Parce qu’elle aurait bien aimé entendre elle aussi ce que c’est que vivre un cancer du sein au quotidien, Muriel Fily raconte cette expérience dont elle est sortie guérie et changée.

 

D’abord il y a l’angoisse : un sein qui se rétracte avec une rougeur sur le téton … l’attente du diagnostic, puis le choc. A 37 ans seulement, Muriel apprend (toute seule car elle ouvre le courrier des analyses avant son rendez-vous avec le médecin) qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Comment est-ce possible à son âge, alors qu’elle vit très sainement et n’a pas d’antécédents familiaux ? Rapidement, elle sait qu’elle va devoir subir une ablation de son sein, mais que son cancer est hormonal et qu’elle a de bonnes chances de s’en sortir car il n’atteint pas d’autres organes. Un mois après le diagnostic, déjà, c’est l’opération pour enlever les cellules cancéreuse. Le traitement chimiothérapique qui va suivre est destiné à s’assurer qu’on a bien éliminé toutes les cellules cancéreuses. Il est bien sûr difficile à supporter – avec son cortège de nausées, perte de cheveux, grosses baisses d’énergie – mais au moins il fonctionne bien et les médecins et soignants sont très disponibles, à l’écoute.

Face à la maladie, l’humanité, ses failles et ses belles rencontres

Il y a aussi – et surtout – les à côtés humains : la fin de son couple assez rapidement (c’est fréquent malheureusement), un petit garçon de 3 ans et demi à qui il faut expliquer la situation simplement, mais aussi les très nombreux soutiens des amis, des proches, qui se mobilisent pour aider, la Ligue contre le cancer et ses ateliers variés et gratuits qui permettent à Muriel de découvrir la danse et de « cohabiter » avec son corps, de se remettre au Qi Gong, d’apprendre à se maquiller, à nouer un foulard sur son crâne ou à porter une perruque, d’échanger sur ce qu’elle vit, de rencontrer des femmes exceptionnelles qui sont restées ses amies… Et même pendant la journée de chimio à l’hôpital, dans le « petit salon », les femmes (en soins pour différents cancers) rient tellement que les messieurs viennent voir, intrigués.

Ne pas rester seule avec sa maladie

Muriel a la bonne idée de consulter très tôt un psychothérapeute, ce qui l’aidera beaucoup pendant son traitement. Elle, si stressée, se découvre plus forte qu’elle n’aurait cru. Malgré les coups de blues, elle change de regard sur la vie. Même guérie, elle sait qu’elle devra vivre sous surveillance médicale toute sa vie, avec une hormonothérapie et un médicament qu’elle teste pour éviter une récidive. Elle a choisi de faire reconstruire son sein (ce n’est pas terminé).

Muriel a repris son travail à temps complet. Surtout, désormais, elle sent qu’elle apprécie mieux chaque instant, elle n’hésite plus à se lancer des défis et à les relever : « je me mets moins de barrières ». Ce qu’elle conseille aux femmes atteintes de ce cancer, c’est surtout d’agir vite et de ne pas s’enfermer ; d’oser faire appel à ses amis et aux associations.