Qu’on les appelle « mauvaises herbes » en langage courant ou « plantes adventices » pour faire plus savant, ces plantes sont perçues comme indésirables par les humains. Pourtant, on pourrait les regarder autrement… du point de vue de la biodiversité par exemple. C’est ce que l’association Bretagne vivante nous invite à faire.

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Ecoutez l'interview de Luc Guihard, éducateur nature de Bretagne vivante

Depuis qu’ils cultivent la terre, les humains perçoivent les plantes qui poussent à côté de leurs semences comme des concurrentes de ces dernières, qui nuisaient aux rendements agricoles. Le terme officiel est plante adventice qui « vient avec », notamment avec les graines semées, parfois similaires aux leurs. Parmi les espèces « messicoles » qui aiment les moissons, il y avait le bleuet sauvage, mais qui a pratiquement disparu du fait de l’usage des produits phytocides.
C’est parfois un problème objectif, quand la plante est toxique comme le Datura dont les graines, mêlées au blé dans la farine peuvent avoir des effets hallucinogènes.

Les plantes exotiques à caractère envahissant

Mais le Datura est aussi ce qu’on appelle une plante invasive, ou plus exactement, une espèce exotique à caractère envahissant. Les plantes indigènes n’en font pas partie, même si elles prospèrent beaucoup. Les plantes exotiques se reproduisent par elles-mêmes et si elles sont trop proliférantes, elles deviennent un problème quand elles colonisent des milieux naturels au détriment des plantes locales, sans rendre les mêmes services à l’écosystème.
D’autres plantes exotiques sont plutôt sympathiques comme la vergerette mucronée qui décore agréablement nos pieds de murs ou le budleïa (arbre à papillons) qui se plait surtout dans les friches. Ceci dit, certaines plantes exotiques envahissantes s’auto-régulent à la longue et finissent par régresser et s’intégrer dans le milieu où elles se sont installées récemment. Ou bien elles se cantonnent à des milieux peu fragiles car déjà perturbés (comme la Renouée du Japon sur les bords de routes). Inutile en tout cas de chercher à éradiquer ces exotiques envahissantes, ce serait peine perdue ; au mieux peut-on les contrôler.

Changer notre regard sur les plantes sauvages

L’usage des produits phytosanitaires est désormais interdit pour les particuliers comme pour les collectivités. Dans nos cimetières très minéraux, les usagers ont encore du mal à accepter que poussent pissenlits ou graminées entre les tombes … pourtant, ce nettoyage radical des cimetières est récent. Avant les années 1980 le cimetière n’était désherbé que pour la Toussaint et le reste du temps la vie végétale spontanée y avait sa place. Des communes pionnières en France commencent cependant à s’inspirer des cimetières anglo-saxons et à les concevoir davantage comme des jardins où la végétation sauvage sera tolérée car mieux intégrée. Après tout, les plantes sauvages font aussi des fleurs, lesquelles sont parfois jolies …

Les plantes sauvages et spontanées nourrissent oiseaux et insectes pollinisateurs

Et ce serait oublier que ces plantes rendent des services à l’écosystème, donc au final aux humains. Les graines des pissenlits et autres mourons des champs ou capselles bourses à pasteur nourrissent les oiseaux de passage en cours de migration l’hiver. Et puis ce sont des supports importants pour les pollinisateurs ; or, abeilles domestiques ou solitaires, bourdons, syrphes et papillons sont aussi indispensables à la pollinisation de 80% plantes cultivées.

Un couvert végétal naturel de plantes sauvages préserve aussi les sols, l’eau qu’ils contiennent et régule les polluants. Au potager, vous pouvez pailler votre terre pour limiter leur pousse en attendant que vos semis aient grandi. Quand ces derniers sont assez hauts, inutile de vous embêter à enlever les adventices qui poussent en dessous… ça économisera votre énergie.