Dans sa quête de nouveaux modèles d’agriculture durable, le réseau Civam s’intéresse à la production en régie locale ou intercommunale. Une démarche qui existe en France depuis une dizaine d’année et que deux porteurs de projets tentent de lancer dans le Finistère.

Emission mensuelle réalisée en partenariat avec le Civam Finistère 

 

Certaines communes ou communautés de communes gèrent l’approvisionnement et le traitement de l’eau potable en régie ou d’autres services encore… La collectivité salarie les agents et investit dans l’entretien du réseau et les divers équipements nécessaires. Depuis 10 ans, la commune de Mouans-Sartoux (Alpes-maritimes) a mis en place une régie municipale sur 4 hectares achetés par la mairie et qui font travailler 3 personnes et produisent des légumes bio pour la restauration collective de la commune. 85 % des besoins de la commune sont couverts et l’opération s’est faite à budget constant. D’autres communes sont passées à la régie, sans forcément posséder les terres ; parfois ce sont des associations financées par la collectivité qui salarient les agricultrices et agriculteurs.

De l’éducation à la production alimentaire

Anciens éducateurs spécialisés à Brest, Guillaume Figuié et Antoine Autret souhaitaient se réorienter vers le maraîchage mais en utilisant aussi la production comme support pédagogique, après avoir constaté la faible qualité de la restauration collective et surtout la déconnexion entre les produits et les enfants qui les mangent… Une exploitation peut être un bon support pour expliquer de nombreux enjeux liés à l’alimentation : écologie, biologie, cuisine, logistique, etc.  Si les producteurs sont salariés d’une collectivité, ils n’ont pas à se soucier de la commercialisation de leurs produits et ont plus de temps à consacrer à ce volet pédagogique. Les deux futurs producteurs ont donc commencé à rencontrer les élus des alentours de Brest pour essayer de faire aboutir un projet de régie agricole. Ce serait le premier en Finistère. La ville de Vannes est la seule en Bretagne à en avoir créé une. Le retour d’expérience est intéressant : nécessité d’impliquer le personnel des cuisines collectives, de les former à la transformation des produits frais si besoin, choix politiques qui impliquent de réorienter les budgets, etc.

La régie locale pour favoriser les circuits-courts alimentaires

Pour une commune ou une communauté de communes, la production en régie permet en effet de fournir en produits de qualité, voire bio, la restauration scolaire ou celle d’autres établissements publics locaux. Mais les intérêts vont au-delà : préserver les terres agricoles, proposer un support éducatif, contribuer à la transition écologique.

Le Civam du Finistère est de plus en plus sollicité par des collectivités qui souhaitent restaurer des circuits courts d’alimentation, et par des porteuses et porteurs de projets qui ont connu les avantages du salariat et ne sont pas forcément inconditionnels d’un statut indépendant. La régie locale agricole est une des réponses possibles à ces aspirations. Elle peut s’intégrer dans d’autres politiques territoriales comme les Plans alimentaires de territoire (PAT) ou les Plans climat air-énergie territoriaux (PCAET). D’autres formes de soutiens communaux ou intercommunaux à la production agricole locale existent aussi comme la préemption de friches pour les réserver à un usage agricole, le soutien technique aux agriculteurs locaux, l’achat privilégié de leurs produits pour la restauration scolaire (comme le fait Rosnoën) …