Le lin et le chanvre sont parmi les plus anciens matériaux utilisés pour fabriquer du papier. En Bretagne, une entreprise – Papier relié, au Moulin de Kéréon à Saint-Sauveur – continue à utiliser les deux plantes pour fabriquer un papier d’art, de création même, qui répond aux besoins contemporains : l’écriture, certes, mais bien d’autres usages comme la décoration, l’architecture…

Le site internet de Lin & chanvre en Bretagne

La page Facebook de Lin & chanvre en Bretagne

Le site internet de Papier relié à Saint-Sauveur

Dominique et Jean-Yves Doyard ont créé en 2005 Papier relié au Moulin de Kéréon à Saint-Sauveur, entreprise qui associe leurs savoir-faire : la reliure et la restauration de livres et papiers anciens pour l’une, la fabrication artisanale de papier pour l’autre. Et leurs seuls matériaux pour créer ce papier, ce sont le lin et le chanvre, qui proviennent de Normandie et de Sarthe. C’est le seul papetier d’art dans notre région (il sont une douzaine en France) et l’entreprise est membre du réseau Lin et chanvre en Bretagne.

Le papier, une technique de fabrication très simple mais longtemps gardée secrète

Cela fait des siècles (200 ans avant notre ère en Chine) qu’on utilise les fibres des deux plantes pour fabriquer du papier, justement parce que les fibres du lin et du chanvre s’entremêlent exactement comme il le faut pour constituer un papier solide, résistant à l’humidité et très durable. Aujourd’hui encore, ce papier est fabriqué selon une  technique simple et ancestrale pourtant longtemps gardée secrète, car le papier représentait un véritable marché à préserver ! Ainsi, c’est seulement au XIVe siècle qu’il s’est diffusé en France, remplaçant le parchemin en peau de mouton, et deux siècles plus tard en Bretagne ; et encore les moulins où on le fabriquait travaillaient-ils la nuit pour que l’activité reste discrète ! C’est la technique employée par les Arabes – qui utilisaient surtout du chanvre – qui est appliquée en Europe où l’on recherche très vite la productivité. Une technique extrêmement simple mais qui nécessite eau et énergie d’où l’intérêt des moulins : à partir de tissus récupérés, on « défait » les fibres de plus en plus finement, en les mettant en suspension dans l’eau et en battant vigoureusement cette « soupe », puis on récupère les fibres défaites et on les presse avant de faire sécher la feuille ainsi formée.

Les papiers d’autrefois étaient donc bien un recyclage puisque fabriqués à partir de tissus en fin de vie, récupérés ; c’était le cas pour le lin et le chanvre. En 1750, le coton devient la fibre privilégiée pour fabriquer du papier car il est bien moins cher (puisque obtenu par l’esclavage), très abondant et il est naturellement blanc … Le coton supplante brutalement le lin et le chanvre mais il présente des inconvénients car il est très sensible à l’humidité, aux variations de température et à la lumière, contrairement au lin et au chanvre !

Les machines pour fabriquer le papier d’art ont évolué…

D’où l’intérêt, encore aujourd’hui, de produire des papiers à base de lin et de chanvre comme au Moulin de Kéréon. Comme autrefois, le mélange eau/fibres est battu par une machine appelée « pile hollandaise » mais qui ne fonctionne plus par l’énergie hydraulique du moulin. Les machines modernes fonctionnent bien sûr à l’électricité et l’opération de « battage » ne demande plus 3 a 5 jours mais quelques heures. Jean-Yves Doyard ne sèche pas ses feuilles de papier suspendues à des fils mais il les étale sur des plaques. L’opération est plus longue (5 à 6 semaines) mais plus intéressante techniquement et les clients de Papier relié cherchent un papier hétérogène avec des « accidents » ce que favorise le séchage sur plaque.

… et les usages des papiers en lin ou en chanvre aussi

Certes, on peut utiliser le papier de Saint-Sauveur pour écrire, dessiner et imprimer mais ce n’est pas l’intérêt premier des papiers que fabrique Jean-Yves Doyard même s’il fabrique aussi des papiers pour la calligraphie. L’ambition du papetier d’art, c’est surtout de proposer un papier de création, conçu sur-mesure avec un client, une pièce unique pour d’autres types d’usage : architecture, décoration, fabrication de luminaires… Quant à Dominique Doyard, elle fait de la reliure et de la restauration de livres et papiers d’avant 1750, une époque où tous les papiers étaient en lin et en chanvre, ce qui leur a permis de bien traverser les siècles, il en reste donc beaucoup !

La société Papier relié est ouverte à la visite, pour les groupes toute l’année.
Tél. 02 98 78 92 96
papier@moulin-de-kereon.net