À l’occasion des 100 ans de la radio en France et des 40 ans des radios libres, le Lem fait sa fête de la radio au travers de 5 portraits de passionnés des ondes. Aujourd’hui, Danièle Belbahri nous transmet son addiction, de la radio pirate RBA (Radio Brest Atlantique) en 1981, à l’associative, en passant par une carrière sur les ondes publiques de France Bleu.

Danièle Belbahri a commencé comme journaliste, mais de presse écrite. Elle est arrivée à Brest pour travailler pour le magazine municipal. Et c’est à la mairie de la cité du Ponant que, lors des élections présidentielles de 1981, de jeunes militants socialistes ont eu l’idée d’installer une radio temporaire, prévue pour une semaine, à l’occasion de la venue du candidat François Mitterrand. Danièle était alors aussi militante féministe et c’est en tant que telle qu’elle a été invitée à s’exprimer sur les ondes de RBA, Radio Brest Atlantique. Elle n’avait commencé que depuis 15 minutes quand la police est arrivée pour interrompre ce qui était encore une radio « pirate »… L’élection de François Mitterrand en a fait une radio libre qui a perduré et dans laquelle Danièle Belbahri s’est épanouie.

Devenue salariée de RBA, elle avait bel et bien contracté le virus de la radio. Elle a œuvré derrière le micro, réalisant une émission sur et par les femmes, plutôt pionnière alors, réalisée avec les maisons pour tous : « on avait envie de parler de beaucoup de sujets à l’époque, et qui n’avaient pas forcément d’écho dans les médias officiels, comme l’écologie par exemple ». Puis elle a coordonné les très nombreux bénévoles de RBA, tous animés par une passion et une frénésie comme seule la radio peut en provoquer. « J’adorais ce côté foutraque » reconnait-elle.

Addiction forte au plaisir des ondes

Quand la mairie de Brest a changé de mains, RBA s’est éteinte, et Danièle a donc été contrainte au sevrage radio pendant quelques temps… jusqu’à ce que Radio France reconnaisse ses compétences et l’embauche comme animatrice-reporter en résidence à Brest, cette ville qu’elle connaissait si bien. Sur RBO (Radio Bretagne Ouest), puis France Bleu Breizh Izel, elle a alors pu pratiquer de nouveau la radio qu’elle aime par dessus tout, celle du terrain, de la proximité, de la rencontre avec les auditrices et auditeurs. Elle a apprécié aussi le confort matériel et, les premières années, la totale liberté de ton qu’on lui laissait. Sans oublier l’interactivité : la radio – avant les réseaux sociaux – était le seul média qui permettait une véritable interactivité, presque instantanée, avec son public. En 2017, désormais retraitée, Danièle Belbahri a pu replonger, en rejoignant les studios de radio Neptune pour une émission culturelle d’une heure tous les quinze jours.

Elle s’inquiète cependant pour l’avenir de ce média : si trois quarts des Français écoutent toujours la radio, les jeunes le font de moins en moins. L’habitude d’écoute de l’audio sans les images, est-elle en train de s’éroder ? Ou bien se reporte-t-elle sur les podcasts et webradios ? Quant à la diffusion numérique (par le web ou le dab+) Danièle se méfie de la possibilité pour des Etats et des gouvernants, de couper ces canaux de diffusion, ce qui est moins facile en FM.