Quelques membres du réseau Civam du Finistère peuvent déjà accueillir temporairement des femmes victimes de violences en milieu rural. Pourtant, l’association souhaite aller plus loin sur cette question et renforcer le maillage entre les différentes structures du territoire.

Émission mensuelle réalisée en partenariat avec le Civam Finistère 

Le Civam du Finistère a organisé le 11 octobre 2022 une journée d’échanges sur le thème « Violences envers les femmes en milieu rural : s’unir pour agir » à la Friche de Kervelly à Commana où se conjuguent agriculture, salle de spectacle et amphithéâtre extérieur pour l’accueil de concerts et de pièces de théâtre, associée à un espace bar et restauration, atelier d’arts plastiques mais aussi habitat pour de l’hébergement de loisirs ou social.

La journée de réflexion rassemblait aussi bien les associations qui viennent en aide aux femmes victimes de violences (hébergement d’urgence) comme La lanterne ou l’abri côtier que des structures comme  le Planning familial le Centre d’information aux droits des femmes, sans oublier les services de l’État. La conseillère départementale Maud Le Goff et une référente Vif (violences intrafamiliales) de la gendarmerie (une personne formée en particulier dans chaque brigade) étaient présentes.

Un situation spécifique des femmes victimes de violences en milieu rural

Le Civam propose un accueil temporaire aux femmes victimes de violences depuis 2017, appuyé sur le numéro de téléphone 115 ; malgré tout, les femmes en situation d’urgences qui vivent en milieu urbain et à qui on propose un hébergement temporaire en milieu rural se montrent réticentes : comment scolariser les enfants ? Trouvera-t-on des services et commerces ? Faut-il travailler à la ferme ? (ce préjugé est encore tenace !) Comment se déplacer ?
Le Civam s’est donc interrogé sur la situation des femmes vivant en milieu rural : subissent-elles elles aussi des violences ? N’ont-elles pas aussi des besoins d’accueil dans leur « milieu » ?
Les associations de lutte contre les violences faites aux femmes dans le département constatent bien que le milieu rural n’épargne pas les femmes. Et même, bien au contraire…

Bien que seulement un tiers de la population française vive en milieu rural, un féminicide sur deux a lieu à la campagne. On peut donc supposer que les signalements de faits de violence – et a fortiori les prises en charge – sont moindres en milieu rural qu’en milieu urbain. Plusieurs facteurs peuvent jouer : isolement géographique qui renforce l’emprise du conjoint et la mise à l’écart, le manque de mobilités… Un rapport du Sénat en 2021 parle des violences en ruralité comme une double peine : une faible présence des services publics et une absence d’anonymat (« tout le monde se connaît dans les petites communes) qui renforce aussi le contrôle des agresseurs.

Rappeler les dispositifs existants et tenter de nouvelles expériences

Bien souvent, la gendarmerie est le seul recours envisagé parce que les situations sont dénoncées plus tardivement mais aussi par méconnaissance des autres dispositifs : le 115 pour les urgences sociales et le 3919 pour les violences intrafamiliales.

Le Civam souhaite étendre son accueil temporaire mais aussi renforcer le maillage entre les associations et structures qui sont concernées par les violences faites aux femmes. Dans le Tarn, une initiative portée par Paroles de femmes permet de former tout citoyen, commerçant pour pouvoir venir en aide aux femmes victimes de violences et les orienter vers les bons interlocuteurs. Un service itinérant du CIDFF pourrait également être intéressant.

D’autres journées de rencontres sur ce sujet et un annuaire des structures verront le jour prochainement en Finistère.

Cette émission a été réalisée avec l’aide de Sandrine Gaspard, animatrice de l’émission S’en sortir de Radio U, à écouter ici.