Charlotte Lossec se forme actuellement à l’apiculture pour en faire son activité principale à Porspoder ; Simon Le Corre s’occupe de 80 ruches à Briec et se professionnalise doucement. Tous deux partagent la même passion pour cet élevage en observant de près les abeilles, des insectes extrêmement sensibles à leur environnement.

Émission mensuelle réalisée en partenariat avec le Civam Finistère 

À Porspoder, Charlotte Lossec travaille avec une centaine de ruches ; Simon Le Corre, à Briec, en compte 80. Pour Charlotte, en reconversion professionnelle, se tourner vers l’élevage d’abeilles était une évidence, liée à un intérêt profond pour l’environnement et la pollinisation. Simon évoque plutôt un intérêt sensoriel pour ces insectes, olfactif notamment.

Il n’existe qu’une espèce d’abeilles mellifères stricto sensu : toutes les Apis Mellifera peuvent se reproduire entre elles. Mais la planète compte de très nombreuses espèces d’abeilles solitaires qui elles ne sont pas domestiquées. L’abeille de ruche peut être vue comme la simple partie d’un tout : l’essaim. Ce dernier peut en effet être considéré comme un individu, avec un comportement, presque une personnalité. La colonie répond à une logique de groupe : à chaque abeille son rôle pour servir l’ensemble du « super organisme » construit autour d’une reine.

Les abeilles récoltent et transforment

Le miel est extrait du nectar des fleurs, il nourrit les abeilles et leur tient chaud ; le pollen est aussi collecté sur les fleurs et nourrit les larves. La cire est sécrétée par les insectes eux-mêmes et sert à la construction de la ruche (les alvéoles où se logent les larves). La propolis est une résine collectée sur les arbres et les plantes et qui calfeutre les interstices de la ruche tout en servant de désinfectant (antifongique, antibactérien).

Au printemps, s’il y a assez de miel, on peut faire une première récolte au réveil de la ruche. Ensuite, les essaims se multiplient. L’apicultrice ou l’apiculteur peut alors créer de nouvelles ruches. Parfois, pour s’assurer de la spécialisation d’un miel, les colonies sont déplacées. Par exemple vers un champ de lavande dans le Sud où la transhumance est usuelle. L’abeille butine dans un rayon de 3 km autour de sa ruche ; pour s’assurer qu’un miel est monofloral, il faut cependant pratiquer des analyses. Simon et Charlotte ne cherchent pas spécialement ce type de miel mais plutôt le produit d’un « terroir ».

Vivre ou ne pas vivre de l’apiculture

En formation BPREA (Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole), Charlotte aspire à vivre des produits de la ruche : miel, propolis, pollen essentiellement, avec de la vente d’essaim voire de la transformation pour parvenir à un revenu suffisant. Il faut compter environ 200 ruches pour pouvoir être considéré comme professionnel.
Simon vise quant à lui les 150 ruches et avisera ensuite.
Beaucoup de personnes sont attirées par l’apiculture mais le commerce des produits de la ruche reste un marché de niche. C’est aussi un métier difficile au quotidien.

Il l’est d’autant plus que les abeilles sont des insectes, sensibles à de nombreux paramètres : le changement climatique (s’il fait trop sec, certaines fleurs ne produiront pas de nectar), les monocultures agricoles qui réduisent la diversité des ressources des abeilles, sans oublier les pesticides qui nuisent à tous les insectes, ou encore les frelons asiatiques (un peu surmédiatisés cependant).