Vue sur la rade depuis le Rocher de l’impératrice – crédit : Raphaël Zaugra-PNRA

Le Rocher de l’impératrice à Plougastel-Daoulas est exceptionnel en Bretagne pour la période de l’Azilien (il y a 14500 ans) ; on y a trouvé des plaques gravées qui marquent une transition entre deux périodes artistiques de la préhistoire. Ce site majeur du Géopark d’Armorique va donc bénéficier d’une valorisation numérique et muséale financée par l’Europe.

Le site internet du Géopark d’Armorique et la page Facebook du Géopark d’Armorique

Le site internet du musée de la fraise et du patrimoine de Plougastel-Daoulas

Les traces les plus anciennes d’occupation humaine du site remontent à une période où le climat armoricain était rude : à la fin du Paléolithique, ère des chasseurs-cueilleurs au Tardiglaciaire, il y a 14500 ans. Juste après la dernière période glaciaire, quand la tendance générale est au réchauffement, entrecoupé de rapides périodes de refroidissement. Le niveau marin est plus bas qu’aujourd’hui, la mer est alors à 50 km à l’ouest du site actuel et le rocher domine une plaine de steppe parcourue par le gibier (chevaux, cervidés, aurochs). Les hommes ont laissé sur place quelques résidus de taille d’outils en silex, essentiellement des pointes de flèches. Tout indique que l’abri était un site de bivouac pour de petits groupes de chasseurs, sur de courtes périodes.

Un site clé pour comprendre un changement culturel préhistorique

Sous cet abri sous roche de grès armoricain, les archéologues dirigés par Nicolas Naudinot ont trouvé des gravures sur plaques de schiste laissées sur place. Elles témoignent d’un changement culturel. Certaines gravures sont figuratives, à l’image des motifs peints sur les parois rocheuses des grottes de la période magdalénienne (17 à 12000 ans avant notre ère), comme Lascaux. Mais les ardoises gravées portent aussi des motifs abstraits, des figures géométriques typiques de l’art de la période suivante, l’Azilien (12000/9600 ans avant J.C.). Les archéologues ont aussi retrouvé des traces de colorants sur certaines des plaquettes de schiste.

Médiation du patrimoine et de l’archéologie par les outils numériques ou les animations

Ces plaques sont fragiles, tout comme le Rocher lui-même qui est grillagé et comblé en dehors de la fouille programmée de l’été, à l’occasion de laquelle on peut le visiter en compagnie de l’archéologue.  Pour valoriser les découvertes et les objets retrouvés, le Géopark d’Armorique et le musée du patrimoine de Plougastel-Daoulas ont donc eu recours à d’autres outils de médiation qui sont en cours de construction.

C’est le Centre européen de réalité virtuelle de l’École nationale d’ingénieurs de Brest (CERV-Enib) qui a été choisi pour réaliser les outils numériques de valorisation, en particulier pour la médiation, Marie-Morgane Abiven, historienne. Trois outils seront réalisés d’ici 2023 : modélisation 3 D de l’abri utilisable en casque de réalité virtuelle ou sur ordinateur avec des ressources documentaires intégrées et une application mobile de réalité augmentée qui permettra d’obtenir, sur le site, des informations supplémentaires par l’intermédiaire de son smartphone. Ce travail est financé par un programme européen.

L’immersion 3D sera confiée au musée de la fraise et du patrimoine de Plougastel-Daoulas qui gère déjà les visites estivales du Rocher de l’Impératrice. Le musée proposera également des fac-similés en résine de certaines plaques gravées retrouvées sur le site. Le musée proposera aussi des ateliers ou d’autres visites en lien avec le Rocher de l’impératrice et la préhistoire de l’Armorique.

Retrouvez les informations sur le Rocher de l’impératrice, sur le site internet du Géopark d’Armorique

Réécoutez le reportage sur les fouilles du Rocher de l’impératrice dans l’émission Ribines

ci-dessous : Quelques plaques gravées découvertes sous le Rocher de l’impératrice Fig 7. Fragment 317 with a bifacial ornamentation: side A) head of aurochs surrounded by radiating lines; side B) head of aurochs (photos Nicolas Naudinot; schéma Camille Bourdier). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0173037.g007