent sur la terre où ils vivent en société sous l’autorité d’un chef de tribu. Toutes les tribus des korrigans sont sous l’autorité d’un roi dont le palais souterrain creusé dans la roche se trouve à Trezmalaouen, en bordure de la baie de Douarnenez entre Plonevez-Porzay et Kerlaz. Ils sont conformés comme les hommes dont ils ne sont cependant que la caricature.

En effet, sur un corps noir, très-petit et mal fait, ils portent une tête énorme et hideuse, mais ils sont doués d’une force sans limites. Leurs demeures sont placées le plus souvent sous les Dolmens que l’on nomme presque partout en Basse-Bretagne Ty-Corriked, « maison des Nains, » ou Loch-Corriganed, « loge des Naines », demeures qu’ils balayent toutes les nuits avec le plus grand soin.

D’autres ont leurs habitations dans les cavernes naturelles, sous les menhirs et sous les larges pierres plates que l’on rencontre fréquemment dans les landes isolées. Ils y vivent dans la terre « comme les lapins dans leurs terriers. » On ne les voit ordinairement que le soir sur la lisière des bois sombres, au milieu des bruyères désertes ou au sommet de rochers élevés. Ils redoutent le froid et ne sortent guère de leurs demeures souterraines pendant l’hiver.