Crenoka nous fait douter de son humanité autant que de sa non-humanité, à travers cette mixtape earth capsules, qui enseigne les émotions humaines à un humanoïde extraterrestre

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To be, or not to be…

Derrière Crenoka, il y a Nastasia Paccagini, membre du trio Thé Vanille, Crenoka, c’est son avatar pour sa carrière solo. C’est un être humanoïde, qui vient du satellite EXKT9675, vers Saturne. Elle est venue sur Terre en étant attirée par les émotions dégagées par les êtres humains. Elle est donc en quête de la réponse à la question de l’humanité. Le personnage de Crenoka s’inspire de Nausicaä du film de Myazaki, et Chani du livre Dune. Et des références comme ça, elle en utilise plein d’autres dans sa musique. Par exemple sur le titre Anchor Riley, elle revendique des inspirations à la chanson Cendrillon du Ghetto, de Matt Houston, et au livre Do Androids de Philip K. Dick. Tout le long de l’album, on a l’impression qu’elle joue avec nous, sur l’ambiguïté de la nature de son personnage. On se demande si c’est un androïde ou un humain, peut-être les deux, ou aucun des deux. Par exemple avec les titres de ses morceaux, elle nous oriente vers quelque chose de très spatial, donc vers quelque chose d’extraterrestre. L’album s’ouvre sur le titre Humanoid Wants to See the Stars, donc un « Humanoïde qui veut voir les étoiles », et pas longtemps après, il y a Zombies from Jupiter, donc un zombie qui vient de Jupiter. Et avec la musicalité des morceaux elle fait pencher la balance un peu des deux côtés. Parfois, elle sort une sorte de pop ou de folk toute calme et légèrement acoustique qui nous ramènent vers le côté humain. Et parfois elle a des titres hyper électroniques, tapissés d’Auto-Tune, inspiré d’après elle de Madonna, et de son album American Life de 2003. Donc ces titres-là nous font plutôt pencher vers le côté robot.

Chambre d’ado, ne pas déranger

earth capsules est sorti, humblement si je puis dire, sous le format mixtape, mais en vrai ce disque a tout d’un album. Il est complet, cohérent, assez long, en tout cas, c’est ma définition personnelle. Elle a même sorti une édition limitée en format cassette pour les vieux de la vielle, ou les gens de Saturne qui n’ont pas la technologie CD. Anchor Riley, est un morceau assez vieux. Elle l’a enregistré dans sa chambre, vers 2018, et elle l’a sorti en exclu sur Radio Campus Tours en 2019, gros s/o à eux. Beaucoup des titres de l’album ont été faits dans sa chambre d’ailleurs, c’est de la vraie Bedroom Pop, artisanale, manufacturée. Ses clips aussi, ils sont très « bedroom », faits maisons et très simples. Souvent des plans fixes, ou des plans-séquences, pas beaucoup d’actions, et une qualité d’image digne de nos vieux caméscopes qui ont nos vielles vidéos de vacances. Vous pouvez mettre la qualité en HD sur YouTube l’image ne va pas changer d’un pouce. Comme je le disais, Crenoka nous fait passer par plusieurs ambiances, en fait chaque titre est une capsule terrestre, indépendante de toutes les autres, qui nous présente un sentiment différent. On passe par différentes émotions, différentes températures. On a même un mini passage avec du français sur le son Pale Sun, sinon ce n’est que de l’anglais. Et un finish tout en douceur à la fin de l’album sur le titre Don’t Make a Sound, bercé par un ukulélé.