A travers une très belle exposition, le musée des beaux-arts de Quimper nous fait découvrir ou re-découvrir le peintre qui sans doute a le mieux peint les paysages bretons tout au long de sa vie et de ses découvertes picturales : Henry Moret (1856 – 1913).

Le musée des beaux-arts de Quimper propose une exposition chronologique qui permet aux visiteurs de découvrir toute la palette des compositions de Henry Moret au cours de sa vie et de ses découvertes de différentes techniques picturales.

Ses débuts à Lorient

Originaire du Cotentin, Henry Moret découvre la Bretagne alors qu’il effectue son service militaire à Lorient en 1875. Rapidement intégré au milieu artistique local (Élodie La Villette, Ernest Corroller), il poursuit sa formation en rejoignant les ateliers des peintres parisiens Henri Lehmann et Jean-Paul Laurens. Ses premières œuvres connues datent des années 1880 et décrivent des paysages des environs de Lorient dans une veine prolongeant la leçon de Corot et des peintres de Barbizon.

Le tournant de Pont–Aven et du Synthétisme

Sa manière de peindre va connaître un bouleversement à partir de 1888. Au contact du groupe gravitant autour de Paul Gauguin à Pont-Aven et ensuite au Pouldu, Henry Moret est l’un des témoins privilégiés de l’éclosion du Synthétisme. Cet évènement majeur de l’histoire de l’art va lui permettre de renouveler son approche du paysage. Dès le début des années 1890, nombre de ses compositions se distinguent par des cadrages audacieux inspirés de l’estampe japonaise, l’apparition de larges aplats de couleurs et l’usage plus ou moins appuyé du cerne. Avec cette décennie débutent également ses longs séjours dans les îles du Ponant, à commencer par Groix dont il se fait le chantre inspiré en 1891. Si l’influence du Synthétisme est évidente sur le plan formel, elle apparaît insignifiante dans l’instillation de sujets symboliques.

Du Synthétisme à l’impressionnisme

En artiste intuitif et sensitif, Moret penche volontiers vers l’univers des impressionnistes, opérant une jonction entre ces deux mouvements opposés. La pratique de la touche rompue irrigue ainsi ses meilleures toiles des années 1890. Cette dualité assumée a sans doute intéressé le célèbre marchand des impressionnistes, Paul Durand-Ruel. Et désormais, son art va approfondir certains thèmes chers à l’art du paysage : variations des saisons, ombres et lumières, miroitements de l’océan, palpitations de la brise marine, etc., toutes recherches qui connaissent une traduction remarquable avec les chatoyants accords de couleurs qu’offre la nature bretonne.

Le peintre de la Bretagne

Henry Moret est sans doute le peintre qui aura le mieux incarné la beauté âpre ou souriante des sentiers côtiers qui bordent les rivages entre Doëlan et la pointe de Trévignon. Son œuvre connaît une ultime évolution au cours des premières années du XXe siècle. A l’instar d’un Claude Monet, notre peintre va ausculter la nature et, par une dissolution de plus en plus appuyée de la touche, tenter d’en traduire l’essence musicale et poétique. Plusieurs œuvres subtilement composées gardent le souvenir de cette admirable partition qui sublime une dernière fois les vastes horizons marins.

Esprit libre, Henry Moret a côtoyé certains des grands artistes de sa génération tout en évitant soigneusement de subir leur trop fort ascendant. Sa recherche de solitude l’a préservé des ruptures brutales tout comme elle lui aura permis d’exprimer une approche originale de l’art du paysage en Bretagne.

Une découverte tardive : l’œuvre graphique

Il aura fallu attendre le début des années 1970 et la dispersion du fonds d’atelier pieusement conservé par son beau-fils, Achille Chatenet, pour découvrir l’importance du travail graphique de Moret. Ce ne sont pas moins de 800 études et croquis traités avec une grande variété de techniques. Une autre facette du peintre, moins connue, se révèle dans cet ensemble graphique : son vif intérêt pour les petites gens des hameaux côtiers. Il observe avec justesse le monde des paysans-pêcheurs, croquant en rapides notations, pêcheuses de crevettes, goémoniers, sarcleurs, lavandières, etc.

Exposition temporaire:

HENRY MORET (1856-1913), DE PONT-AVEN À L’IMPRESSIONNISME EN BRETAGNE

Du 24 juin au 4 octobre 2021