Klervi Kerneïs est chercheuse associée égalité femmes-hommes à l’Institut Jacques Delors ; elle a travaillé sur les questions sociales et de l’emploi dans l’Union européenne et elle répond à Breizh Europe Finistère à ce propos.

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Réécoutez l'interview de Klervi Kerneïs par Maël Cordeau

L’institut Jacques-Delors est un institut de recherche spécialisé dans les questions européennes et destiné à faire avancer l’UE. Les chercheurs comme Klervi Kerneïs veillent, étudient, analysent et préconisent en matière de politique européenne. Leur travail s’adresse aussi bien au grand public qu’aux décideuses et décideurs.

Une Europe qui marcherait sur ses deux jambes : économique et sociale

Jacques Delors a été le premier homme politique européen à inscrire les questions sociales à l’agenda communautaire, pour équilibrer la politique européenne très orientée vers l’économie, les échanges commerciaux en particulier.  Son action a permis de faire avancer la réglementation européenne en matière de congé parental, d’âge minimum pour travailler (15 ans), de travail à temps partiel, de reconnaissance mutuelle des diplômes entre États, de garantie européenne pour la jeunesse, etc. Il s’agit de mesures législatives qui sont complétées par des prêts et programmes financiers (Fonds social européen par exemple ou Erasmus pour aider à la mobilité étudiante). Néanmoins, au début des années 2000, la politique néo-libérale a de nouveau laissé de côté la question sociale pour privilégier l’économie uniquement et les mesures d’austérité (la Grèce a dû baisser son salaire minimum de 20%).
Les questions sociales reviennent progressivement avec un coup d’accélérateur pendant la crise sanitaire, comme l’atteste le programme Sure destiné à soutenir les systèmes de chômage partiel (100 milliards d’euros).

Compétence sociale de l’UE

Les disparités sociales restent grandes au sein de l’UE ; le chômage des jeunes est de 14 % environ en moyenne européenne mais de 5,7 % en Allemagne, plus de 32 % en Espagne. Certaines disparités semblent extrêmes, comme le salaire minimum mais il faut nuancer cela en fonction des niveaux de vie qui ont tendance à se rapprocher.
L’UE a des compétences limitées mais elle dispose de plusieurs outils pour intervenir dans le champ social : fixer des seuils minimum par directive, proposer des financements ciblés, encourager le dialogue social ou bien appliquer la méthode ouverte de coordination. Il s’agit de définir des objectifs communs, d’échanger des bonnes pratiques, d’évaluer les performances de politiques nationales sur des sujets sociaux comme la réduction du nombre de sans-abris ou la lutte contre la pauvreté au travail.

Le Parlement européen a voté récemment une directive européenne en faveur d’un salaire minimum. Il ne s’agit pas d’un Smic européen puisque certains pays n’ont pas de salaire minimum. La directive améliore le caractère adéquat des salaires minimum quand ils existent (en fonction du niveau de vie de chaque pays) et elle promeut les négociations collectives (qui amélioreront à terme les salaires). C’est un début ,mais ça ne suffira pas à résoudre la question de la pauvreté au travail. D’autres mesures devront intervenir.