Le logement est en soi une question complexe mais quand on souffre d’un trouble ou d’un handicap psychique quel qu’il soit, c’est encore plus délicat. Le Groupe d’entraide mutuel (Gem) de Quimper et l’Unafam 29 (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) font le point avec nous sur les besoins et les souhaits dans ce domaine en attendant le colloque prévu le 10 juin 2022 à Quimper.

Le blog du Groupe d’entraide mutuelle – l’Envol de Quimper et sa page Facebook

L’antenne Finistère sur le site de l’Unafam

 

Habiter en autonomie ne va pas forcément de soi quand on souffre d’un trouble ou d’un handicap psychique. 30 % des personnes concernées vivent encore avec un proche, généralement leurs parents, même à l’âge adulte, situation qui n’est pas forcément choisie (dans le Finistère 27000 personnes vivent avec trouble psychique). En fait, selon le baromètre que réalise l’Unafam chaque année, 89% n’ont pas accès à des logements adaptés à leurs besoins réels.

Les troubles psychiques et leur impact sur le quotidien

Évidemment ces besoins sont très variables selon les typologies de troubles psychiques. Une personne en dépression peut avoir du mal à se préparer des repas, à gérer sa consommation d’alcool ou de psychotropes, à entretenir son intérieur. Certaines maladies rendent quasiment impossible la vie en autonomie (comme quand on souffre du syndrome de Diogène qui se traduit par l’impossibilité de jeter et l’accumulation de déchets). Souffrir d’un trouble psychique suppose parfois qu’on a du mal à s’approprier un lieu, le symboliser et se le rendre agréable donc à s’y ancrer ; jusqu’à devenir sans domicile fixe (de nombreuses personnes qui vivent à la rue souffrent de troubles psychiques) ; d’autres personnes ont des difficultés d’organisation ou ont peur de sortir et de se confronter aux autres, et faire des courses leur est très difficile….

Des habitats adaptés trop rares

Il existe des formes d’habitats qui permettent une autonomie tout en assurant un suivi médico-psychologique et social  ; les Maden en sont un exemple (Maison d’accueil, d’accompagnement et d’entraide mutuelle). C’est un mode d’habitat pérenne qui conjugue logement individuel et temps d’échanges collectifs, avec un accompagnement. Mais il n’en existe que trois dans le Finistère et elles sont bien entendu complètes. D’autres maisons d’accueil et structures mixtes existent mais en nombre insuffisant. Au point que certains jeunes handicapés psychiques qui ont grandi en Institut médico-éducatif y restent alors qu’ils sont adultes parce qu’ils n’ont pas de place dans un foyer pour adultes adapté à leur situation (idem à l’hôpital).

Des ressources économiques limitées et la solitude

Le problème est souvent aussi économique : seul un tiers des personnes qui souffrent de troubles psychiques peuvent travailler. L’allocation adulte handicapé (AAH) ne couvre pas toujours les frais de loyer ; en outre, elle est versée non pas individuellement mais en fonction des ressources du foyer, ce qui fait que des personnes qui souhaiteraient vivre en couple vivent séparément pour ne pas perdre leur AAH.

La solitude marque d’ailleurs souvent la vie des personnes malades psychiques. Si beaucoup vivent de fait seules, le problème est le manque de recours extérieur, notamment dans les zones « blanches » où aucune offre n’existe, ni même la proximité d’un psychiatre ou d’une association comme le Gem (Groupe d’entraide mutuel).

Les malades et leurs proches demandent donc davantage de propositions intermédiaires entres les structures orientées vers le « tout sanitaire » et le logement en « totale autonomie ».  Les enjeux sont importants : le logement adapté participe, si ce n’est à la guérison, à l’insertion et l’inclusion des personnes dans la société ; la maladie psychique n’entraîne pas fatalement une coupure du reste du monde.