Plusieurs associations de Cornouaille se regroupent autour de la défense des droits culturels. L’originalité de la démarche est d’associer des champs qui échangeaient peu jusqu’à présent : la langue, la musique et la danse bretonnes avec Evel just mais aussi les semences paysannes avec Graines de liberté et la cuisine avec Alliance des cuisiniers slow food et l’Université des sciences et pratiques gastronomiques.

Table ronde sur « L’enjeu contemporain d’une culture populaire vivante » le vendredi 22 octobre 2021 à 18H30 à l’espace associatif de Quimper

Une fois par mois dans Lem, on s’installe à la table de l’Université des sciences et pratiques gastronomiques pour s’interroger sur la cuisine, l’alimentation au sens large, de la production à la dégustation… comme phénomènes sociaux, environnementaux, économiques. Ce mois-ci, on se penche sur nos droits culturels, en matière de cuisine, mais pas seulement…

Depuis quelques années, elles se rapprochent et travaillent ensemble : Evel Just, association de promotion de l’enseignement de la langue bretonne qui organise aussi le fest noz du 31 décembre à Quimper, s’interroge sur la nourriture proposée lors de cette soirée, jusqu’à travailler avec l’Alliance des cuisinier.e.s qui défend le métier d’artisan-cuisinier, en lien étroit avec l’Université des sciences et des pratiques gastronomiques (production de connaissance pour nourrir), elle-même partenaire de Graines de liberté, producteur de semences libres de droits et reproductibles.

Les quatre associations concrétisent ce partenariat autour des questions de culture, de langue bretonne, d’alimentation, de métiers nourriciers, de moyens de production, de transition par des événements et des actions comme la table-ronde du 22 octobre 2021. Prosper Wanner, expert auprès du conseil de l’Europe sur la convention de Faro sera présent pour faire le lien entre les différents champs culturels et la question des droits culturels pour sortir de réflexions cloisonnées. L’association Dastum, par la voix de son président Gaetan Crespel, apportera également son expérience du collectage culturel et sa vision sur les droits culturels.

Une conception large, transversale et participative de la culture

L’idée collective est de définir et promouvoir une culture et un patrimoine vivants, dont les évolutions sont liées aux bouleversements sociétaux que nous vivons tous depuis le début du XXIe siècle. Déjà, on élargit donc le champ de la « culture » à d’autres pratiques que les seuls arts et lettres. Le patrimoine quant à lui est non seulement matériel mais aussi immatériel, comme le sont la musique, la danse, la langue ou les savoir-faire culinaires. Quant aux créations humaines à valoriser, elles peuvent être aussi bien artistiques et gastronomiques que biologiques, comme les semences artisanales.

Un patrimoine vivant, cela veut aussi dire que cette culture – qu’il s’agisse de musique, de danse, de semences, variétés légumières ou fruitières et savoir-faire agricoles, de cuisine ou de langue bretonne – doit bel et bien appartenir au plus grand nombre. L’idée est de lutter contre les confiscations en tout genre (les logiques propriétaires, comme pour les semences industrielles) et de valoriser ce qui « vient d’en bas » : savoir-faire semenciers ou cuisiniers, créations artistiques ou musicales, usages linguistiques… Et ce qui importe c’est que les gens, celles et ceux qui habitent un territoire à différentes échelles – Quimper, la Cornouaille, le Finistère, la Bretagne – s’approprient ce récit culturel.

Tisser des liens plutôt qu’enfermer, se tourner vers l’avenir en retravaillant le passé

Il faut envisager la culture comme ce qui unit et non pas divise ; éviter d’enfermer les marqueurs culturels dans des identités nationales étroites et belliqueuses mais bien concevoir les richesses musicales, linguistiques, culinaires ou semencières comme autant de passerelles, entre les différents domaines culturels mais aussi d’un territoire à l’autre.

En défendant nos droits culturels, il s’agit aussi de faire des choix d’avenir, en gardant à l’esprit les impératifs contemporains, notamment ceux liés à la transition écologique mais aussi à notre santé, à nos paysages (agricoles, donc culturels), nos modes d’expression et jusqu’à nos fêtes !

Actuellement association,  « Graines de Liberté – Hadoù ar frankiz » souhaite devenir une coopérative – une Scic, société coopérative d’intérêt collectif – avec le soutien de celles et ceux qui le souhaitent. Plusieurs solutions : commander des graines, rejoindre le réseau de partenaires en tant qu’artisan-semencier, participer au financement de son capital… L’enjeu est d’éviter de dépendre, demain, d’une alimentation sous contrôle des géants de la tech.