Après les korrigans, traquons d’autres lutins qui peuplent le légendaire de Cornouaille : teuz, poulpicans, et autres morgans, plus souvent malveillants qu’à leur tour.

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Nous avons donc fait la connaissance la semaine dernière des plus célèbres lutins de Cornouaille : les korrigans. Tellement célèbres que leur nom a éclipsé tous les autres pour désigner les membres du petit peuple.

Mais les korrigans n’étaient pas les seuls à fouler la terre des hommes. Ainsi, tout comme eux, les poulpicans sont des lutins qui ont leur terrier dans des lieux froids et humides. A la différence des korrigans, eux ne sont pas noirs de peau et ressemblent plus à des humains en modèle réduit. Ces poulpicans, passaient pour être les maris des fées et les génies de la terre. On en trouvait partout où il y a des monuments druidiques. Ce sont eux qui faisaient entendre une clochette dans les bois pour tromper les petits pâtres qui cherchaient leurs chèvres égarées. Lorsque les jeunes filles revenaient trop tard du pardon ou des veillées, c’est aussi eux qui les saisissaient par le bras et embrassaient leur cou potelé.

Sur les chemins de Cornouaile, les Duzic Noz étaient, quant à eux, de petits lutins cornus avec des sabots de bouc et portant une bourse mystérieuse à leur côté. Si vous veniez à les rencontrer, ils vous posaient une énigme à résoudre. En cas de bonne réponse ils vous donnaient une pièce en or qu’ils prenaient dans leur bourse, sinon ils se contentaient de disparaître.

Attention à ne pas vouloir prendre la bourse d’un lutin, vous seriez sujet à mille tracasseries.

Petites créatures attachées à des lieux particuliers

D’autres petites créatures étaient associées à un lieu particulier, ainsi la « skuberez noz » ou balayeuse de la nuit, balaie-t-elle nuit après nuit, les marches du calvaire de Plougastel-Daoulas. La Jibilen-Noz, elle, entretient les tombes du cimetière de l’ile de Sein.

Le Teuz ar Pouliet, lui, est un lutin farceur habillé de vert et portant de belles guêtres. On l’appelle aussi parfois « Viltanson ». Il est l’espiègle de la mare. Ses farces tournent autour de son apparence, qu’il peut modifier à volonté. Son péché mignon est de se rendre invisible, mais il aime aussi éclabousser de boue le linge des lavandières, de préférence une fois qu’il est propre évidemment. Il peut également se montrer lubrique.

Puisque nous sommes près des étendues d’eau, les lutins feux follets, appelés « Letern Noz » (lanterne de nuit), « Tan Noz » (feu de nuit) ou « Kelern » (follet) font perdre son chemin au voyageur et le conduisent dans un étang ou un marais pour qu’il se noie.
Aux environs du Cap Sizun les « Corriks », eux, se promenaient le soir sur la lande et sur les dunes en prenant l’apparence de feux errants. Ils cherchaient à attirer les voyageurs imprudents hors des sentiers battus, vers des marais où ils se noyaient mais aussi les bateaux en mer vers des récifs.

Pour conjurer ces petits êtres, un karsprenn (petite fourche de bois pour nettoyer le soc de la charrue) est utile ou un couteau dont la lame à moitié ouverte forme un angle aigu.

Dans les forêts et les bois de Cornouaille se trouvent les Cornikaneds, de petites créatures nommées ainsi non pas à cause des petites cornes qu’elles ont sur le front mais parce qu’elles portent en bandoulière un cor dans lequel elles soufflent pour guider le voyageur perdu et le remettre sur le bon chemin. Elles ne le font pas par bonté d’âme mais parce qu’elles n’aiment pas trop voir les humains dans leur forêt et souhaitent les en voir partir le plus vite possible.

Dans les maisons : boudic et teuz

Rapprochons-nous maintenant des maisons des hommes et des petits êtres qui s’y cachent. La Casprenn peut être également utile contre les Torrigans pour les empêcher de venir accaparer les chevaux qui se trouvent à passer la nuit dans leur écurie. D’autres lutins, en Cornouaille, étaient par contre spécialisés dans l’entretien des chevaux à ces mêmes écuries. On les appelait Boudic ou Bom Noz dans le Quimpérois. Ils passaient leurs nuits à tresser les crinières.

A l’intérieur des maisons se trouvaient les teuz qui aidaient la ménagère à tenir son foyer. Il n’était pas rare de trouver à son lever des travaux effectués sans que quiconque d’humain y soit pour quoi que ce soit. Pratique n’est-ce pas ? Il fallait par contre, le soir suivant, remercier ce petit auxiliaire si précieux en laissant un petit quelque chose à manger près de la cheminée. Si par malheur on venait à oublier, le teuz mettait toute la maison sans dessus-dessous pour se venger.

On pouvait hélas trouver des créatures encore moins sympathiques dans les maisons : les kevnid-noz ou araignées de la nuit. Il s’agissait de teuz maléfiques se transformant en grosse araignée poilue pour se laisser tomber dans le berceau des enfants et les étouffer. Pour protéger les bébés de ce genre de créatures, la solution la plus efficace restait encore de mettre ce fameux Casprenn dans le berceau.

Les lutins de l’île de Sein

Le long des côtes de l’ile de Sein, on voit, le soir, des feux courir sur les landes et les dunes. Ne les appelez pas, car à peine le mot sorti de votre bouche, ils seraient sur le plat-bord, et malheur à vous ! il faudrait vous crocher avec eux : ce sont des lutins qui cherchent toujours quelqu’un pour se battre. A Kelaourou, vers l’île, ce sont les Begou-Noz, feux qui voltigent et parlent : ils répètent toujours les paroles qu’ils entendent.

Dans l’océan existent aussi de petites créatures : les Morgans à ne pas confondre avec les Mary-Morgans qui sont des fées de la mer. Les membres des Morgans vivaient dans la mer ou dans des grottes. Ils avaient forme humaine mais étaient d’une taille comparable à celle des korrigans, soit 1 pied de haut (environ 30 cm).