Photo de couverture : photomontage de l’évolution d’un talus bocager reconstruit sur huit ans, par Nora Abot

Parmi ses nombreuses missions dans le bassin versant de l’Aulne, l’Epaga – Établissement public d’aménagement de l’Aulne et de l’Hyères – est chargé du programme Breizh bocage. Il s’agit de restaurer les talus et les haies autour des parcelles agricoles, un bocage dont les intérêts sont multiples.

Laura Jambou, vice-présidente et Nora Abot, technicienne Breizh bocage de l’Epaga

 

L’Epaga gère aussi bien la prévention des inondations que la qualité de l’eau des rivières du bassin versant (lutte contre les pollutions), la ressource en eau, la préservation de la biodiversité… et l’établissement assure la mise en œuvre du programme Breizh bocage sur le territoire. C’est un programme à la croisée de toutes les autres missions de l’Epaga mené dans les exploitations agricoles volontaires.

Ce programme régional existe depuis 2007, à l’initiative de l’État, l’Agence de l’Eau Loire – Bretagne, le Conseil régional de Bretagne et les quatre Conseils départementaux bretons.

Depuis les années 1950, deux millions de kilomètres de linéaire bocager ont disparu en France : des haies, avec ou sans talus selon les régions, qui entouraient les parcelles agricoles. La Bretagne était une grande région de bocage, jusqu’à ce que la révolution agricole entraîne le remembrement, couplé à la mécanisation (avec des tracteurs de plus en plus grands) qui a conduit à la disparition progressive des haies et talus. Aujourd’hui, il ne reste que 150 000 km de bocage breton.

Un bocage ralentisseur de crues et d’érosion

On s’est cependant rendu compte que le bocage rendait de multiples services et qu’il était important non seulement de maintenir l’existant mais de recréer celui qui avait disparu ; c’est l’objectif du programme Breizh bocage assuré sur le bassin versant de l’Aulne par l’Epaga.
Les talus ont un rôle de ralentisseurs des crues, en freinant le ruissellement (comme de petits barrages), et en limitant au passage l’érosion des sols : la terre transportée par l’écoulement des eaux s’arrête sur ces talus plutôt que de s’entasser au fond des vallées dans le lit des cours d’eau. L’eau de pluie est ainsi ralentie et a le temps de s’infiltrer dans les sols alentours.

Un bocage protecteurs du bétail et des cultures

Pour le bétail, les haies sont des brises-vent (elles jouent aussi ce rôle pour les plantes cultivées) et elles réduisent donc les besoins en énergie des animaux (donc améliorent le rendement). Il peut y avoir une différence 4 degrés entre le centre de la parcelle et les lisières. En été, ce sont des zones d’ombre pour les animaux et une protection qui limite aussi le dessèchement des cultures. Le bocage peut aussi jouer un rôle fourrager direct quand les vaches ou les chèvres s’alimentent dans les haies (en croquant de la Bourdaine par exemple) ou indirect, quand ce fourrage est récupéré par l’éleveur et redistribué aux animaux en hiver.

Des milieux riches en biodiversité

Une haie de bocage comprend des arbres et arbustes (noisetiers, frênes, bouleaux, charmes, saules, aulnes glutineux, aubépine, prunelier, selon le degré d’humidité des zones) mais aussi des plantes qui s’installent progressivement et enfin toute une faune – insectes, petits mammifères, oiseaux – qui peut jouer aussi un rôle de protection des cultures. Quoi qu’il en soit, les haies sont des milieux riches en biodiversité qu’il est important de protéger. Les haies et talus servent aussi de corridors écologiques pour le déplacement de nombreuses espèces.

Des haies ressources en bois

Enfin, l’entretien des talus, la coupe régulière des essences était autrefois une source très importante de production de bois, utilisé essentiellement pour le chauffage voire davantage selon l’âge des arbres installés. Sur fond de crise énergétique, il est pertinent de repenser les talus et leurs haies sous cet angle.

Il est aujourd’hui interdit de détruire des haies ou talus bocagers (sauf dérogation avec obligation de compenser en créant un autre linéaire bocager).

Le programme Breizh bocage apporte donc une aide financière et technique aux agriculteurs bretons qui en font la demande. Après la visite-conseil, une entreprise intervient pour le terrassement et la création du talus. Les plants sont fournis, charge à l’agriculteur de les mettre en place. L’Epaga aide ainsi à la création de 5 km de talus bocager par an (10 000 euros le kilomètre). L’Epaga assure aussi un suivi des linéaires plantés depuis 2013, une formation des agriculteurs ou agents de collectivité pour l’entretien du bocage.

Concours d’agroforesterie jusqu’au 1er juin 2022

L’intégration du bocage dans l’ensemble de l’économie d’une exploitation agricole est ce qu’on appelle de l’agroforesterie. Le concours général est lancé pour les agricultrices ou agriculteurs du bassin versant qui souhaitent y participer d’ici le 1er juin 2022. Contactez Nora Abot, chargée du programme Breizh Bocage à l’Epaga, tél. 02 98 16 14 12.