Le deuxième album de Sega Bodega (Salvador Navarette), Roméo, est sorti, et il surpasse le précédent dans l’expérimentation de nouvelles idées musicales.

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Une évolution en deux albums

Sega Bodega, de son vrai nom Salvador Navarette, est Irlandais et Chilien par le sang, et écossais par le sol, mais il a fini par s’installer à Londres. Roméo c’est le deuxième album de Sega Bodega, et comme le Roméo de Shakespeare, ça va parler d’amour. Sega Bodega est DJ, producteur, et chanteur. Il a appris la musique tout seul, avec son ordi, comme pas mal de jeunes prodiges de cette génération. Pendant la pandémie de covid il sort sur Bandcamp un EP de reprises, en compagnie d’autres artistes. Et les fonds vont à « AIM COVID-19 Crisis Fund », une association qui aide les travailleurs indépendants en lien avec la musique, qui ont souffert de la crise du covid. En tout, il sort quelques EP, puis un premier album, Salvador, en 2020, avec comme sujets principaux, l’alcoolisme, la santé mentale, et l’amour. Salvador, c’est un album très direct dans les thèmes qu’il aborde, alors que son petit frère Roméo est plus ambigu, plus contemplatif. Et ça plaît à Sega Bodega, qui aime bien laisser de la place à l’interprétation dans son art.

L’album parle d’une histoire d’amour, entre Salvador, et Luci, sa petite amie mythique, faite uniquement de lumière, comme on peut la voir sur la pochette de l’album. Elle s’appelle Luci, par rapport à Lucifer, étymologiquement, c’est le porteur de lumière. Et cette idée lui est venue, pendant le shooting photo du single Only Seeing God When I Come, à la base, l’être de lumière c’était que pour ce single, mais en voyant la photo, il s’est dit, « c’est ça mon album », il a trouvé son fil conducteur.

Plus loin dans l’expérimentation

Sega Bodega fait de la musique pour lui avant de penser au public. S’il trouve que ça sonne bien il le garde, même si ça peut ne pas plaire au public. Et c’est ça qui lui permet de dépasser les limites de l’expérimentation. Roméo surpasse largement Salvador en terme d’expérimentation, et d’essais musicaux. Roméo, c’est de la musique de laboratoire. Sega Bodega a l’habitude de jouer le savant fou, il avait utilisé la toux de la chanteuse Shygirl, pour construire l’instru d’un morceau. Dans Roméo il continue de tester des trucs. Comme avec le morceau Um Um, où il compose l’instrumentale à partir de fredonnements. Le morceau s’adresse à la productrice SOPHIE, décédée récemment. Elle était proche de Salvador et son décès l’a énormément affecté. Il pense à elle tout le temps, et le retranscrit dans les paroles, « je te vois partout, même si tu n’es pas là ». Sinon, dans I Need Nothing From You, il essaie d’avoir un son qui ressemble à du gospel, et dans Cicada, avec Arca, la sonorité change encore avec un son chanté en espagnol. À l’époque du premier album, Sega Bodega n’aurait pas utilisé sa voix comme il le fait là, il aurait plutôt fait appel à d’autres artistes. Mais dans cet album, il s’est décidé à chanter. Autre chose d’assez remarquable, ce sont les mots en rapport avec la religion, même si Salvador assure qu’il n’est pas croyant. Les chansons parlent d’enfer, de paradis, de Dieu, ou d’ange.