Crapaud Alyte accoucheur, crédit : Emmanuel Holder

Bretagne vivante copilote avec l’association VivArmor l’observatoire herpétologique de la Région Bretagne. Il s’agit de mieux connaître les amphibiens (crapauds, grenouilles, tritons, salamandres) et les reptiles (serpents, lézards, tortues) pour mieux les protéger.

Retrouvez les informations sur l’observatoire herpétologique de Bretagne sur le site internet de Bretagne vivante et sur le site internet de VivArmor

Stéphane Wiza, naturaliste de Bretagne vivante

La Région Bretagne a lancé plusieurs observatoires dédiés aux espèces végétales ou animales de notre région. L’observatoire d’herpétologie est le dernier-né et il est coordonné par Bretagne vivante et l’association VivArmor.
Les naturalistes y auront pour mission d’accroître la connaissance des espèces concernées : serpents, lézards, tortues mais aussi les amphibiens (ou batraciens) que sont les grenouilles et crapauds et les tritons et salamandres.
 
11 espèces de reptiles et 18 amphibiens vivent en Bretagne ; dans le Finistère, un peu moins (pour des raisons de température moyenne notamment) : 7 espèces de reptiles et 12 espèces de batraciens. Quelques tortues vivent aussi dans notre région mais elles sont surtout marines…
 

Les objectifs de l’observatoire herpétologique de Bretagne

Pour mieux connaitre reptiles et amphibiens, l’observatoire est d’abord un outil d’animation et de développement de réseaux d’observateurs bénévoles, disposés à collecter et partager leurs données sur ces espèces. Données qu’il faudra classer puis valoriser et diffuser au plus grand nombre.Ces informations serviront aussi de base aux politiques d’aménagement des collectivités, afin de préserver le plus possible les habitats et conditions favorables à ces animaux, voire à restaurer les milieux qui leur sont propices. L’observatoire veille aussi au caractère scientifique du collectage de données et fait participer les différents acteurs à l’observation.

 

Des animaux pas toujours appréciés à leur juste valeur

Autant l’ornithologie mobilise de nombreuses troupes de naturalistes professionnels ou amateurs, disposés à observer sans cesse les oiseaux. Autant les reptiles, et autres animaux à sang froid suscitent moins l’intérêt, quand ils ne font pas peur ! Pourtant, eux aussi ont leur place dans l’équilibre écologique ; les serpents consomment des petits rongeurs, les lézards et batraciens plutôt des insectes. Ils sont prédateurs, mais aussi largement menacés (et pas agressifs avec les humains).

Ce sont de bonnes sentinelles de l’état des milieux naturels car ce sont des animaux très inféodés à certains milieux, humides pour les amphibiens, comme les prairies humides et les plans d’eau ; les serpents dépendent beaucoup de la qualité de la trame verte et bleue (les couloirs écologiques qui leur permettent de circuler, se nourrir, se reproduire) et donc des talus, haies bocagères, lisières de bois ; bien sûr, cela dépend des espèces : la vipère péliade est par exemple une espèce très territoriale alors que la couleuvre helvétique est très mobile.

Beaucoup des habitats prisés des amphibiens et reptiles (anciennes carrières, mares, bords de routes) sont dégradés ou disparaissent. Les chats sont aussi de grands prédateurs qui ont notamment presque fait disparaître les lézards des murailles des villes.
Une bonne nouvelle à signaler en cette année 2021, les deux espèces de vipères (aspic et péliade), qui étaient protégées partiellement, le sont totalement : il est désormais totalement interdit de les tuer (comme tous les autres reptiles et amphibiens).
 
 

Une observation participative du crapaud Alyte accoucheur

Pour faire apprécier ces animaux, les herpétologues de l’observatoire invitent le public à des opérations de science participative. En ce moment, c’est le crapaud Alyte accoucheur qui est l’objet d’une campagne d’observation à suivre dans la dernière Newsletter Herpétologie de Bretagne vivante  – Juin 2021
Ce crapaud au chant flûté a pour particularité de garder les œufs fécondés en chapelet sur son dos et de les transporter, en veillant à les humidifier régulièrement jusqu’au moment de l’éclosion, quand il dépose alors les œufs dans l’eau. Il est aussi victime d’une fragmentation de son habitat et les couples ont du mal à se former ; on suppose que la population d’Alyte peine à se renouveler mais l’observation participative permettra d’en savoir plus.

Extrait du chant de l’Alyte accoucheur capté par l’audionaturaliste Fernand Deroussen