Une nouvelle saison pour découvrir, avec l’association Flora Armorica quels étaient autrefois les usages des plantes sauvages en Bretagne. Après l’approche par les plantes, on découvre cette année l’approche par les usages : santé, alimentation, jeu…

Réécoutez les chroniques des saisons passées avec Flora Armorica

Le site internet de Flora Armorica

De la musique végétale

La « musique buissonnière » réalisée avec des plantes était courante autrefois : brins d’herbes, de chiendent, tiges de pissenlit, feuilles de houx, de lierre ou de nombril de Vénus produisaient des sons qui amusaient les enfants. Mais on pouvait aussi fabriquer des instruments plus (voire très) sophistiqués avec les bois de buis, sureau, châtaignier, saule…

Des fleurs pour la Fête-Dieu

Cette fête catholique est célébrée 60 jours après Pâques donc à une période où la floraison est à son comble dans notre région… c’est sans doute pour cette raison que les rues bretonnes se tapissaient de fleurs à l’occasion de la Fête-Dieu (ça se faisait aussi en Alsace). Beaucoup de personnes âgées ont encore le souvenir des cueillettes et des préparatifs des processions.

Soigner les maux de ventre (ou les éviter)

Cataplasmes d’avoine ou jus d’ortie, décoctions de cassis avec du lait, bouillon de rumex, fleur d’ajonc en infusion, glands rôtis pris en « café », liqueur de coing pour les douleurs de règles. Les remèdes pour faire passer les maux de ventre étaient légion. Le sureau noir macéré était un recours contre la diarrhée alors que l’ infusion de bleuet était réputée la provoquer.

Soigner toux et maux de gorges

Pour la toux, sapin, ache, plantain, légumes racines, bouillon blanc ou ronce…sans oublier le sac d’avoine chaud déposé sur la poitrine ou le cataplasme d’oignon revenu dans un peu d’huile,  les plantes étaient nombreuses dans la pharmacopée traditionnelle bretonne. Pour les maux de gorge aussi, la ronce était très utilisée mais aussi l’aulne, l’aubépine, le jus d’ortie ou les pousses d’églantier dans un grog au miel.

Jouer à la dînette avec les plantes

Beaucoup de feuilles figuraient les crêpes (nombril de Vénus) ou de faux steaks ou filets de poisson (fougères), bourgeons de ronce, mûres écrasées, jeunes feuilles de hêtres, fleur du chèvrefeuille ou de bourrache étaient dégustées par les enfants.

Nourrir les chevaux

Broyé dans un hache-landes ou tapé au marteau en bois, l’ajonc donnait vivacité et vigueur aux chevaux qui s’en nourrissaient. Cela pouvait aussi servir en litière. On  donnait aussi de l’avoine aux chevaux, mais seulement avant les efforts intenses car cela avait tendance à les énerver. On ne leur donnait pas de glands à cause des tanins. La betterave était aussi donnée aux chevaux mais plutôt découpée avec soin.

L’ajonc, la fougère, l’ortie avaient aussi des vertus vermifuges.

Des témoignages rapportent aussi des usages rituels avec l’églantier pour protéger le cheval et l’if en revanche à tenir loin de l’écurie.

Nourrir les lapins

Bien sûr on donnait des feuilles de choux aux lapins, y compris des trognons de chou fourrager, mais la base de l’alimentation des lapins c’est le foin, surtout pas de rumex ni de mouron rouge, toxique pour eux.

Plantes des talus et prairies étaient couramment données, notamment les pissenlits et leurs cousins : laiteron des champs, léontodon  … porcelle, plantain, trèfle, feuille d’orme composaient aussi le menu des lapins, tout comme les feuilles de houx, chardons et ronces, donnés en hiver notamment.

Faire disparaître les verrues

La chélidoine était la plante vedette des personnes dont Flora Armorica a récolté les témoignages sur les soins des verrues… son latex jaune, un brun corrosif, était appliqué matin et soir jusqu’à disparition de la verrue. On utilisait aussi une gousse d’ail frottée contre la verrue ou encore la cuscute dont on frottait les fils sur la verrue. Le lait du pissenlit est également cité.

On croque un bout de pomme, on le frotte sur la verrue, on jette le reste de la pomme par dessus son épaule et quand la pomme est pourrie, les verrues sont censées être parties ; on jette des pois dans une fontaine au soleil levant, on compte les grains de blé – autant que de verrues de la main – et on les place dans le crottin de cheval frais… quand ça germe, les verrues disparaissent !

Les soins aux dents et aux oreilles

Flora Armorica a recensé des témoignages variés sur les plantes qui soignaient les maux de dents : achillée millefeuille, grande mauve en cataplasme, orties pilées mêlées de gros sel, racine sèche d’asperge, rameau d’ajonc ou de bourdaine ou encore euphorbe rampante à mâchonner…

La joubarbe des toits dont le jus soignait revient souvent dans les citations de soins aux oreilles…mais parfois aussi le jus du nombril de vénus ; un témoignage unique mentionne la sève de frêne comme remède aux otites.

 

Les pansements

Flora Armorica a collecté de nombreux exemples de pansements et cataplasmes avec des plantes sauvages : les pétales de lys blanc pour les coupures ou les jeunes tiges de genêt, le plantain pour les piqûres, les pelures d’oignons tièdes sur les panaris, le nombril de Vénus sur les furoncles… la ronce cuite servait pour soigner les pieds des vaches et l’herbe à robert pour les panaris.