L’Université des sciences et pratiques gastronomiques propose des formations liées aux métiers de bouche. Elle mène aussi des recherches-actions, comme cette enquête qualitative réalisée auprès de huit jeunes professionnels humanistes, en lien avec la thématique alimentaire, sur le territoire de la Cornouaille.

Une fois par mois dans Lem, on s’installe à la table de l’Université des sciences et pratiques gastronomiques pour s’interroger sur la cuisine, l’alimentation au sens large, de la production à la dégustation… comme phénomènes sociaux, environnementaux, économiques.
Ce mois-ci, on revient sur l’enquête menée par l’USPG, avec l’association Jinov, auprès de huit jeunes entrepreneuses et entrepreneurs de Cornouaille. En lien de près ou de loin avec l’alimentation, avec un engagement dans des valeurs humanistes, ils et elles ont été interrogées sur cet engagement. Il s’agit aussi pour l’USPG de surmonter les visions binaires et les clivages classiques.

Être écouté et se sentir valorisé

Chaque personne était entendue pendant deux heures, autour de son métier, les perceptions qu’elle a de son patrimoine, de son environnement, mais aussi ses convictions et l’articulation entre les deux… et de l’avis des enquêteurs, les réponses ont été généreuses, une véritable intimité s’est créée !

Juliette Quillivic est cultivatrice en agriculture biologique, anciennement maraîchère en passe de se lancer dans la culture fruitière. Elle a apprécié d’être non seulement entendue mais aussi écoutée, et de pouvoir ensuite découvrir les paroles des autres personnes enquêtées.

Claire Cariou a lancé quant à elle Côte waste une association qui vise à réduire le gaspillage et les déchets. Elle s’est rendu compte en étant interrogée à quel point l’alimentation est en effet un axe majeur de son action, qu’il s’agisse de gaspillage alimentaire mais aussi d’achat des produits alimentaires plus ou moins emballés donc plus ou moins porteurs de déchets, dans des magasins de proximité ou des systèmes de distribution plus vastes. Elle a donc réalisé que l’acte d’alimentation est aussi un acte politique.

Toutes deux ont reconnu avoir profité de cette enquête pour prendre du recul sur leur activité et leurs pratiques. La restitution de l’enquête leur a aussi permis de mesurer qu’elles n’étaient pas seules à agir dans un même sens. Cela a renforcé leur engagement.

Ouvrir un dialogue entre les actrices et acteurs de l’alimentation en Cornouaille

En tant que recherche-action, l’enquête a aussi pour but de permettre en dialogue au sein d’un territoire, la Cornouaille, entre des gens qui ne se parlent pas forcément, voire s’opposent : agriculteurs en bio et en conventionnel, transformateurs industriels et artisans des métiers de bouche, etc.

Travailler en bio est un choix que Juliette Quillivic a toujours porté sans aucune ambiguïté, tout en reconnaissant ses limites. Néanmoins, elle revendique de nombreux points communs avec les autres productrices et producteurs, quel que soit leur mode de production. Elle souhaite à présent devenir enquêtrice pour rencontrer des personnes qui travaillent dans l’agro-industrie, entendre leur point de vue et leur vision. Elle souhaite à son tour rendre l’attention qu’elle a reçu au cours de l’entretien.

Toutes les personnes interrogées ont manifesté leur souhait d’autres moments ou espaces d’expression.

Des traces et des prolongements de l’enquête

L’enquête va donc se poursuivre. Ses résultats ont déjà un impact sur les formations de l’USPG pour intégrer davantage ce « facteur humain » et le dialogue entre des professionnels qui ne se rencontrent pas forcément. Juliette Quilliviic le pratique déjà avec des restaurateurs pour leur faire découvrir les réalités concrètes de la production agricole. Les prochaines personnes interrogées seront donc sans doute issues de l’agro-industrie.

Quant à la restitution de l’enquête, elle pourra prendre la forme d’une publication écrite, d’autres émissions radios, et de formes plus faciles d’accès au grand public : du théâtre pourquoi pas ?