Alors que les négociations pour réformer la Politique agricole commune sont en cours, le réseau Civam et la confédération paysanne du Finistère déplorent que l’orientation européenne privilégie toujours le même type d’agriculture : industrielle et intensive, comme si les enjeux sociaux et environnementaux étaient oubliés.

Emission mensuelle réalisée en partenariat avec le Civam Finistère 

La page Facebook de la Confédération paysanne du Finistère

La nouvelle Politique agricole commune entrera en vigueur en 2023 et en attendant, la version française est en cours d’écriture ; mais les défenseurs d’une agriculture différente, à taille humaine, comme le Civam et la Confédération paysanne n’y trouvent pas leur compte. Qu’il s’agisse des aides directes au développement rural, du montant minimum pour les mesures écologiques ou d’une répartition plus égalitaire des aides, le Civam estime le projet français de Pac largement insuffisant. Les mesures semblent par ailleurs très décalées au regard des exigences climatiques ou liées à la biodiversité, ou si l’on tient compte des besoins sociaux d’une alimentation de qualité accessible au plus grand nombre.

Réforme de la Pac : rien ne change ?

Le ministère de l’agriculture avance l’argument qu’il ne faut pas « déshabiller Paul pour habiller pierre » mais l’agriculture paysanne se demande si ce n’est pas d’abord un prétexte pour ne rien changer au système de financement de l’agriculture française et européenne.

Pour l’instant, la réforme envisage toujours de subventionner davantage les plus gros, avec un « prime à l’hectare » qui favorise les très grandes exploitations (céréales notamment) et nuit même à l’emploi puisqu’une exploitation maraichère qui ferait travailler 3 ou 4 personnes sur une petite surface ne toucherait rien ou presque. Les quelques évolutions des aides à la production des toutes petites surfaces ne suffiront pas à permettre à des maraichers ou petits éleveurs de vivre de leur travail.

Des critères pour les aides « environnementales » moins exigeants

En outre, le Civam, la Confédération paysanne, mais aussi le Groupement des agriculteurs biologiques du Finistère, estiment que le projet de refonte des aides à la conversion et au maintien de l’agriculture biologique conduit davantage à détricoter ces aides qu’à les renforcer.
Ils dénoncent au passage le « greenwashing » de la labellisation HVE (agriculture à haute valeur environnementale) qui autorise la poursuite de l’utilisation des pesticides et n’a pas du tout les mêmes exigences que l’agriculture biologique, mais élargit à 80% la part des exploitations éligibles aux aides à la transition.

Production alimentaire et justice sociale

En participant au PSN (Plan stratégique national pour l’alimentation), la Confédération paysanne a proposé de plafonner les aides (pour éviter la concentration des subventions dans les mains des plus grands exploitants) ce qui permettrait d’établir aussi un plancher de subvention, suffisant pour soutenir l’emploi dans les petites fermes. C’est aussi une question de développement des territoires ruraux. Le syndicat agricole constate en tout cas que la « nouvelle Pac » poursuit une politique des prix bas qui ne permet pas aux agriculteurs de vivre décemment ; tout comme il estime inefficace la loi Egalim censée améliorer le revenu des paysans eu égard aux industries de la transformation.

Et malgré cette politique des « prix bas », le Civam constate pourtant que la question de la précarité alimentaire des populations fragiles n’est pas résolue.

Les défenseurs de l’agriculture paysanne continuent donc à souhaiter une Pac qui change les modes de production afin qu’ils soient réellement durables pour l’environnement mais aussi pour les consommatrices et consommateurs.

Les propositions « pour une autre Pac »

Une infographie de la Confédération paysanne pour comprendre la Pac