Blequin – alias Benoît Quinquis – pratique la caricature d’actualité avec une grande constance. Il vient de publier son deuxième recueil de dessins satiriques : Y a trop de monde sur la Terre !  Il nous raconte cet art de croquer ses humeurs et partage avec nous l’autre versant de sa vie : la philosophie.

Y a trop de monde sur la Terre ! de Blequin, préface de Jean-Claude Gardes, 150 pages, 17 euros, édité par Y.I.L.

« La philosophie n’est pas une méthode de bien-être ni de développement personnel et n’aide pas forcément puisqu’elle consiste à se poser des questions , en revanche, ça aide à ne pas succomber aux escroqueries intellectuelles «  Benoît Quinquis l’affirme avec force, ce n’est pas parce qu’il est docteur en philosophie qu’il traverse avec sérénité la crise actuelle. De toute façon, il est docteur en philosophie antique, spécialiste de Platon et… d’Albert Camus parce qu’il estime qu’il est l’un des rares à avoir compris la philosophie grecque.

Biberonné à la BD

Et donc, sous l’identité de Blequin, il croque, il pratique le dessin satirique depuis de nombreuses années. Benoît Quinquis a grandi entouré d’un millier d’albums de bande-dessinée et appris à y lire ; il a été lecteur de Spirou, il est toujours abonné à Fluide glacial. Il a aussi été bercé par Les Guignols de l’info qui lui ont donné ce goût de la critique sociale par l’humour.

Ses maîtres en matière de dessin : Cabu, Reiser et Siné pour la caricature de presse, Franquin « le Mozart du dessin », Hergé pour la ligne claire ou encore Turk.

Humeurs sur l’actualité humaine

Quant à « Y a trop de monde sur la Terre !  » c’est une phrase qui lui vient souvent face aux incivilités – pour ne pas dire à la bêtise – de ses semblables et c’est ainsi qu’il dessine, dans un mouvement d’humeur, en réaction à des faits d’actualité ; pas pour changer le monde. Blequin sait qu’il ne fera pas disparaître le racisme avec ses dessins, mais il aime à penser qu’une personne ou deux pourrait revoir ses positions … ce serait déjà ça.

Marine Lepen, Bernadette Malgorn, les « gros beauf racistes » à la Cabu sont ses têtes de turc favorites. Il s’applique à ridiculiser les idées d’extrême-droite, la haine, à traduire son admiration pour les migrants, à épingler les travers des grands de ce monde ou même des « petites gens » car ce serait leur manquer de respect que de ne pas leur signaler qu’ils peuvent être des cons. En revanche, il dessine peu la pandémie « parce que je n’y peux rien ».

Blequin souffre parfois de traversées du désert, parce que son autisme Asperger le rend hypersensible aux événements personnels (deuils) ou collectifs (le 2e confinement), mais l’essentiel est qu’il y ait un rebond : dernièrement, la défaite de Trump a réveillé son dessin. Il croque parfois la littérature : celle qu’il aime (Amélie Nothomb) ou celle qu’il n’aime pas (Michel Houellebecq).

Lui ne s’interdit aucun sujet mais il déplore la frilosité des journaux qui publient avec des pincettes les caricatures de presse ou s’autocensurent. Certes, le dessinateur peut s’exprimer sur le web, comme il le fait sur son blog, mais cela ne permet pas de gagner sa vie…

En plus de dessiner, Blequin écrit ; l’écriture transmettra davantage ses expériences personnelles et ses ressentis que ne le ferait le dessin.

Quand c’est possible, il donne des conférences, intervient dans des colloques ou des séminaires sur Platon ou Camus.