Chaque année en octobre, ce sont les Semaines d’information sur la santé mentale. Elles visent à faire comprendre ce vaste domaine souvent sujet aux clichés voire aux peurs. Le Groupe d’entraide mutuel (Gem) de Quimper et l’Unafam 29 (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) nous aident à en percevoir la complexité.

Le blog du Groupe d’entraide mutuelle – l’Envol de Quimper et sa page Facebook

Les Semaines d’information sur la santé mentale en Finistère Sud 2021 sur le site internet de l’Unafam

Les Sism 2021 à Brest

Le site internet des Semaines d’information sur la santé mentale

 

Quand on évoque la santé mentale, comme pour la santé humaine en général, on embrasse en fait une multiplicité d’histoires personnelles et de réalités. Les Semaines de la santé mentale permettent au grand public de comprendre la pluralité et la complexité du sujet mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire tomber les idées reçues voire les tabous. Nos deux invités peuvent témoigner de ce qu’il/elle a vécu personnellement ou de ce qu’ont vécu d’autres membres de leurs associations. Orphée Recoin, est membre du Groupe d’entraide mutuel l’Envol à Quimper, une des 300 associations lancées par la loi de 2005 pour permettre aux personnes atteintes de maladies psychiques de se retrouver, d’échanger, de pratiquer ensemble des activités. Jeanne Duchêne, bénévole de l’Unafam 29 a un fils atteint de schizophrénie.

Santé mentale et troubles psychiques

On peut par exemple être atteint d’une maladie psychique comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire, et être pourtant en bonne santé mentale – stable, inséré, relativement serein – si on est bien pris en charge. Inversement, des personnes en dépression ne sont pas diagnostiquées et sont donc en mauvaise santé mentale, parce qu’elles éprouvent une souffrance, sans pour autant se savoir officiellement « malades ».

De même, le domaine psychique reste flou pour de nombreuses personnes. On le confond souvent avec le retard mental, qui lui suppose un retard cognitif, généralement identifié dès la naissance, parfois génétique comme la trisomie 21. La maladie psychique concerne quant à elle des personnes dont l’intelligence est tout à fait normale mais qui ont des difficultés à organiser, utiliser cette intelligence, ou dont les troubles altèrent la pensée et l’autonomie. Cela peut entraîner un handicap social, affectif qui isole la personne ou qui génère des angoisses impossibles à contrôler au quotidien. Bien souvent, c’est une crise – une décompensation – qui permet de poser un diagnostic pour une pathologie latente depuis des années.
De nombreux troubles du comportement, comme ceux liés à l’autisme sont du domaine de la maladie psychique, de même que les addictions (alcool, drogue, jeux) ou encore la boulimie, l’anorexie et autres rapports problématiques à l’alimentation.

Identifier pour mieux soigner et cesser de stigmatiser

Les neurosciences ont permis de faire progresser les connaissances médicales de ces troubles, et de sortir la psychiatrie d’un certain dogmatisme hérité du 19e siècle mais peu validé scientifiquement. Pourtant, le sujet reste encore flou pour une grande part de la population.

L’enjeu est de taille car la connaissance des maladies psychiques permet une prise en charge plus adaptée et plus efficace. Non seulement cette connaissance limite les errances diagnostiques et les erreurs de traitement ou de suivi médical, mais elle permet aussi éventuellement aux proches de mieux accompagner les malades et aux malades eux-même de ne pas être stigmatisés. En effet, la culture populaire réduit encore trop souvent la schizophrénie à une folie dangereuse pour la société, ce qu’elle n’est pas. On parle d’ailleurs de cette pathologie au pluriel tant ses manifestations peuvent varier d’une personne à l’autre. En outre, on estime que les troubles psychiatriques touchent environ 27% de la population française.

Enfin, reste une autre vaste question, celle de l’organisation des soins psychiatriques en France. Avant même la pandémie de Covid 19, les alertes sur le manque de soignants et d’équipements ou de lieux de prise en charge étaient déjà au rouge, sans parler des conditions d’accueil dans les services psychiatriques, du respect des droits des patients (thématique des Semaines d’information sur la santé mentale 2021).
Les assises de la santé mentale fin septembre 2021 ont apporté un début de réponse, mais pour les malades comme pour leurs proches, le chantier ne fait que commencer.