Cette semaine, il faudra encore faire preuve de prudence car l’émission vous emmène dans la Cornouaille des sorcières et des sorciers. Une émission consacrée à la sorcellerie donc.

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Pas de chasse aux sorcières en Bretagne médiévale

La sorcellerie en Cornouaille bretonne résulte principalement de la dégénérescence des pratiques religieuses païennes. Contrairement aux autres régions de France, il n’y a pas eu de grandes chasses aux sorcières en Bretagne, les habitants ayant conservé une certaine proximité avec l’ancienne religion à travers la pratique d’un catholicisme particulier et très empreint de superstitions jusqu’à la reprise en main jésuite à l’occasion de la contre-Réforme des 17ème et 18ème siècles.

Les sorciers et sorcières existent encore aujourd’hui en Cornouaille, même s’ils se font de plus en plus rares et de plus en plus discrets. Pour ne pas les gêner dans leurs pratiques, nous nous contenterons, dans nos émissions consacrées à la sorcellerie par chez nous, de n’évoquer que les pratiques et les mythes les plus répandus.

Les veuves, mendiants et les marginaux étaient connus en Cornouaille comme jeteurs de sorts. Il en allait de même pour les gens du voyage toujours soupçonnés de sorcellerie. Certaines conditions de naissance pouvaient également prédisposer à certains pouvoirs magiques. Autrefois au Cap Sizun, on se méfiait des enfants dont la mère était morte en couches ou de ceux qui séjournaient sous le porche d’une église sans avoir reçu le baptême. remettre les enfants au sein quand ils avaient été sevrés (en cas de famine par exemple) les prédisposaient aussi à jeter des sorts. En Cornouaille, la sorcellerie était même pratiquée par les prêtres.

Agrippa,  vif ou égremont

Pour lancer un sort, il fallait un « agrippa, un vif ou un égremont », ainsi nommait-on les grimoires de sorcellerie suivant les coins de Cornouaille où l’on habitait.

L’Agrippa était un livre énorme. Placé debout, il avait la hauteur d’un homme. Les feuilles en étaient rouges, les caractères en étaient noirs. Tant qu’on n’avait pas à le consulter, on devait le maintenir fermé à l’aide d’un gros cadenas.

C’était un livre dangereux. Aussi ne fallait-il pas le laisser à portée de la main. Si un diagnostique de sorcellerie a été posé, le désenvoûtement intervient. Un diskonter (désenvoûteur) procède en 3 étapes:

– la purification

– la protection

– le renvoi du sort

Il existait également des mesures préventives contre le mauvais sort. Une pierre blanche incrustée dans un mur de maison en protège les habitants si elle est dans les fondations, au-dessus d’une porte ou d’une entrée, d’une fenêtre ou dans un angle.
A l’intérieur, comme dans d’autres régions françaises, un rameau de buis bénit lors de la messe des rameaux est également efficace. Bruit de cloches d’église.

Savez-vous, pour terminer que c’est la sorcellerie qui est à l’origine du beurre salé en Bretagne ? On mettait en effet du sel dans les barattes à beurre pour se protéger des sorciers et des voleurs de beurre. Il a été constaté par la suite que le beurre salé se conservait plus longtemps que le beurre normal. C’était une pratique répandue dans toute la France. Lorsque l’impôt sur le sel, la gabelle, fut instauré, la Bretagne fut épargnée. C’est pour cela que la coutume continua en Bretagne et pas ailleurs.