Quand il était enfant, David Duvollet ramassait des silex taillés à la pointe du Van. Devenu adulte, et autodidacte, il s’est passionné pour l’archéologie, en particulier la préhistoire des chasseurs-cueilleurs. Au point d’être aujourd’hui prospecteur, autorisé par l’Etat à repérer des indices et sites archéologiques qu’il signale aux professionnels, dans le Sud Finistère et le Morbihan. 

David Duvollet présente une exposition de son travail à la mairie annexe d’Ergué-Armel à Quimper jusqu’au 25 février 2022. Pour une visite guidée, contacter la mairie, tél. 02 98 52 02 00.

De son enfance à la pointe du Van en quête de silex préhistoriques, David Duvollet a gardé sa passion pour les pierres taillées. D’où sa prédilection pour la préhistoire, « l’âge de pierre », même s’il connaît désormais aussi les traces céramiques ou métalliques des activités humaines du passé.

La prospection diachronique en archéologie

C’est en découvrant dans son jardin des traces de bas-fourneaux  – que les Gaulois utilisaient pour la métallurgie, 330 ans avant Jésus-Christ – que David a découvert cette activité de prospection archéologique. Cécile Le Carlier, archéologue du CNRS l’a donc informé que des bénévoles pouvaient être autorisés à pratiquer la prospection diachronique, autrement dit le repérage à pied, des traces du passé du Paléolithique inférieur (-2 Millions d’années) au Moyen Âge.

L’archéologue amateur a dû gagner la confiance des professionnels, qu’il a rencontrés plusieurs fois au Centre départemental d’archéologie du Faou, avant d’être assermenté et donc autorisé à prospecter le territoire du Sud Finistère et du Morbihan. Les chercheurs orientent ses prospections le cas échéant, mais David Duvollet se fixe aussi des défis : trouver des sites préhistoriques en Centre-Bretagne, là où le silex était bien moins présent. En effet, le rare silex breton est au large (les filons sont engloutis) et donc ramené par l’océan. Les prospections de silex taillé sont donc plus fructueuses près des côtes. Pourtant, les chasseurs cueilleurs du paléolithique ont sillonné tout le territoire, y compris l’intérieur des terres, notamment en remontant les cours d’eau. David Duvollet prospecte d’ailleurs souvent le long des rivières… Et il trouve ! Il compte pas moins de 200 sites à son actif : abris sous roches et autres bivouacs, des pointes de flèches fines et petites (les nomades évitaient de s’encombrer de lourds outils), des nucléus (noyaux de silex, mis en forme pour en extraire des éclats, des lames, comme ci-dessous)…

David Duvollet a beaucoup suivi les traces des humains paléolithiques du côté de Gourin et Roudouallec. Il est aussi fier d’avoir découvert les premières traces de néandertaliens à Quimper.

Ce passionné s’est formé tout seul à l’identification des outils, des techniques de taille, des matériaux. En autodidacte, il s’est plongé dans les livres et peut aussi compter sur ses dix années d’expérience et de prospections, qu’il mène généralement le week-end, une demie-journée par-ci par-là. Il doit veiller à bien situer les objets trouvés dans leur contexte (à noter les relevés précis, prendre des photographies). Chaque année en décembre, il remet à la Direction régionale des affaires culturelles un rapport de prospection très détaillé (celui de 2021 comptait 350 pages ! ). Son travail sur le mésolithique a même donné lieu à une publication scientifique, ce dont il n’est pas peu fier.

Immersion dans la nature et dans la tête des chasseurs-cueilleurs

S’il connait très bien les outils en pierre, le prospecteur est aussi capable d’identifier des céramiques, des scories métalliques… En revanche, il ne connait pas les monnaies antiques ou médiévales. Quant au repérage des sites intéressants, David se fie à son observation fine de l’environnement : les éléments, les coins exposés et abrités, l’humidité, les passages d’animaux sont autant de points avec lesquels les humains préhistoriques composaient en permanence. Cette immersion dans la nature et « dans la peau » des chasseurs-cueilleurs, c’est aussi ce qui fait le plaisir de la prospection pour David. Quant au plaisir de la découverte « c’est pour l’histoire de notre humanité, que cela ne soit pas perdu, et pour les partager ».

Un publication de David Duvollet sur le Mésolithique (- 9600 / – 6000) en Cornouaille