Dans le nord de la France, les personnes exilées attendent à Calais, Grande-Synthe ou ailleurs sur la côte, un hypothétique passage de l’autre côté de la Manche. Ce sont les associations locales qui subviennent à leurs besoins les plus élémentaires. Trois Finistériennes vont chaque année donner un coup de main ; elles nous racontent.

On ignore exactement combien sont les réfugiés, exilées, migrants ou quelle que soit l’appellation qu’on leur donne… Tous et toutes, de tous âges et situations, y compris des familles, ont un espoir : rejoindre la Grande-Bretagne pour s’y établir. C’est un choix qui dépend de plusieurs paramètres : le fait d’être anglophone, d’avoir déjà de la famille sur place, le fait aussi qu’il n’existe pas de papiers d’identité Outre-Manche et que les démarches d’embauche soient bien plus souples qu’en France…  Ces quelques centaines ou milliers de personnes ne comptent absolument pas rester en France mais elles attendent l’occasion de passer par camion via le tunnel sous la Manche ou sur des embarcations de fortune (bateaux pneumatiques). Inutile de préciser que ces personnes ne sont pas les bienvenues puisque le Royaume-Uni refuse de les accueillir et compte sur la France pour empêcher les passages.

Les autorités françaises mènent donc une politique des plus dissuasives : destruction des (rares) biens (tentes déchirées au couteau, smartphones brisés) et transfert des personnes loin de la côte ; on évoque alors leur « mise en sécurité » ou « mise à l’abri » pour justifier ces déplacements.

Des associations et des bénévoles comme seuls secours au quotidien

Seules les associations, mais aussi des habitantes et habitants de Grande-Synthe, Calais, Dunkerque viennent en aide aux personnes exilées : distribution de repas, vêtements ou couvertures, hébergement quelques jours, accès à l’aide médicale d’urgence si besoin, etc. Les volontaires sont les bienvenus. Il y en a toujours besoin. Depuis plusieurs années Charline, Anne-Cécile, Bénédicte se rendent régulièrement sur place quelques jours, comme mi-novembre 2021. Elles viennent pour prêter main forte, et recommencent car ces quelques jours sont aussi une aventure humaine, avec sa cruauté mais également ses bons moments. Il arrive qu’on fasse la fête, qu’on joue de la musique et qu’on danse, même dans la « jungle » de Calais. Quand on peut entrer en contact personnellement avec les exilés, c’est encore plus riche, qu’ils acceptent ou non de raconter leur histoire.

En finir avec les idées reçues sur la migration

Fortes de leurs expériences, les trois Finistériennes souhaitent aussi faire passer des messages sur les migrations et casser les discours de haine et de peur ; voici quelques liens pour comprendre que :

-L’Europe n’accueille pas « toute la misère du monde » puisque la plupart des migrations se font au plus près, sur le même continent que les pays de départ et que les déplacements vers l’Europe concernent plutôt les plus éduqués et les plus aisés financièrement https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/les-migrations-dans-le-monde/

-Entre 2010 et 2019 la hausse de population française, de 3,7 pour mille habitants, l’a été de seulement 0,4 pour mille du fait de l’immigration ; on est loin du « grand remplacement ».

-Quant au coût de l’immigration, il est nul voire négatif puisque, selon l’OCDE la contribution fiscale des personnes immigrées est supérieure aux dépenses pour leur santé, leur éducation ou leur protection sociale.

-Fermer les frontières ? C’est inefficace voire contre-productif selon François Héran, sociologue et démographe, professeur au collège de France https://www.icmigrations.cnrs.fr/2020/06/11/fermeture-des-frontieres-podcast-cnrs-francois-heran-04-06-2020/