Dans le Finistère, les poids des « déchets  verts » des particuliers dépasse largement la moyenne nationale. Pourtant, ce qu’on évacue en déchetterie pourrait largement rester dans nos jardins et devenir une ressource. Charly Rio, conseiller technique de la Maison de l’agriculture biologique et Philippe Le Bodic, jardinier engagé, nous expliquent comment.

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Dans le Finistère nous produisons 164 kg de déchets verts par habitant et par an contre 61 kg en moyenne française. Il faut dire que l’habitat individuel est plus répandu dans notre département et suppose souvent un jardin. En outre, le climat favorise la pousse des végétaux. Le problème c’est que les déchetteries n’en peuvent plus et que le traitement de ces déchets coûte 25 euros par tonne.

C’est d’autant plus regrettable que la plupart des végétaux coupés, taillés ou arrachés au jardin peuvent être réutilisés sur place, pour fertiliser, protéger les sols ou attirer les animaux auxiliaires.

Du jardin « propre » mais mort au jardin luxuriant

Philippe le Bodic assure l’entretien d’une cinquantaine de jardins à Daoulas et alentour et il déplore trop souvent le réflexe de celles et ceux qui veulent un jardin « propre ». En évacuant toute feuille, toute tonte de gazon, toute branche coupée, ces propriétaires appauvrissent en réalité leur terrain. C’est une vision que la Maison de l’agriculture biologique essaie aussi de changer pour qu’on cesse d’assimiler la beauté d’un jardin à l’ordre et à la discipline des végétaux, et qu’on se compte que c’est le foisonnement qui embellit le jardin. Philippe Le Bodic a d’ailleurs souhaité sensibiliser les usagers de la déchetterie de Daoulas par le concret : en épandant simplement de la tonte sur des parterres inutilisés où il a fait pousser des fleurs – des cosmos – pour démontrer que le « déchet » pouvait engendrer de la beauté. 

Il incite les gens dont il entretient les jardins à réutiliser le gazon tondu comme paillis, dans le compost, en apport azoté, comme couche d’une lasagne de permaculture…

Le compostage est d’ailleurs un enjeu fort de la réutilisation des résidus au jardin. Pour qu’il fonctionne bien voici quelques règles à suivre :

  • Placer son composteur près de son habitation pour qu’il soit accessible
  • S’assurer d’un bon équilibre entre matières sèches (feuilles, bois fragmenté, papier journal non coloré) et matières humides (épluchures, tontes d’herbe).
  • Vérifier qu’il ne pleut pas trop dans le compost mais qu’il n’est pas trop sec et friable non plus.
  • Remuer de temps en temps son compost avec un outil approprié pour l’aérer.
  • Si on composte des déchets de viande, poissons ou crustacés, les placer au milieu du compost et non sur le dessus.

Pour les coupes de haies, arbres et arbustes, on peut conserver les branches droites et les empiler entre quatre piquets pour créer un petit muret végétal du plus bel effet et qui accueillera aussi, si on est patient, une faune intéressante pour le jardin, c’est la haie de Benje.
On peut aussi broyer ses branches avec un broyeur à condition qu’il soit performant : l’acheter pour soi est onéreux mais on peut envisager un achat de quartier ; certaines collectivités ou associations mettent à disposition des broyeurs. Il existe aussi des aides à la location de broyeurs. Le broyat sera utilisé en paillis pour protéger le sol ou bien en compost ou en lasagne.

Jardinage circulaire et sans plastique

Quand on y réfléchit, il est absurde d’emmener ses déchets verts en déchetterie et d’acheter ensuite un terreau ou un paillis en jardinerie. Autant raccourcir le circuit et faire des économies.

Dernier point : veillez à ôter toute matière plastique de vos déchets verts (résidus de godets, de bâches, de sacs) car n’oubliez pas que ce plastique ne disparaît pas mais se dégrade en très petits morceaux qui sont ingérés par les animaux terrestres, ou par le biais du ruissellement finissent dans l’océan et sont mangés par les poissons, pour finalement se retrouver dans les estomacs humains :

Des astuces pour réduire ou exploiter ses coupes de jardin sur le site S’y mettre du Symeed.