Attention, cette semaine, nous allons rendre visite aux seigneurs incontestables et incontestés des légendes de Cornouaille : les dragons !
Et oui il y avait des dragons en Cornouaille bretonne.

Suivez la page Facebook de la Maison des contes et légendes de Cornouaille

Comment se fait-il qu’il y ait des dragons dans les légendes de Cornouaille ? Cela vient sans doute de la religion celtique et de l’affrontement fratricide entre les dioscures, les dieux jumeaux Cernunnos et Lughus qui passent l’année à se combattre et à se disputer la déesse Bélisama. La bataille se déclenche à l’équinoxe de printemps. Lugus-Bélénos et Cernunnos s’affrontent d’abord sous la forme de différents animaux jusqu’à prendre celle de deux dragons à Beltane : blanc pour Cernunnos et rouge pour Lughus dans une bataille tellement violente que leur père, le dieu Sucellus, doit intervenir pour les empêcher de détruire l’univers. C’est sans doute pour aider le dieu Lughus que les druides celtiques allumaient des feux à Beltane, une tradition qui se christianisera avec les feux de la saint Jean. Finalement Lughus et Cernunnos s’affronteront par armées interposées.

Dragons des airs et des mers

En Cornouaille légendaire, il faut bien le dire, les dragons étaient essentiellement de deux sortes :

Aériens d’abord, car l’on considérait que les vents étaient des dragons qui habitaient dans des châteaux au-dessus des nuages. Lorsqu’un paysan soulevait sa faux en pleine tempête il n’était pas rare de voir tomber des écailles ou une griffe.

De plus quand un bateau était pris par un tourbillon, on disait qu’il avait été pris par la queue du dragon. La couleur de ces dragons des vents variait avec leur direction d’origine. Les dragons-vents du sud étaient jaune-orange ou dorés, ceux de l’ouest étaient bleus, ceux de l’est étaient verts et ceux du nord étaient blancs.

Maritimes ensuite. Ces dragons aquatiques apparaissent dans la légende de la ville d’Ys dont la princesse magicienne Dahud demande à l’océan de lui donner des dragons. Un par famille de sa ville dont la mission serait d’aller couler les navires au large et d’en ramener la cargaison afin que les gens d’Ys n’aient pas à travailler. En échange elle promet un sacrifice humain à l’océan par dragon. L’océan va lui en donner mille, faisant d’Ys la cité aux mille dragons.

Fondation draconienne pour l’abbaye de Daoulas

Un autre dragon aquatique apparait aussi dans la légende de la fondation de l’abbaye de Daoulas. Vers 550, ayant appris que les supérieurs des monastères de Cornouaille, dont saint Jaoua, s’étaient réunis non loin de ses terres pour conférer ensemble, un seigneur païen du Faou se fit accompagner d’une bande de soldats et enfonça les portes de l’église où se trouvaient les tenants de la nouvelle religion. Saint Tadec (ou saint Tudec) fut massacré sur l’autel. Saint Judulus eut la tête tranchée au moment où il s’enfuyait vers Landévennec.

Jaoua fut assez heureux pour pouvoir regagner sain et sauf Brasparts. Cependant Dieu vengea ses serviteurs. Un dragon horrible sortit de la mer et ravagea le bourg du Faou puis ses environs. Le seigneur devint la proie d’un esprit malin, et il fallut toute la puissance de saint Pol, évêque du Léon, pour vaincre le monstre et guérir le meurtrier.
Celui-ci, devenu chrétien, en réparation de son crime, fonda le monastère de Daoulas, ou monastère des deux plaies, des deux douleurs, au lieu même où saint Judulus avait été assassiné par lui.

A Morgat près de Crozon, si l’on met une plume de poule et une plume de coq rouge et noire dans un bol de lait, on obtient un petit lézard blanc à huit pattes, mais personne n’ose le faire car ce petit lézard est insatiable et devient vite un dragon que l’on ne peut plus contrôler.